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La face méconnue du colonialisme

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La France coloniale n’a pas fait que massacrer les populations durant ses 132 ans d’occupation de l’Algérie. Une colonisation de peuplement par l’expulsion des populations. Le mode opératoire a fait des dégâts qui touchent d’autres aspects méconnus dans notre imaginaire collectif. En effet, en parlant du contexte, le débat sur la mémoire nationale est focalisé depuis quelques mois sur les dégâts coloniaux occasionnés à l’environnement. Des crimes qui ont été inspirés de la politique de la terre brûlée. Ainsi, lorsque l’armée française n’a pas trouvé le moyen d’éliminer physiquement les habitants dans une zone donnée, elle les contraints à quitter leurs foyers en rendant invivable l’environnement immédiat. Il y a aussi les essais nucléaires français dans le sud algérien qui ont occasionné des dégâts incommensurables sur l’environnement et l’écosystème. Des crimes sur lesquels la France d’aujourd’hui ne s’est pas manifesté, malgré les sollicitations de l’Algérie à propos du nettoyage des sites des déchets radioactifs. Pas que ! La colonisation a aussi spolié les populations de leurs terres. L’expropriation est un dégât d’ordre environnemental qui exige, par exemple, des réparations. En mars dernier, le site français « Reporterre » – qui se présente comme média indépendant- a fait état de plus de 1,2 million d’hectares de terres algériennes transférés aux Européens entre 1830 et 1917. Soit l’équivalent de 1 000 fois la superficie de Paris et trois fois celle de la Belgique. À partir de 1830, la colonisation a détruit le socle de la société algérienne, d’essence paysanne, et qui reposait sur l’agriculture comme source principale de richesse. Les colons ont introduit d’autres cultures et, par conséquent, détruit le couvert végétal et bouleversé l’équilibre de l’écosystème. Aujourd’hui, le défi étant de faire remonter à la surface tous les méfaits causés par la colonisation à l’environnement. A présent, les choses commencent à bouger. L’accès aux archives françaises reste verrouillé. Mais l’Algérie compte sur ses propres moyens pour documenter cette facette de colonisation. L’Etat vient de franchir un pas dans cette direction en procédant, hier même, à l’installation d’une commission nationale à laquelle on a confié la tâche de documenter les crimes environnementaux de la colonisation française en Algérie. Cette commission multisectorielle aura aussi à documenter les conséquences de ces crimes dans les zones affectées par la politique de la terre brûlée et les activités destructrices de la nature. Cette commission était l’aboutissement de quelque chose. Notamment le couronnement de l’initiative « Mémoire environnementale coloniale » qui a fait l’objet d’un colloque, récemment organisé à Alger, sur cet aspect de la colonisation.

Farid Guellil

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