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Révision de la Constitution et droits socio-économiques

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Le président de la République a annoncé la couleur, avec un programme et des promesses fortes de mener des changements importants pour concrétiser les espoirs du peuple. S’il est indéniable que des pas cruciaux ont été réalisés depuis le départ de Bouteflika, il n’en reste pas moins que l’Algérie est encore au milieu du gué et que sur une démocratie en transition pèsent toujours des menaces, parfois nombreuses comme on l’a observé sous le règne de Bouteflika. La consolidation de la démocratie passe par le confortement des lois, dont la séparation des pouvoirs est un fondement essentiel. M. Tebboune a fait des promesses en ce sens, et l’indépendance de la justice — tout comme celle de la liberté de la presse, de la responsabilisation des partis — est un point cardinal de son projet.
Néanmoins, cette refonte des lois pour mieux asseoir la démocratie ne doit pas consacrer uniquement les droits humains et politiques mais également une justice sociale digne de ce nom, c’est-à-dire l’équité dans un État social qui ne sacrifie pas les besoins socio-économiques des catégories inférieures sur le billot du capitalisme. C’est ce qu’a promis M. Tebboune, qui a insisté sur la justice sociale et la défense des « couches fragiles » de la population.
La Constitution qu’il souhaite élaborer va passer par le tamis du peuple, a-t-il promis. Cela nous rappelle la charte de 1976, qui a été élaborée par le peuple et pour le peuple. À l’époque, le président Boumediene ne voulait pas que le texte fondamental soit la cogitation de constitutionnalistes décalés de la société ou de politiciens constituants dont les divisions ne leur permettaient jamais de prendre en compte les besoins légitimes de la classe sociale majoritaire, les travailleurs et les catégories les plus faibles.
M. Tebboune souhaite donc que la nouvelle constitution soit l’émanation du peuple, car la souveraineté du citoyen s’exerce d’abord à travers sa Constitution et la coloration idéologique qui la caractérise. Il n’y a pas de Constitution sans coloration idéologique.
Il est donc à espérer que le peuple veille à ce que le nouveau texte consacre d’abord la gratuité des soins et de l’éducation, à l’image des Constitutions vénézuélienne de 1999, cubaine, syrienne…Qu’il consacre aussi la souveraineté de l’État sur ses ressources naturelles, notamment ses mines et ses hydrocarbures, afin d’éviter toute velléité future de les voir spoliées.
Les droits des faibles et la souveraineté du peuple sur ses richesses, dont le caractère inaliénable doit être préservé, sont les conditions sine qua non d’une vraie Justice dans tous les sens du terme, économique, social et juridique.
Le peuple doit être conscient qu’il s’agit de son devenir et non plus d’une simple opération technique pour éviter le vide juridique que le pays a connu avec le départ du président déchu.
Par Ali El Hadj Tahar

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