Le territoire du Sahara occidental occupé est devenu une plaque tournante pour le trafic de Cannabis en provenance du Maroc, et d’où transite l’essentiel de la production de cette drogue vers les pays du Sahel, souligne Raouf Farah, analyste principal chez Global initiative, à Londres. » La culture intensive du Cannabis dans les montagnes du Rif fait du Maroc l’un des plus grands exportateurs de drogue (au monde) et bien que le produit de qualité supérieure soit principalement destiné à l’Europe, la majorité du haschich de qualité inférieure traverse le sud du Maroc et le Sahara occidental pour alimenter les marchés de la Mauritanie et le Nord du Mali » , a indiqué Raouf Farah au site d’investigation Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP). Si le trafic de haschich était monopolisé auparavant par quelques communautés dans le Nord du Mali ayant des liens avec des trafiquants marocains et mauritaniens, » Aujourd’hui, un nombre croissant de trafiquants au Sahel ont cherché de nouveaux partenariats avec des réseaux marocains détenant des sociétés commerciales qui exportent des produits agroalimentaires du Maroc vers l’Afrique de l’Ouest », explique l’analyste en évoquant les nouvelles routes du Cannabis marocain. Raouf Farah affirme que » le Front Polisario n’est pas impliqué dans le trafic de drogue ». En février dernier, le représentant du Front Polisario à l’ONU, Sidi Mohamed Omar, a appelé le Conseil de sécurité à tenir le Maroc pour responsable de son rôle dans le trafic de drogue et la traite d’êtres humains au Sahara occidental occupé, et a averti que la paix et la sécurité « sont de plus en plus menacées » dans la région en raison de ces pratiques. Dans une missive adressée à la représentante permanente du Royaume-Uni à l’ONU, l’ambassadrice Barbara Woodward, alors présidente en exercice du Conseil de sécurité, Sidi Omar a relevé que » la paix et la sécurité dans la région sont de plus en plus menacées par le lien entre le crime organisé, le trafic de drogue et le terrorisme où les groupes terroristes transnationaux prospèrent grâce au cannabis produit par le Maroc et à d’autres drogues comme source majeure de financement de leurs opérations terroristes dans la région sahélienne du Sahara et au-delà ». En août 2020, un rapport final signé par le coordonnateur du Groupe d’experts sur le Mali, Albert Barume, a conclu que » l’implication de groupes armés dans la criminalité organisée continue d’évoluer principalement autour du convoyage de haschisch marocain, ce qui entraîne des affrontements meurtriers au Mali ». Selon le document, « le flux de stupéfiants le plus régulier et le plus stable à travers le Mali reste celui de la résine de cannabis, ou haschich, en provenance du Maroc, qui transite par la Mauritanie et le Mali, puis par le Niger jusqu’en Libye ». Mais il est question également, d’après le rapport, « de transport de cocaïne par les convois acheminant du haschisch, étant donné que les routes d’approvisionnement de ces deux stupéfiants convergent au Mali et prennent la même direction ».
M. B.
ATTITUDE DE RABAT CONCERNANT L’HÔSPITALISATION DU PRÉSIDENT GHALI EN ESPAGNE
Le Front Polisario dénonce le recours systématique du Maroc au chantage à l’égard de ses partenaires
Le représentant du Front Polisaro, chargé de l’Europe et de l’Union européenne (UE), Oubi Bouchraya El-Bachir, a affirmé que le Maroc utilise le « même modus operandi pour soutirer certains avantages auprès de ses partenaires en exerçant un chantage sur eux », en réaction à l’attitude de Rabat concernant l’hospitalisation du président sahraoui Brahim Ghali en Espagne. Dans un entretien à l’agence de presse russe Sputnik, Oubi Bouchraya Bachir pointe « des arguments farfelus qui relèvent du même modus operandi utilisé par le Maroc pour soutirer certains avantages auprès de ses partenaires en exerçant un chantage sur eux », réagissant à un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères concernant l’hospitalisation du président Ghali. À cet effet, il a tenu à préciser que « ce n’est pas la première fois qu’un responsable sahraoui de haut niveau est hospitalisé en Espagne ». Il a souligné que le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, « a été également reçu par beaucoup de chefs d’Etat aux quatre coins du monde », rappelant dans ce sens que le Maroc a ratifié l’Acte constitutif de l’Union africaine (UA), donc le Royaume « reconnaît la RASD comme un État africain indépendant. Il reconnaît également son Président et les frontières de son territoire ». Et de s’interroger « Pourquoi Rabat n’a-t-il pas protesté de la même façon quand M’hamed Khadad, éminent responsable du Front Polisario et son représentant au sein de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso), a été hospitalisé à Madrid où il est décédé en avril 2020? Même topo pour Ahmed Boukhari, ex-représentant de la RASD à l’ONU, décédé en avril 2018 à Bilbao en Espagne? « . Concernant l’admission, le 21 avril courant, de Brahim Ghali dans un hôpital de Logrono, près de Saragosse Oubi Bouchraya El Bachir a précisé » que « l’Espagne l’a reçu à titre humanitaire comme elle avait reçu les autres responsables du Front Polisario ». Il a fait observer que « c’est vraiment faire preuve d’indécence que de profiter de ça pour faire chanter l’Espagne sur les dossiers économique, commercial et migratoire », en référence aux agissements de Rabat. Le responsable sahraoui a en outre réaffirmé que le président Ghali « est en bon état de santé, il va de mieux en mieux ». La présidence de la République sahraouie avait déjà indiqué que l’état de santé du président Ghali « n’est pas préoccupant » et qu’il se rétablit après avoir été infecté par le coronavirus (Covid-19).
M. B.