Le chef de la diplomatie nationale, Ahmed Attaf, s’est rendu, hier, à Damas, porteur d’un message du président Abdelmadjid Tebboune remis au président syrien de la transition Ahmed Al-Charaâ. Cette visite rompt ainsi avec l’attitude « wait and see » d’Alger vis-à-vis de la crise syrienne, notamment après la chute du régime d’al-Assad. Autant dire qu’avec le recul sur les événements qui ont accéléré le changement de régime en Syrie, notre diplomatie juge maintenant opportun de passer à l’offensive après une période d’expectative nécessaire pour voir plus clair. Cette attitude première n’a pas pour autant empêché Alger de multiplier les contacts avec d’autres capitales autour de cette crise. Y compris celle de préparer, si besoin, le terrain à une médiation dans le cadre d’une solution parrainée par les Nations unies. Rien n’empêcherait l’Algérie de jouer ce rôle que peut lui conférer son statut de membre non-permanent du Conseil de sécurité.
Au sujet de la position vis-à-vis du nouvel homme fort de Damas, les déclarations de Attaf, tenues à l’occasion de la présentation du bilan de l’action diplomatique nationale à la fin 2024, à Alger, résonnent toujours dans les oreilles. « L’Algérie soutient les États et non pas les gouvernements », avait-il affirmé. Et s’il faut remettre à jour cette position qui ne change pas au gré du vent, autant s’en rapporter à un principe fondateur de notre politique étrangère.
À savoir, le respect de la volonté du peuple, seule source de pouvoir et seul dépositaire de la légitimité de ses dirigeants. En d’autres termes, ce principe sous-tend le rejet de toute ingérence étrangère. Mais, en parlant d’ingérence, et bien que le tournant soit décisif, le départ d’al-Assad et l’arrivée d’Al-Charaâ pour gérer la transition ne peuvent pas faire oublier au peuple syrien le supplice qu’il avait vécu après le chaos orchestré contre l’état syrien en 2011. Cette séquence douloureuse de l’histoire devrait servir de leçon pour construire la Syrie de demain.
L’espoir est-il permis ? Quelque 125.000 réfugiés sont retournés chez-eux, selon les derniers chiffres communiqués par le HCR. Certes, ils sont loin des 6 millions en exil qui avaient fui les violences armées. Mais, c’est un bon signe qui traduit l’attachement des Syriens à leur mère-patrie. On sait aussi que le président de transition s’est déplacé, dimanche dernier, en Arabie saoudite, qu’il a choisie comme sa première destination à l’étranger. Auparavant, un bal diplomatique occidental, arabe et turc a été observé au palais de Damas. Face à ces mouvements diplomatiques, Alger reste accrochée au fil des événements.
Farid Guellil