L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, est l’une de ces voix de sagesse qui prend toute la mesure de la grave crise entre l’Algérie et la France avant de s’avancer sur une question intéressant les deux pays. À bien l’écouter s’exprimer, dimanche soir, sur le plateau de BFMTV, à propos de l’Algérie, on s’aperçoit que cet ancien ministre des Affaires étrangères aux 40 ans d’expérience diplomatique est doué de bon sens. Ses réponses aux questions-pièges du journaliste de la chaîne de Vincent Bolloré ont déconstruit le narratif de la propagande anti-algérienne. De Villepin n’a pas, comme d’habitude, hésité à affronter dans les yeux la meute de chiens dressés contre l’Algérie. Face au récit en vogue dans les milieux politiques et médiatiques de l’extrême droite, de Villepin défend avec pugnacité son opinion et sa vision d’une Algérie qu’il faut traiter avec respect et diplomatie. Cette position s’inscrit en faux contre l’attitude belliqueuse du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui revient, à travers l’affaire de « l’attentat terroriste » de Mulhouse, pour déverser sur nous son flot d’injures et de provocations. C’est ainsi que le membre du Gouvernement réclame un bras de fer avec l’Algérie. Mais, il se trouve que cette approche est vouée à l’échec, selon l’ancien diplomate. Face au journaliste qui tente de lui forcer la main sur la dernière attaque au couteau ou encore sur l’affaire Sansal pour le ramener, à dessein, sur le terrain de l’extrême droite, de Villepin est campé sur ses positions. Mieux, il a administré à Retailleau une véritable leçon de diplomatie en qualifiant ses gesticulations « d’amateurisme ». Qu’en est-il de la proposition d’un bras de fer avec l’Algérie ? L’invité de BFMTV estime, sur un ton ironique renvoyant au langage de Retailleau ou encore de Xavier Driencourt, que « ce n’est pas en jouant le bras de fer, ni sur la scène publique et au 20 heures de TF1, que la France pourra obtenir des avancées avec l’Algérie. » Par ailleurs, pour clouer le bec au ministre de l’Intérieur, de Villepin lui a fait savoir qu’il n’est pas dans son rôle de régler le problème avec l’Algérie, pour une mission dévolue au président de la République ou au ministre des affaires étrangères. À propos de l’affaire de la détention, en Algérie, de l’écrivain naturalisé français, Boualem Sansal, là encore l’ancien chef du gouvernement appelle au respect de la souveraineté algérienne. Autrement dit, Sansal qui avait qualifié, dans ses diatribes, le pays qui l’ait vu naître, formé et employé dans la haute administration de l’État « d’un truc qui n’a pas d’histoire » en remettant en question jusqu’à ses frontières, est entre les mains d’une justice et des lois algériennes. Voilà qui a le mérite de remettre Retailleau à sa place !
Farid Guellil