Accueil ACTUALITÉ Répression féroce des étudiants en sit-in pacifique au Maroc : Condamnations des...

Répression féroce des étudiants en sit-in pacifique au Maroc : Condamnations des «violations à la liberté d’expression et aux principes de dignité»

0

Les étudiants de Casablanca s’apprêtent à mener un sit-in devant la Faculté de médecine et de pharmacie, en réaction à l’intervention des forces de l’ordre ayant dispersé manu militari le sit-in des étudiants en médecine à Rabat, mercredi soir.
Cette action vise à protester contre la violence exercée sur leurs camarades et à dénoncer la lenteur avec laquelle leurs revendications sont traitées. Les étudiants en médecine de Casablanca ont annoncé l’organisation d’un sit-in d’avertissement accompagné d’une nuit de veille devant leur faculté, jeudi à partir de 18h jusqu’à hier matin à 7h, pour dénoncer la répression et la lenteur persistante des autorités face à leurs revendications. Les étudiants de Casablanca ont expliqué que leur décision de mener ce sit-in est une réponse à « l’intervention répressive et violente dont ont été victimes nos camarades et frères de la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, ainsi que leurs parents, marquée par des coups, des insultes et des violences qui ont conduit certains à l’hôpital et d’autres à être arrêtés, dans une atmosphère de terreur et d’injustice. » Selon les étudiants, ce sit-in nocturne d’avertissement est aussi une réaction face à la lenteur continue dans la gestion du dossier des étudiants en médecine au Maroc, qui dure depuis plus de neuf mois. Les familles des étudiants protestataires expriment également leurs craintes de voir se répéter le scénario de la nuit dernière avec les étudiants de Casablanca, dans le but de les empêcher de mener leur sit-in nocturne.

La répression violente «porte un coup dur aux principes de liberté d’expression et de la dignité » affirment des organisations
et militants au Maroc

La décision de mener un sit-in ne se limite pas aux étudiants de Casablanca. Les étudiants en médecine de Marrakech avait annoncé, l’organisation hier, d’un sit-in à la Faculté de médecine et de pharmacie de la ville, parallèlement à la manifestation tenue la veille, jeudi à l’hôpital universitaire. L’intervention musclée pour disperser le sit-in des étudiants en médecine devant la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, dans la soirée de mercredi dernier, a suscité une large indignation parmi de nombreuses organisations et militants. Ils ont exprimé leur rejet du recours à la violence contre des étudiants protestant pacifiquement pour défendre la qualité de leur formation. Les réseaux sociaux ont été inondés d’images et de vidéos de cette intervention violente, qui a causé des blessures et des arrestations, accompagnées de commentaires dénonçant la manière dont les autorités ont traité des étudiants réclamant, de manière pacifique depuis près d’un an, des revendications justes. Cet usage de la force ne fera qu’aggraver la situation, au lieu de trouver des solutions pour rétablir la stabilité dans les facultés de médecine et de pharmacie. Le Comité national des médecins internes et résidents a exprimé son « profond mécontentement face à ce qu’il qualifie d’atteinte flagrante au droit d’expression pacifique des étudiants en médecine » à Rabat, suite au démantèlement brutal et inhumain de leur sit-in pacifique, ce qui a causé des blessures parmi les étudiants manifestants. Dans un communiqué, le Comité des médecins internes et résidents a affirmé que cette attaque flagrante contre les droits des étudiants illustre non seulement une détérioration grave de la liberté d’expression pacifique, mais contribue aussi à exacerber la tension dans les secteurs de la santé et de l’éducation au Maroc. « Ce comportement dépasse toutes les limites acceptables et porte un coup dur aux principes de liberté et de dignité garantis par la Constitution et les lois internationales. Nous exprimons notre solidarité totale et inconditionnelle avec nos camarades étudiants en médecine, et appelons les autorités à assumer leurs responsabilités légales et morales pour protéger les droits des étudiants et tenir pour responsables tous ceux impliqués dans cette agression », a ajouté le communiqué.

Appels à «la libération immédiate et sans conditions des étudiants arrêtés arbitrairement »
De son côté, le Comité national des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes affilié à l’Union marocaine du travail a fermement dénoncé, dans un communiqué, le recours à une approche sécuritaire plutôt qu’à de « véritables négociations pour résoudre ce dossier qui traîne depuis plusieurs mois ». Il a également demandé la libération immédiate de tous les étudiants arrêtés suite à la dispersion de leur sit-in nocturne. Dans ce même contexte, l’Espace étudiant du Parti progrès et socialisme a déclaré que ce qui est arrivé aux étudiants en médecine représente une évolution inattendue et inacceptable, reflétant la persistance de l’approche sécuritaire dans la gestion des crises sociales et économiques auxquelles le pays est confronté, une situation qui va à l’encontre des fondements constitutionnels, notamment en matière de liberté d’expression et de manifestation pacifique, et représente un dangereux glissement. Les étudiants du Parti progrès et socialisme ont estimé que cette intervention sans précédent et injustifiée des forces de l’ordre constitue une poursuite de la lutte des futurs médecins, qui dure depuis près d’un an, en raison de l’inertie dans la gestion de leurs revendications par les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé.
R. I.

Article précédentL’Algérie impose un visa aux ressortissants marocains
Article suivantDes manifestants prennent à partie le président Macron au Canada : «Honte à vous, vous tuez des bébés en Palestine »