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CONVOQUÉ EN URGENCE AU TRIBUNAL DE SIDI M’HAMED APRÈS LES AVEUX DE ALI HADDAD : Saïd Bouteflika refuse de répondre aux questions du juge

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Le procès de corruption, lié au dossier de l’automobile et le financement occulte de la campagne électorale de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, et dans lequel sont impliqués les deux ex-Premiers ministres, Ouyahia et Sellal, ainsi que plusieurs ministres et hommes d’affaires, s’est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi M’hamed, avec des rebondissements surprenants.

En effet, alors que la matinée, a été consacrée à l’audition de nombreux accusés, ainsi que les représentants des parties civiles, qui ne cessaient de citer le nom de l’ex-conseiller de la présidence et frère du président déchu, Saïd Bouteflika, le procureur a fini par convoquer celui-ci, en qualité de témoin. Il a même été ramené de la prison vers le tribunal pour être auditionné dans le dossier relatif au financement de la campagne électorale pour le 5e mandat avorté. Toutefois, l’ancien conseiller et frère de l’ex-président Bouteflika s’est abstenu de toute déclaration, refusant ainsi de répondre aux questions du juge/président de l’audience.
L’audition des accusés la plus fracassante durant la matinée du troisième jour du procès, a concerné l’homme d’affaires ET patron de l’ETRHB, Ali Haddad, qui est poursuivi pour blanchiment d’argent et financement occulte de la campagne électorale de l’ex-président Bouteflika. Ce dernier, n’a pas pris de temps pour reconnaitre qu’il a pris son rôle, dans le financement de la campagne électorale, à la demande de Saïd Bouteflika. « J’ai reçu un appel, le 25 janvier 2019, émanant de Saïd Bouteflika, qui a sollicité mon aide pour la campagne », a lancé l’accusé, en précisant « avoir accepté d’apporter mon aide à celui-ci ». Dévoilant que le frère de l’ex-président « lui a affirmé que les financements sont d’ores et déjà mobilisés pour la campagne », Haddad a souligné qu’il n’a pas eu de contact avec Saïd Bouteflika jusqu’au 6 février 2019. « Il m’a rappelé à nouveau pour me charger de récupérer l’argent se trouvant au siège de la direction de la campagne électorale à Hydra », a-t-il témoigné, en précisant que le « montant variait entre 700 et 800 Mds centimes et a été récupéré le lendemain (7 février)  ». Haddad a, en sus, précisé que lorsque le directeur des finances de la campagne devait récupérer l’argent en question, il n’a trouvé que 130 millions Da au niveau de la trésorerie.
Plus loin, soulignant que le frère de l’ex-président lui a demandé de « récupérer cette somme par mesure de sécurité », le patron de l’Etrhb, a révélé que le montant était placé dans le siège de son entreprise.
« C’est Saïd qui m’a ordonné de conserver cet argent au siège de mon entreprise. Il craignait que le bureau de la campagne électorale, à situé Hydra, ne se fasse cambrioler», a-t-il attesté. Interrogé, par le juge, quant à l’origine de ce montant, Haddad a noté qu’il « n’est pas chargé des questions financières de la campagne ». Le juge lui a vite rappelé les dires d’Ahmed Mazouz, dans lesquels il avait précisé qu’il a remis un chèque d’une valeur de 39 milliards de centimes à Haddad. Sur ce, ce dernier a reconnu que « Mazouz a bel et bien remis ce chèque au niveau du siège du FCE, et ce, en présence de Mohamed Baïri (patron d’Ival)  ». Par la suite, le juge a appelé Chaïd Mahmoud à la barre, qui occupait le poste de directeur financier de la campagne électorale. Ce dernier a précisé que « Haddad lui a demandé de retirer l’argent du compte bancaire en trois tranches et de le remettre au chef de cabinet du FCE, Hadj Saïd ». Après que Chaïd ait révélé que le montant retiré était de l’ordre de 19 milliards de centimes, Hadj Saïd n’est pas resté les mains croisées et est intervenu pour préciser qu’il «  a mis cet argent dans le bureau de Haddad au niveau du siège de l’Erthb à Dar El Beïda ». La parole a été ensuite redonnée à Haddad, qui s’est défendu en précisant qu’il «  n’a pas ordonné de lui ramener cet argent », avant que Hadj Saïd ne le contredise.
Ensuite, interrogé au sujet des trous financiers détectés par les enquêteurs, Haddad a déploré l’absence des avocats de la défense, en soutenant, toutefois, que «  la location du siège de Hydra a coûté 25, 2 millions, et 18 millions pour le siège sis à la route du Ravin de la femme Sauvage, et les 15 millions pour le siège à Sidi Yahia ». « Le total de toutes les dépenses est de 58,2 millions de DA et 7 millions de DA pour le mobilier de bureau», a-t-il encore précisé.

Larbaoui a versé 20 MDS de centimes dans la campagne électorale
Ensuite, le juge a interrogé Haddad s’il était au courant du fait que Hassan Larbaoui, patron du groupe KIA Motors Algérie, ait contribué avec un montant de 20 milliards de centimes, ainsi que 20 voitures, dans la campagne électorale de Bouteflika. Ce montant a été confirmé par l’accusé.
Se contentant de préciser qu’il a acheté 20 voitures pour son groupe de presse, le Temps nouveau, Haddad a argué qu’il « n’était pas responsable des contributions financières des hommes d’affaires ».

Les parties civiles enfoncent les accusés
Par la suite, c’était au tour des représentants de la partie civile d’être auditionnés. Ces derniers ont enfoncé les accusés. Ainsi, Abderrahmane Achaïbou, patron d’Elsecom, entreprise spécialisée dans l’automobile, qui n’a pas pu activer dans le secteur de l’industrie automobile, a assuré, que l’ancien ministre de l’Industrie, Abdesselam Bouchouareb, avait bloqué son projet. C’est du moins ce qu’a avoué le Premier ministre, Sellal à Achaïbou. « Le Premier ministre  Abdelmalek Sellal m’avait dit que Bouchouareb était à l’origine du blocage et qu’il avait affaire à une personne ingérable », a signalé le concessionnaire. « Sur neuf dossiers, seuls ceux d’Elsecom et de Cevital avaient été rejetés », poursuit Achaïbou.
Le patron d’Elsecom a signalé, en outre, que plusieurs courriers avaient été adressés à Sellal, mais aussi à Ahmed Ouyahia, pour attirer leur attention sur le rejet du dossier d’Elsecom alors qu’il répondait aux exigences du cahier des charges. Quant à lui, Omar Rebrab, a révélé que Mourad Oulmi, propriétaire de SOVAC, a offert une villa de plusieurs milliards à Hydra à Abdeslam Bouchouareb en contrepartie de l’octroi de la marque Volkwwagen.
Toutefois, le directeur de la commission technique du ministère de l’Industrie a contredit AchaÏbou en précisant que « la commission n’a reçu aucune demande concernant le montage de véhicules de type KIA de la part d’Achaïbou Abdelhamid », affirmant que « tous les dossiers passent par le bureau technique avant d’arriver au secrétariat du ministère ».
Le fils de Issad Rebrab a, en outre attesté qu’il « il n’y a pas du tout de montage de véhicules en Algérie, les voitures sont montées en Europe,  à  leur arrivée en Algérie, on démonte leurs pneus, les pare-chocs  et quelques petites pièces qui sont remontées pour faire croire à l’existence de l’activité de montage. On ne fait pas du SKD, monsieur le juge, on fait du RKD ».
Lamia Boufassa

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