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Djelfa : Zineb Cherchari ou le doigté d’une artisane dévouée

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Originaire de Djelfa, Zineb Cherchari est habitée par un amour infini pour le tissage du poil de chameau, un métier qu’elle porte à bras le corps depuis sa plus tendre enfance.

L’artisane de la commune de Dar Chioukh, à l’est de Djelfa, exerce son métier avec une joie de vivre intense en dépit de son âge avancé. Elle n’a d’égale que sa fierté de se considérer comme la détentrice d’un lègue ancestral qu’elle dit ne pas être prête à abandonner aux méandres de l’oubli.
A 67 ans encore, cette grande dame au port altier affiche un amour indéfectible pour ce noble métier, qui lui permet de transformer la laine et le poil de chameau en œuvres d’art. « Cela me permet d’immortaliser un patrimoine matériel ancestral d’une région où le génie de l’homme se conjugue à celui de la femme, dans la création d’œuvres artisanales de toute beauté », confie-t-elle à l’APS avec un sourire immuable sur le visage. Convaincue de la beauté et de l’utilité de son œuvre, Ma Zineb dit, dans un accent local, son amour simple, mais vrai pour cet artisanat du terroir Djelfi, soulignant avec une modestie non feinte sa contribution, en tant que femme, dans la préservation de ce legs qu’elle considère comme son « identité propre », mais surtout comme étant l’identité de toute une société. « Une société sans legs et sans passé est une société sans âme », soutient-elle, affirmant avoir été toujours élevée dans le sentiment profond du respect du legs des ancêtres et de sa préservation. Mme Cherchari déplore toutefois la « légèreté d’esprit » de la génération actuelle « attirée plus par la facilité et manifestant un dédain envers les choses du passé ». Et c’est avec une fierté non dissimulée qu’elle a relaté son parcours avec la chambre d’artisanat et des métiers (CAM) de Djelfa qu’elle accompagne, depuis sept ans, a-t-elle dit, à travers sa participation à de multiples manifestations qu’elle « rehausse » de sa présence altière et de ses œuvres artistiques sans égal, notamment des kachabia et burnous en poil de chameau. Parallèlement, l’artisane assure une formation, en la matière, à des femmes détenues de la wilaya ainsi qu’à de nombreuses autres femmes intéressées par cet artisanat ancestral. Plus encore, elle a marqué de sa présence d’autres manifestations artisanales, régionales et nationales où elle fut honorée et distinguée à maintes reprises, pour l’ensemble de son œuvre.

« Un modèle de détermination et d’enthousiasme »
Pour le directeur de la CAM de Djelfa, Benderadj Mohamed, l’artisane Cherchari est un « modèle de détermination et d’enthousiasme ». Il a souligné, en marge d’un salon local dédié à la femme artisane, sa présence constante et remarquée à des manifestations artisanales, outre son activité débordante dans le tissage de la kachabia et burnous en poil de chameau qu’elle tente d’élargir à d’autres domaines, à l’instar du tissage du Fellidj (étoffe de tentes). M. Benderadj a également relevé l’importante contribution de cette dame dans le domaine de la formation, particulièrement dans le cadre de la mise en œuvre de la convention liant le secteur avec le ministère de la Justice, portant sur la formation de femmes détenues.

Une joie de vivre en dépit des vicissitudes
Mère de huit enfants, dont un été fauché par l’hydre terroriste durant la décennie noire, Mme Cherchari continue, en dépit de sa précarité au plan social, d’afficher un sourire à toute épreuve, bannissant le mot « plainte » de son vocabulaire. L’artisane, qui a bénéficié d’un crédit Angem de 100.000 DA et d’un local commercial pour monter son activité de tissage en poil de chameau, croit dur comme fer en sa bonne étoile, en semant la bonne parole et l’espoir autour d’elle.

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