La chambre d’accusation près de la Cour d’Alger a décidé, hier, de renvoyer l’examen de la demande de libération de Karim Tabou, homme politique, porte-parole du parti -non agréé- l’UDS, au 25 décembre prochain. La même décision a été prise pour l’activiste politique et ancien journaliste, Fodil Boumala, dont l’examen de fond de son affaire a été renvoyé au 22 décembre prochain. Sur le même registre, la demande de liberté provisoire du militant Samir Benlarbi sera, elle aussi, examinée, le 25 décembre par la Cour d’Alger, soit au même jour que Karim Tabou.
Ces reports laissent semer le doute sur la question de la libération des détenus d’opinion, bien que la question ait été posée comme préalable de la part de nombreux acteurs de la scène politique pour amorcer un dialogue de sortie de crise. Le vainqueur de la présidentielle du 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune, avait indiqué, vendredi après l’annonce des résultats préliminaires par l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), que la « grâce présidentielle ne touchera pas les personnes impliquées dans des affaires de corruption », car, les « procédures judiciaires visant à lutter contre la corruption continueront durant mon mandat ». Ce qui sous-entend que les détenus d’opinion pourraient en bénéficier, d’autant que le nouveau Président a tendu la main au moment où la libération des détenus revient comme une condition ou un préalable avant tout dialogue.
Le directeur de communication de la campagne du Président, Mohamed Laâgab, avait fait part, lui aussi, de la disponibilité de Tebboune à entériner une série de mesures d’apaisement, en vue d’amorcer un dialogue pour la sortie de crise. « Si ces détenus sont innocents et qu’ils sont injustement emprisonnés, Tebboune va les libérer, étant donné qu’il est le premier magistrat du pays», avait déclaré M. Laâgab. Reste à savoir qui sont ces détenus « innocents », évoqués par celui-ci et quand est-ce qu’ils seront libérés si tel serait le cas.
également, la classe politique reste prudente quant à ce dialogue et ces préalables, surtout avec la décision des magistrats de reporter leurs verdicts. Pour rappel, Karim Tabou avait été arrêté, une première fois, le 12 septembre dernier pour être emprisonné à la maison d’arrêt de Koléa, à Tipasa.
Libéré deux semaines plus tard, il avait été arrêté de nouveau quelques heures après sa libération, celui-ci est poursuivi pour « atteinte à l’intégrité du territoire national et atteinte à l’unité nationale», et «diffusion de tracts susceptibles de porter préjudice à l’intérêt national», en vertu des articles 76 et 79 du Code pénal. Fodil Boumala a été, quant à lui, placé le 19 septembre dernier, sous mandat de dépôt à la prison d’El Harrach, par le juge d’instruction du tribunal de Dar El Beïda.
Les chefs d’inculpations retenus contre Boumala sont liés à des publications touchant l’intérêt national, ainsi que l’atteinte à l’unité nationale. Le 7 octobre passé, une demande de sa remise en liberté introduite par ses avocats a été refusée par la même juridiction. Samir Benlarbi a été, pour sa part, placé en détention provisoire le 17 septembre dernier. Il est poursuivi, lui aussi, pour des publications portant atteinte à l’unité et la sécurité nationale ».
Lamia Boufassa