Le Chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez qui est pourtant issu des rangs du parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), connu pour ses positions avant-gardistes et son soutien à la cause juste du peuple sahraoui, a commis l’irréparable en apportant son soutien aux thèses marocaines pour le règlement du dossier du Sahara occidental.
C’est une façon de ramer à contre-courant que vient d’adopter le chef de l’exécutif espagnol qui a paradé jeudi, à l’occasion de sa visite au Maroc et qui n’a pas manqué de se soumettre à la pratique du baisemain lors de sa rencontre avec le roi du Maroc. La volte-face de Pedro Sanchez est considérée, par plusieurs partis et personnalités politiques espagnols comme une entorse à une position adoptée depuis 1973, bien avant le retrait de l’Espagne des territoires du Sahara occidental et du Rio de Oro, et qui faisait de ce pays, la force garante du droit des sahraouis à l’autodétermination. Les différents parlements, depuis le retrait de l’Espagne du Sahara occidental, et les différents gouvernements ont tous défendu le droit des Sahraouis à l’autodétermination. Jeudi dernier, le Parlement espagnol a voté, une proposition réaffirmant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination conformément aux résolutions des Nations unies, dénonçant le changement de position « unilatéral et illégal » du Premier ministre Pedro Sanchez sur le Sahara occidental. C’est un désaveu de son initiative, venu de sa famille politique qui détient la majorité dans le parlement espagnol grace à une alliance du PSOE avec PODEMOS, le nouveau parti des radicaux de gauche. Il faut rappeler dans ce cadre que l’alliance qui a permis l’arrivée de Pedro Sanchez à la tête du gouvernement pourrait voler en éclats puisque même dans les rangs du parti socialiste ouvrier espagnol, on critique ouvertement son initiative. Les partis « Podemos », « La Gauche républicaine de Catalogne » ainsi qu’EH Bildu (Réunir le Pays basque) ont soumis une proposition devant la Chambre des représentants dans laquelle ils dénoncent la « position unilatérale » de Sanchez soutenant le plan marocain de la soi-disant « autonomie » au Sahara occidental et appellent à la corriger, tout en mettant l’accent sur les résolutions des Nations unies en faveur de l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Les députés espagnols ont approuvé cette proposition non-législative soumise par trois blocs parlementaires et qui dénonce sans ambages la position unilatérale et illégale de Sanchez concernant le conflit au Sahara occidental. Une résolution qui appelle à une « correction » de cette position et à appuyer les résolutions des Nations unies devant permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. Au cours d’intenses débats sur le Sahara occidental, les groupes parlementaires ont vivement dénoncé la position défendue par le Premier ministre, Pedro Sanchez, la qualifiant de « trahison » du peuple sahraoui, et exigé qu’il transmette un message « clair » au roi du Maroc que « le seul cadre que l’Espagne puisse défendre est celui de la légalité internationale soutenant le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ». C’est dire que le désaveu apporté à l’initiative de Pedro Sanchez de soutenir la position marocaine dans le dossier du Sahara occidental, la position de l’Espagne dans le conflit en Ukraine et ses retombées économiques sur l’Europe et la crise énergétique qui pointe aux portes de l’Europe, pourraient faire voler en éclats l’alliance de gauche au pouvoir et provoquer la chute du gouvernement et l’organisation de législatives anticipées. Pedro Sanchez a-t-il mesuré les conséquences de son cavalier seul ?
Slimane B.