À l’exemple de ses prédécesseurs responsables politiques d’ex-systèmes coloniaux, à travers le monde, notamment en Afrique, le Roi du Maroc se rend dans les territoires du Sahara occidental, encore sous l’occupation marocaine, pensant, ainsi, pouvoir faire valoir le droit de la force et de la Realpolitik, sur celui de la Légalité internationale et des enseignements de l’Histoire de la colonisation.
Le déplacement de Mohammed VI dans les territoires sahraouis occupés intervient, faut-il le noter, à la veille de deux évènements majeurs et significatifs, pour le peuple sahraoui et son représentant, légitime et unique, le Front Polisario, et aussi pour l’Institution des Nations unies, dont son Secrétaire général s’apprête à s’y rendre, lequel territoire est catalogué en question de décolonisation, depuis 1966, sur le registre onusien. Si la visite programmée de Ban Ki-moon au Sahara occidental raisonne, dans les couloirs feutrés du Palais royal, comme un rappel à ses locataires et, en premier, leur chef de file, le roi, Mohammed VI, de la nature fondamentale du conflit qui l’oppose au Front Polisario, à savoir une colonisation du Sahara occidental, suite à l’invasion, en 1975, de son père Hassen II et de son armée des territoires sahraouis. La visite de Mohammed VI des territoires sahraouis occupés intervient à la vieille d’une date marquant le 40e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), le 27 février 1976, date hautement symbolique pour les Sahraouis outre qu’elle incarne un des rendez-vous phares du long combat du peuple sahraoui pour son indépendance, contre le colonisateur d’abord espagnol puis marocain, dès son invasion militaire, en 1975, des territoires du Sahara occidental. Laquelle date historique du combat du peuple sahraoui, sous la direction du Front Polisario, sera célébrée par les Sahraouis. Ceux des camps des réfugiés ou bien des territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, et aussi dans les territoires libérés du Sahara occidental et enfin ceux de la diaspora sahraouie à travers le monde. Ce qui sera, encore une fois, un rappel à l’ordre, aux autorités coloniales marocaines et leurs soutiens, principalement l’ex-puissance coloniale en Afrique, la France, réaffirmant leur attachement à leur droit indéniable au référendum d’autodétermination pour décider librement de leur destin. Pour le président de la RASD, secrétaire général (SG) du Front Polisario, la visite en question du roi Mohammed VI «est une manœuvre coloniale provocatrice dépassée», a indiqué Mohamed Abdelaziz, soulignant plus loin «les projets fantômes du roi Mohammed VI ne peuvent pas dissimuler la réalité de son occupation illégale et ses violations des droits de l’Homme», ainsi que, a-t-il poursuivi, «le pillage systématique des ressources naturelles du peuple sahraoui» Acculant le roi du Maroc, en lui rappelant que «le Sahara occidental n’est pas un territoire marocain» et que «son destin ne peut être décidé par la force militaire de l’occupation, quelle que soit sa puissance», a déclaré le président sahraoui, samedi dernier. Réaffirmant à cette occasion que «le sort» du Sahara occidental «revient au peuple sahraoui», étant, a-t-il poursuivi, «le seul propriétaire légitime habilité à décider de l’avenir de ce territoire», il a réaffirmé que ce droit légitime «est inaliénable, imprescriptible, et ne peut pas être abandonné», a déclaré le premier responsable du Front Polisario. En rappelant plus loin que «le peuple sahraoui va poursuivre sa lutte par tous les moyens légitimes pour arracher ce droit», il soulignera en ce sens, «quel que soit le prix», a-t-il précisé, ne manquant pas de rappeler, par ailleurs, «la responsabilité de la communauté internationale», notamment, a souligné le responsable sahraoui «dans la décolonisation du Sahara occidental», a-t-il précisé, avant de lancer à l’adresse des autorités coloniales marocaines, que «malgré la répression, l’état du siège militaire, l’intransigeance, l’obstruction et les complots menés par l’occupant marocain», le peuple sahraoui, a-t-il ajouté «poursuivra sa lutte et sa résistance jusqu’à la victoire et l’indépendance», a affirmé le SG du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz. Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a dans son dernier rapport sur la paix et la sécurité en Afrique, à l’occasion de son Sommet à Addis Abeba, appelé à trouver une solution urgente et juste» au conflit du Sahara occidental «conformément aux buts et principes de la charte des Nations unies, et dans le plein respect de la légitimité internationale». Le CPS a appelé également, dans le même document, a communauté internationale à «assumer sa pleine responsabilité envers ce conflit qui a duré plus de quatre décennies», réitérant son appel à la «nécessité de fixer une date pour un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui». La présidente de l’US-Western Sahara Foundation, Suzzane Scholte, avait indiqué, pour sa part, mercredi dernier, à Washington, sur la responsabilité du Roi dans le blocage du processus des Nations unies pour l’autodétermination du Sahara occidental, que «pendant qu’il est important de continuer à exercer une pression sur l’ONU», a-telle indiqué, «nous devons également attirer l’attention sur le roi du Maroc pour le tenir responsable du blocage de la résolution pacifique de la question du Sahara occidental», et ce, a-t-elle précisé, «conformément au droit international», a affirmé Mme Scholte dans un entretien accordé à l’APS.
Karima Bennour