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L’eau, les barrages et la météo qui font défaut

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Par Ali El Hadj Tahar

Les beaux nuages gorgés d’eau, de neige et de grêle nous manquent tant. Les générations d’aujourd’hui ne connaissent ni cache-nez ni tricots à col roulé, ni bottes ou manteaux, et les plus vieux les ont depuis des décennies remisés au fond des armoires. On sait que le changement climatique fait fondre des neiges au Pôle nord et cela fend le cœur. Autrefois, chez nous, le paysan avait l’habitude de dire qu’ « avril tire l’épi du fond du puits », et espérons que ce sera le cas car la plus grande entreprise de météorologie dans le monde, AccuWeather, ne donne pas beaucoup de pluie durant le mois en cours dans notre pays.
AccuWeather, qui analyse et prévoit le temps depuis plus de 55 ans, est consultée par près de 2 milliards de personnes. Ses prévisions pour l’Algérie s’étalent souvent sur 30 jours et les dernières sont surtout ensoleillées. Si des gens continuent à dire que la dernière « Salat el istisqa» n’a rien donné car le bon Dieu regarderait les cœurs, qui selon eux, seraient noirs, les météorologues ne voient que des évaporations, des vents, des pressions et des températures qui déterminent ce que certains appellent beau temps ou mauvais temps. Les premières images de neige de l’année 2020 nous viennent de Kabylie, et ce n’est pas parce que les cœurs y seraient plus blancs, mais tout simplement parque le gros nuage de passage sur le pays y a rencontré une zone froide (0° et -16°C) comme c’est le cas sur les hauteurs en hiver. La deuxième condition pour que l’eau d’évaporation se transforme en neige est la présence de particules dans les nuages (poussières, sables, cendre…). Le froid, l’humidité et les poussières permettent aux nuages de devenir neige par processus naturel de condensation.
Puis le beau gros nuage a continué sa route vers l’est du pays, laissant derrière lui un ciel bleu que beaucoup hésitent à qualifier de beau quand le soleil s’impose longuement en hiver. Lorsque le citadin ne craint que le manque d’eau dans le robinet, le paysan craint la sécheresse, le «djafaf», un mot tout aussi sec et dur, synonyme de mauvaise récolte ou pas de récolte du tout, de soif pour les hommes et les bêtes, de pénuries… Et par ces temps difficiles, on souhaite vivement des pluies et des neiges dans nos montagnes et nos plaines et même sur nos Hauts-Plateaux et notre Sahara.
Le mois passé, le ministre des Ressources en eau, Arezki Berraki, a écarté tout risque de stress hydrique et toute éventuelle augmentation de la tarification de l’eau. On ne sait pour quelle ville ou région s’adressaient ces paroles rassurantes, puisque certaines sont bien moins loties que d’autres. D’ailleurs, le ministre a lui-même fait état d’un déficit en eau potable dans pas moins de 27 wilayas regroupant 563 communes. Plus de 10 millions d’Algériens sont alimentés un jour sur deux ou un jour sur trois, voire moins dans certaines régions, ce qui est très insuffisant, d’un point de vue d’équité régionale. Avec 3,6 milliards de m3 de production annuelle d’eau, l’Algérie assure une consommation moyenne de 180 litres jour et par habitant.
Certes, a assuré le ministre, le mois passé « le taux de remplissage des barrages à travers le pays a dépassé 63% », mais même avec un « niveau appréciable, les barrages ne contribuent qu’avec 27% de l’eau destinée aux citoyens, alors que la majorité de celle-ci est puisée au niveau des nappes phréatiques.» L’Algérie n’a que 94 barrages alors que le Maroc avec une population et une superficie arable presque équivalentes, compte 148 barrages, sans compter les centaines de retenues collinaires, gueltas, cuves et réservoirs en terre, en ciment ou même en plastique. L’État algérien a gravement failli en construisant très peu de barrages durant les deux dernières décennies où il pleuvait des dollars. Où trouver de l’eau pour les 1,3 million d’hectares de terres irriguées qui permettent aux Algériens de consommer des légumes et des fruits locaux ?
A. E. T.

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