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Emprunt obligataire d’État : Benkhalfa persiste et signe

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C’est un ministre des Finances toujours aussi rassurant qui est intervenu hier lors de l’émission l’invité de la rédaction de la chaîne 3. Répondant aux questions critiques auxquelles fait face l’économie nationale, depuis la chute drastique des prix du pétrole, le ministre s’est montré plutôt confiant. En gros, pour le premier argentier du pays, l’Algérie «n’est pas dans le rouge». Ainsi, le ministre des Finances n’a pas manqué de défendre le recours à l’endettement annoncé récemment par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. D’emblée, le premier argentier du pays dira que « la situation est difficile. Mais elle n’est guère dangereuse». Le ministre qui reconnait que les ressources ont reculé de plus de 45%, a, néanmoins, affirmé que l’état a plusieurs alternatives pour sortir de la crise. C’est pourquoi il va s’étaler davantage sur l’emprunt obligataire d’état qui a fait couler beaucoup d’encre, ces derniers temps. Dans ce sillage, le ministre a confirmé que l’état va, bel et bien s’endetter. Mais pas auprès de pays étrangers ou d’institutions financières internationales. L’endettement sera interne, selon notre ministre, qui a expliqué que durant l’année 2016, les fonds qui vont être tirés, par exemple, de la seule fiscalité ordinaire (3 200 milliards de dinars escomptés) vont être doublés, comparativement à ceux tirés jusqu’alors de la fiscalité pétrolière (1 600 milliards de dinars). Toujours aussi optimiste, le ministre a indiqué qu’en dépit du déficit budgétaire du pays et de la chute de 30 milliards de dollars des recettes d’exportation, l’Algérie n’a pas de dettes vis-à-vis des marchés financiers étrangers et elle dispose d’une épargne nationale conséquente sur laquelle, «elle peut compter pour maintenir son rythme de croissance».
Par ailleurs, estimant que la « dette n’est pas un risque, mais plutôt l’usage qui en est un », le premier argentier du pays a assuré qu’ « une dette bien utilisée est un levier de croissance ». En sus, Benkhalfa a assuré que l’emprunt obligataire d’état sera sollicité pour la réalisation de projets économiques rentables. «L’état ne demandera pas un prêt pour construire des hôpitaux ou des écoles. L’argent sera destiné aux investissements économiques», rassure-t-il. Parmi les projets qui seront financés par l’argent de l’emprunt obligataire, il a cité le grand port du centre qui va être construit à Cherchell et d’autres projets qui seront lancés par des entreprises économiques. «Nous sommes, depuis l’année dernière, dans la recherche de financements et de ressources alternatifs. Nous avons maintenant une politique à trois voies. Nous optimisons la fiscalité. Nous optimisons les ressources disponibles dans le pays et nous optimisons aussi l’endettement qu’il s’agisse de l’endettement interne ou externe», a-t-il précisé, insistant sur l’endettement qui «n’est pas un risque». Abderrahmane Benkhalfa précise que «c’est l’usage de la dette qui est un risque». Et là-dessus, il se montre rassurant. «S’endetter pour tirer la croissance vers le haut et faire gagner au pays de l’argent, ce n’est pas une maladie. Dans un autre sillage, il a souligné qu’aucune somme limite ne sera fixée pour cet emprunt obligataire étatique, en soutenant que l’investissement économique représente une priorité pour le gouvernement et que « l’acte d’investir devra être plus facile que l’acte d’importer ». L’emprunt obligataire n’est pas le seul moyen à adopter face aux effets de la baisse des recettes pétrolières, a-t-il dit.

140 milliards de dinars tirés des paiements par chèque
Chiffres à l’appui, Benkhalfa a tenté de mettre en exergue les atouts et les cartes qui peuvent nous faire sortir de la crise. Ainsi, il dira que durant les quatre derniers mois de l’année dernière, les banques ont récolté environ 140 milliards de dinars tirés des paiements par chèque pour les achats de véhicules et l’acquisition de biens immobiliers, mais également par la mise en conformité fiscale volontaire ciblant les opérateurs de l’informel. Affirmant que le Fonds de régulation des recettes (FRR) est un fonds de « stabilisation », le ministre a assuré que le recours à celui-ci s’inscrit dans la volonté de maintenir la croissance économique. D’autre part, le ministre des Finances annonce de nouvelles dispositions concernant «les bureaux de change». Il indique que la Banque d’Algérie est en train de travailler afin d’instaurer de «nouvelles règles» dans le secteur. Mais il ne dira pas plus. Par contre, il estime que la valeur du dinar ne pourra être «renforcée» que par «une économie forte». Ce qui passe par la décision définitive de «tourner le dos au pétrole». Également, il a avancé qu’une autre mesure serait prise à partir de la semaine prochaine, en vertu de laquelle les commerçants ayant des dettes fiscales seront exonérés des pénalités mais à condition de payer leur dû. Concernant les banques, le ministre a insisté sur une réforme rapide afin de leur permettre de contribuer efficacement à la dynamisation de l’économie. Dans ce sens, il a précisé qu’un montant de 7.000 milliards de dinars représente, aujourd’hui, le stock bancaire en Algérie qu’il faudra fructifier: « Il ne faut plus laisser dormir l’argent ou aller vers les trois valeurs refuges que sont l’or, l’immobilier et la devise ».
Lamia Boufassa

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