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La contagion dans la contestation : jusqu’où iront ces controverses ?

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Par Mâalem Abdelyakine

On aura tout vu, des citoyens qui revendiquent l’impossible et un pouvoir qui excelle dans des promesses non tenues et une fuite en avant. La dernière sortie des policiers des brigades des Unités de sûreté républicaines (USR) a laissé pantois plus d’un. Rien que pour l’Habitat, par exemple, le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, a promis de réaliser 1,6 million de logements, durant le prochain quinquennat, alors que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a promis, lui aussi, d’éradiquer l’habitat précaire en 2018. D’autant plus que l’argent continue de couler à flots, que les promesses sont gratuites, et qu’il n’y a aucune règle obligeant un haut responsable à rendre des comptes à la fin de son mandat. C’est dans cette surenchère, dans les promesses, qui est naturellement accompagnée d’une surenchère sur la demande, et sur la manière de demander, voire d’exiger, d’où ces déferlants mouvements de protestation des citoyens qui, pour une raison ou une autre, aussi futile soit-elle, bloquent la route ou ferment une APC, ou une daïra. Les Algériens semblent persuadés que tout peut être obtenu, et ils ont, aussi, élevé leur niveau de revendication vers des sommets, y compris de l’irrationnel, comme lorsque des parents ont défendu leurs enfants qui avaient triché dans des examens. Plus près de nous, il est de plus en plus fréquent que des habitants «coupent la route» pour exiger que soient installés des ralentisseurs, ces fameux dos d’âne qui empoisonnent la circulation et la vie des automobilistes. Il y a un mois, la presse faisait état d’actes encore plus graves. Pour appuyer des revendications liées à leur situation sociale, des citoyens avaient procédé à la fermeture des vannes d’un barrage, privant d’eau la région de Béjaïa pendant trois jours. Comment ont-ils pu accéder au site du barrage, surveillé normalement par des gardes armés? Comment les représentants de l’État ont-ils admis qu’une telle situation perdure, pendant trois jours? Auparavant, dans la ville de Tébessa, des contrebandiers convaincus de leur impunité, avaient attaqué une unité de la Gendarmerie et une autre de la Douane pour récupérer des véhicules saisis. On pourrait dire, sans risque,, de nous tromper que ces comportements se sont banalisés, au sein de la société algérienne, qui n’obéit plus aux garde-fous qui existaient auparavant, et que personne n’osait transgresser parce qu’à cette époque l’autorité de l’État avait un sens. Aujourd’hui, force est d’admettre, aussi, que le pouvoir n’accueille plus les revendications des citoyens, selon des normes admises, du moment que ces réclamations ne sont pas analysées pour savoir si elles sont conformes à ses options politiques et aux intérêts du pays, si elles sont légitimes, et si l’État dispose des moyens financiers pour les satisfaire. Alors, cette contagion dans la protestation s’explique par cette manie qu’a le pouvoir de donner à celui qui crie le plus fort, et à promettre l’impossible, ce qui fait que, trop souvent, certaines situations se retournent contre lui. Reste que dans la logique actuelle des citoyens que tout peut être obtenu par la contestation. Alors, on se demande jusqu’ou iront ces controverses, et quelles formes prendront-elles face à un pouvoir qui veut «acheter» la paix sociale, quel que soit son coût, du moment que l’argent existe. Et si, demain, le nerf de la guerre venait à manquer…
M. A.

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