«La transparence doit s’imposer de la base jusqu’au sommet du pays », notamment dans la gestion des affaires publiques, où « il faut que les gens apprennent à rendre des comptes », a estimé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors d’une entrevue accordée à des responsables de médias nationaux diffusée ce dimanche soir sur la Télévision publique.
«La transparence doit s’imposer de la base jusqu’au sommet du pays, y compris la Présidence. Personnellement, ça ne me gène pas si demain l’Inspection générale des finances viendrait inspecter et faire un audit à la Présidence. C’est normal », a-t-il déclaré. « Il s’agit de l’argent public. Nous vivons dans une République et non un royaume. Tout un chacun doit rendre des comptes au sein de cette République dans le respect de la loi. Biensûr avec une méthode et le respect nécessaire à chaque institution, mais il faut que les gens apprennent à rendre des comptes », a-t-il poursuivi. Évoquant le phénomène de la corruption, le chef de l’État a souligné que « des associations avaient obtenu d’énormes sommes d’argent », mais il a précisé en même temps que « la pandémie de la corruption n’a pas infecté tout le monde » et qu’il y a des associations qui se sont acquittées de leur rôle et qui ont même comblé certaines défaillances de gestion de l’État ». Passant au purgatoire l’ancien système a encouragé le « mode » hors-la-loi, Tebboune prend l’engagement d’assainir la vie politique nationale : « La loi sur les associations est pourtant claire. Il faut des commissaires aux comptes pour des contrôles annuels de ces associations.
Il faut qu’ils remettent des bilans et se justifier avec des factures, et aussi s’expliquer sur la manière dont ils ont dépensé cet argent. Mais, nous avons vu que même des sociétés qui jouent avec des milliards n’ont pas subi des contrôles de leurs comptes ». « La corruption s’est propagée et répandue à tel point que même le citoyen dans la commune la plus éloignée est soumis au diktat des demandeurs de pot-de-vin », s’est alarmé Tebboune, mettant en garde contre : « la porte de la repentance des pratiques de corruption est ouverte, et celui qui refusera, la loi sera rigoureusement appliquée à son égard ».
Le Président s’est attaqué ensuite à l’argent sale et son intrusion dans les affaires politiques.
Évoquant « les catastrophes » auxquelles on a assisté récemment lors des procès en justice de plusieurs hommes d’affaires proches de l’ancien président Bouteflika, le chef de l’État a affirmé qu’il est déterminé à aller à la moralisation de la vie politique et instaurer la légalité entre tous les citoyens algériens. « L’État algérien sera, après le référendum sur la révision constitutionnelle prévu le 1er novembre 2020, davantage moralisé et véritablement au service du citoyen et non pas au service d’un groupe de personnes qui exerce sur lui une autorité paternaliste », a-t-il ajouté, assurant que « le peuple décidera seul de son destin ».
Le locataire d’El Mouradia a fait part, au cours de cette entrevue, de son « souhait » de voir les citoyens « plébisciter le projet de révision constitutionnelle, pour qu’on puisse passer directement à la révision de la loi portant régime électoral, laquelle sera soumise au parlement pour donner naissance, si possible, à de nouvelles institutions élues avant la fin de l’année ». Évoquant les changements les plus importants que consacrera la nouvelle Constitution, Tebboune a affirmé que la représentation sera « réelle à travers cette Constitution qui offrira de larges prérogatives aux élus ».
Enfin, le Président a annoncé des élections législatives anticipées qui se tiendront juste après le référendum sur la Constitution. Sur l’identité et la culture amazighe, le président de la République a réaffirmé que « la question de l’identité dans la Constitution n’est pas à discuter, car elle est déjà tranchée lors de la Charte de 1976 ». Commentant le débat que livrent actuellement certains acteurs politiques sur cette question, le chef de l’État a laissé savoir que ces derniers ne cherchent que des dividendes politiques : « la polémique sur l’identité n’obéit qu’à la logique de fauteurs de controverse pour se faire mieux remarquer ».
Hamid Mecheri