Une nouvelle pièce est versée au dossier des atrocités commises par l’armée coloniale française durant la Guerre d’Algérie. Dans notre édition du 6 février dernier, nous avions traité du centre d’essais français à « B2 Namous » de ces armes prohibées (armes chimiques et bactériologiques). Il s’agit de l’utilisation de ces armes abominables par les « soldats de la civilisation française » contre les Algériens ; qu’ils aient été combattants ou simples civils. Le recours à cette monstruosité avait lieu notamment dans les grottes et autres espaces clos. Ces types d’armes formellement prohibées par le protocole de Genève de 1925 auquel la France a adhéré mais n’hésita pas à l’enfreindre dans le secret le plus total. Une correspondante de presse, Claire Billet, vient de réaliser un film documentaire sur ces armes de l’horreur, intitulé : « Algérie section armes spéciales » (entendez par « armes spéciales » les armes chimiques et bactériologiques). Le film a été diffusé hier par la RTS2 (Radiotélévision Suisse). Il retrace durant 52mn, avec des preuves et les témoignages de survivants, comment l’armée de la France des « lumières », de la « civilisation », des « droits de l’Homme », a utilisé ces armes spéciales à outrance contre les Algériens durant la Guerre d’Algérie. Dans le synopsis on peut lire que « la réalisatrice, Claire Billet, détaille le contexte et l’ampleur de cette guerre chimique (durant la guerre d’Algérie). Elle révèle comment les responsables (français) de l’époque ont ordonné, testé puis utilisé à grande échelle des gaz toxiques pour éliminer les Algériens cachés dans les grottes ». Le sujet du film a surpris tout le monde. Le quotidien français « L’Humanité » qui considère ce « dossier explosif », écrit : « On connaissait les enfumades pendant la conquête coloniale et l’usage du napalm. Il a fallu attendre soixante-cinq ans pour que soit révélé l’usage de gaz toxiques pendant la guerre d’Indépendance ». Un autre média titrait en Une : « Quand l’armée française « pacifiait » au napalm ». Le synopsis du film ajoute : « Avec la torture et le déplacement des populations, la guerre chimique est le dernier élément d’une série de brèches dans les engagements internationaux de la France que celle-ci a bafoués pour mener sa guerre coloniale ». La France continue de cacher la « barbarie sous le tapis ». L’historien Christophe Lafaye, qui a participé à l’enquête, affirme que « Nos demandes de tournage à ce sujet au Service (français) historique de la défense ont été refusées ». Il a fallu dix années d’enquête pour que le film puisse être réalisé et diffusé.
Pour le quotidien français Le Monde : ce « dossier fait partie des secrets encore bien gardés de la guerre d’Algérie. De 1956 à 1961, l’armée française a utilisé à grande échelle des gaz toxiques contre des Algériens qui trouvaient refuge dans des grottes ». Elle est belle la France « civilisée » ! Ceux qui ont raté hier le film sur RTS2, pourront suivre sa diffusion dimanche prochain 16 mars à 23.00 h. sur France 5.
Zouhir Mebarki