Accueil Zoomactu Ceux qui font la révolution et ceux qui en profitent…

Ceux qui font la révolution et ceux qui en profitent…

0

Avant de prêter serment, Abdelmadjid Tebboune a demandé à ce que le terme de « fakhamatouhou » (Son Excellence) soit banni, laissant entendre qu’avec lui doit l’être le culte de la personnalité. Car il n’y a pas de régime autoritaire, dictatorial ou despotique sans adoration de l’image qui permet d’aveugler les masses pour mieux les asservir.
Le Président a donc pris ses quartiers au Palais d’El-Mouradia pour entamer un mandat présidentiel qui, forcément et à bien des égards, sera porteur de changements. Le changement de ton, de style, de stratégie et de méthode a déjà été donné lors de sa campagne électorale avec des déclarations puissantes, articulées sur une connaissance et une vision, celle d’un universitaire. C’est la première fois dans l’histoire de l’Algérie qu’un diplômé du supérieur accède à la magistrature suprême, et c’est là un critère fondamental pour que cela aille mieux pour le pays. D’ailleurs, à lui seul, ce critère devrait valoir, au nouveau Président, respect et considération.
M. Tebboune a brigué la magistrature suprême en tant que candidat indépendant mais il a laissé entendre qu’il rajeunira le gouvernement, probablement en sortant des cercles partisans du pouvoir et de ses alliances traditionnelles.
Il a également tendu la main au Hirak, et les observateurs notent déjà que beaucoup d’éléments dans ce mouvement citoyen sont en train de réaliser que l’option dialogue est incontournable, d’autant qu’ils notent des manœuvres de repositionnement de certaines forces politiques.
Tout en posant des conditionnalités, certains partis ont déjà mis au placard les revendications dégagistes qui leur ont permis de surfer sur le mouvement citoyen pour essayer d’engranger des dividendes.
Il a donc fallu beaucoup de temps aux hirakistes pour comprendre qu’un mouvement sans représentants est condamné à rester sous la tutelle des groupes les mieux structurés, qui sont obligatoirement les associations, les organisations et les partis, y compris celles des pires ennemis du pays. D’ailleurs le mouvement wahhabite Rached a, lui aussi, utilisé le Hirak post-Bouteflika comme poisson-pilote et veut que cela dure. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Zitout, son principal animateur, a été condamné à une peine de 20 ans de prison ferme par contumace par le tribunal d’Oran.
Les catégories des jeunes, des travailleurs, de la classe moyenne et de l’élite universitaire, qui ont donné corps au Hirak n’en ont point bénéficié, pas même sur le plan médiatique, et certains de leurs éléments sont en train de prendre conscience qu’il ne faut pas finir rejeté sur une île battue par les vagues comme l’a été Bonaparte, qui a dit : «Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent ».

Par Ali El Hadj Tahar

Article précédentAPRèS LES DÉCLARATIONS D’ERDOGAN D’ENVOI DE MILITAIRES TURCS EN LIBYE ET LA PERTE DE 13 SOLDATS FRANÇAIS : Paris annonce le déploiement de drones au Sahel
Article suivant44E VENDREDI DE MOBILISATION : Le Hirak demande la libération des détenus d’opinion