Le parlement français ne vote pas uniquement les lois. Les résolutions aussi sont de ses prérogatives. Jeudi dernier, l’assemblée nationale française a approuvé une proposition de résolution qui « condamne la répression sanglante et meurtrière des Algériens commise sous l’autorité du préfet de police Maurice Papon le 17 octobre 1961 ». Ce qui constitue un pas vers la vérité historique. Le texte se poursuit et « souhaite…l’inscription d’une Journée de commémoration (de ce) massacre (à) l’agenda des Journées nationales et cérémonies officielles ».
De l’avis des députés ayant participé à la préparation de la résolution et notamment la députée écologiste Sabrina Sebaïhi, à l’origine du texte, ce fut « une bataille de plusieurs mois et finalement on s’est mis d’accord ». Un « travail de réécriture à la virgule près ». La résolution a été « ciselée mot par mot » a renchérit un autre député. Ceci pour le côté laborieux du texte marqué par les obstacles que dressent encore, 62 ans après, des parlementaires français, notamment de l’extrême droite, qui n’ont toujours pas digéré l’Indépendance de notre pays. Notons que les résultats du vote s’élèvent à 67 députés « pour » et 11 « contre » parmi les députés du « rassemblement national » parti d’extrême droite.
Ce petit pas vers la vérité historique a malgré tout de la valeur. En ce qu’il confirme la présence dans la représentation nationale française d’une part des parlementaires d’origine algérienne qui forment autant de ponts entre les deux rives. D’autre part, il atteste que la position des français qui ont voté, le 8 janvier 1961 dans l’hexagone, à 75% pour l’autodétermination en Algérie, s’exprime toujours. Même si cette partie de la population est moins audible que celle des extrémistes, il n’empêche qu’elle est toujours là. Les 77 députés de jeudi dernier le confirment. D’ailleurs cette dualité était très visible à l’époque des massacres du 17 octobre 1961. Le préfet de police, Maurice Papon, qui a donné l’ordre aux policiers de massacrer des manifestants pacifiques n’est pas seul à endosser la responsabilité. Sa hiérarchie, en la personne du ministre de l’intérieur, Roger Frey et du premier ministre Michel Debré partisan notoire de « l’Algérie française », bénéficie d’une « immunité » pour le moins bizarre. Ils n’apparaissent dans aucun des textes (médiatiques ou politiques) sur les massacres du 17 octobre. L’autre particularité se trouve dans l’ordre donné par le Chef de l’État français, Charles de Gaulle, d’ouvrir une enquête sur ces massacres qui est resté lettre morte. Comme après les massacres du 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata où le général De Gaulle à la tête du gouvernement provisoire français, avait envoyé à Alger le général Tubert pour enquêter et qui est rentré bredouille à Paris. Ceci dit, tout pas franchi vers la vérité historique sur la période coloniale, 1830-1962, est bienvenu. Dans l’intérêt des deux peuples !
Zouhir Mebarki