Accueil LA CHRONIQUE DU JEUDI UN REPORTER DANS LA FOULE : « Dis-moi ce que tu manges… ! »

UN REPORTER DANS LA FOULE : « Dis-moi ce que tu manges… ! »

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Tout est fait pour « caser » les intoxications alimentaires avec les risques saisonniers de l’été. Ce qui est absurde même si la prévalence des cas augmente avec la chaleur conjuguée à un manque de respect de la Chaîne du froid. Mardi dernier, a eu lieu une journée de sensibilisation sur les intoxications alimentaires. Les travaux ont été présidés par le ministre de la Santé, Abdelhak Saïhi. Dans son discours, le ministre a, selon l’APS, appelé « à l’impératif de prendre les mesures nécessaires en coordination avec les différents acteurs, en renforçant le contrôle et en sensibilisant le citoyen aux risques liés à ce phénomène ». Il a également « fait état de 1 600 cas d’intoxications enregistrés depuis le 1er juin dernier…dont 2 décès ». C’est-à-dire en 2 mois. Nous avons également appris qu’il existait au ministère de la Santé une « commission sectorielle de la sécurité sanitaire des aliments ». Visiblement c’est cette structure qui a organisé la « journée » en question. En plein mois d’août pour appeler (qui ?) « à prendre les mesures » si ce n’est le ministère de la Santé en collaboration avec le ministère du Commerce. À quels autres « différents acteurs » a pensé le ministre ? La Protection civile ? Son rôle est d’agir en aval ! On a forcé le trait délibérément pour mieux faire ressortir l’insignifiance du dispositif mis en place pour un phénomène aussi grave que les intoxications alimentaires. Lorsque le ministre appelle « à renforcer le contrôle », il s’adresse à qui ? Lorsqu’il appelle à « sensibiliser le citoyen aux risques liés à ce phénomène », il ne précise pas qui doit se charger de cette sensibilisation. Sur le site du ministère du Commerce nous avons bien trouvé une page consacrée à « la sécurité sanitaire des aliments ». Elle manque d’arguments scientifiques et méthodologiques. Ceci dit, que ce soit pour le contrôle des opérateurs (industriels et commerçants) ou pour la sensibilisation des consommateurs que nous sommes, c’est le flou « artistique ». Les associations des consommateurs « brillent » par leur absence sur la scène publique. Aucune n’est dotée d’un média digne de ce nom que pourrait reprendre les organes de presse pour une large diffusion des conséquences des intoxications alimentaires. Et Dieu sait qu’elles existent. En tout temps. Pas seulement en été. Pour preuve, qui se souvient de la pâtisserie de Mila qui a fait 240 victimes d’intoxication alimentaire ? C’était en mai 2021. Ou encore des 195 citoyens intoxiqués après avoir consommé du petit-lait (Leben) à Blida. C’était en juillet 2021. Ou encore, toujours en juillet 2021, dans la commune Ibn Ziad (Nord-Ouest de Constantine) les 40 victimes d’un fast-food. Quant aux 1 600 cas cités par le ministre, on n’en sait pas plus. Rien non plus sur les deux décès. Le plus grave dans cette histoire est cette absence de réactions des associations de consommateurs devant le nombre de cas en si peu de temps (2 mois). D’autre part et si les intoxications causées par les commerces de détails sont connues, on ne sait pas quelle structure est habilitée à contrôler l’industrie agro-alimentaire ? Mais pas que, car l’industrie des cosmétiques, par exemple, doit également prendre toutes les précautions pour éviter les risques de dermatoses. Qui pour la contrôler ? C’est un vaste chantier que la sécurité sanitaire des aliments. Tant au niveau du contrôle que de la prévention. Et même de la sensibilisation des consommateurs. Il faut commencer par « secouer » les associations. En les contraignant de se doter des moyens d’analyses et de communication sous peine de suspension de la subvention de l’État. Un contrat de performance pourrait les pousser au respect de leurs engagements. Ensuite et pour les autres structures de contrôle, faire en sorte de les intégrer dans une réelle coordination pour leur éviter d’agir de manière désordonnée. Il faut savoir que notre santé dépend de notre assiette. Pas seulement des intoxications mais aussi et surtout des maladies autrement plus graves qui s’installent à bas-bruit !
Zouhir Mebarki
zoume600@gmail.com

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