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L’Afrique réclame justice

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L e 38e sommet de l’Union africaine qui s’est ouvert hier à Addis-Abeba a posé sur la table un dossier d’une importance capitale. La question met en lumière le lourd contentieux mémoriel entre l’Afrique et les anciennes forces coloniales. C’est un sacré morceau. « La justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par les réparations. » Ce thème à l’ordre du jour est déjà accroché sur le fronton de l’organisation panafricaine depuis son précédent sommet. Ce dossier sera examiné en profondeur sous trois facettes, à savoir la colonisation, l’apartheid et le génocide. Suite logique, cet examen donnera lieu à des résolutions à travers lesquelles toutes les anciennes puissances coloniales en Afrique seront mises devant leur responsabilité historique. Autrement dit, l’heure de la réparation des dégâts moraux et matériels incommensurables aura sonné, pour résumer un tantinet ce à quoi seront confrontés les ex-colonisateurs. Le sujet de la mémoire africaine intervient dans un contexte de la montée du sentiment contre toute présence, soit-elle infime, des forces étrangères qui, sous couvert de la lutte contre le terrorisme et l’insécurité, tentent de reprendre le contrôle sur des États souverains et des pays ayant recouvert totalement leurs indépendances. Et s’il y a un exemple qui peut illustrer les préjudices moraux et les dégâts autant inqualifiables qu’in-quantifiables infligés aux peuples africains, les spécialistes de l’histoire nous renvoient à la colonisation française en Algérie et le régime d’Apartheid en Afrique du Sud. Crimes contre l’humanité, génocides, esclavagisme … ce que les anciens colonisateurs ont infligé aux « indigènes » revient, aujourd’hui, au cœur des travaux du sommet de l’UA. La question est d’autant plus centrale, car l’Afrique dessine son avenir et projette un plan de développement humain et socio-économique affranchi de toute dépendance vis-à-vis du reste du monde et, encore plus vis-à-vis des anciennes –ou nouvelles d’ailleurs- puissances impérialistes. C’est sans compter le pillage des ressources naturelles et les dégâts occasionnés à l’environnement humain et naturel comme, par exemple, les essais nucléaires opérés par la France coloniale dans le Sud algérien. Aussi bien pour le travail mémoriel en présence que pour l’histoire, on ne peut pas, en effet, ne pas évoquer le rôle de premier plan joué par l’Algérie et l’Afrique du Sud dans le processus de décolonisation en Afrique. Tout comme le processus de parachèvement de la décolonisation. L’une s’est libérée du joug colonial après 132 ans tandis que l’autre a mis fin à plus de 40 ans d’apartheid. Aujourd’hui, l’Afrique réclame des réparations à ce lourd contentieux colonial.
Farid Guellil

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