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PORT DE L’EMBLÈME AMAZIGH : Une vingtaine de manifestants placés sous mandat de dépôt

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Arrêtés lors du 18e vendredi du Mouvement populaire et pacifique, pour avoir porté l’emblème amazigh, une vingtaine de manifestants ont été présentés hier, devant la justice à Alger. Ces derniers ont tous été placés sous mandat de dépôt par les juges d’instruction près les tribunaux de Sidi M’hamed et de Bab El Oued.

Alors que les avocats de la défense affirment qu’ils déposeront après trois jours un appel, ces derniers ont précisé que deux chefs d’accusations ont été retenus contre les manifestants. Il s’agit de porter atteinte à l’unité et la sécurité nationale, et de porter un drapeau qui porte atteinte à l’unité nationale, et ce, en vertu de l’article 79 du Code pénal. Cet article stipule que : «Quiconque, hors les cas prévus aux articles 77 et 78, a entrepris, par quelque moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national, est puni d’un emprisonnement d’une durée d’un à dix ans et d’une amende de trois mille (3 000) à soixante-dix mille (70 000) DA. Il peut en outre être privé d’exercer les droits civiques, civils et de famille ».
À noter que ces manifestants ont, été par conséquent, transférés dans l’après-midi d’hier, à la prison d’El Harrach. Dans le détail, quatorze personnes ont été présentées devant le tribunal de Sidi M’hamed, et cinq autres devant le tribunal de Bab El Oued. À Béjaïa, une personne a été également placée en détention provisoire, pour avoir «déchiré le drapeau national». Ce dernier a été arrêté lui aussi durant les manifestations de vendredi dernier. Pour Fetta Sadat, avocate et députée RCD, venue soutenir les manifestants «les arrestations n’ont aucune base légale. Nous sommes face à la volonté de terroriser les manifestants».  «C’est une infraction envers le peuple. Encore une fois les droits des algériens sont bafoués», nous a-t-elle déclaré. Précisant que les chefs d’accusation sont «vagues», l’avocate a précisé qu’on «peut mettre tout dans ces accusations».

Que dit la loi ?
Interrogée, par ailleurs, à propos du débat suscité à ce sujet et selon lequel «aucun article de loi» n’interdit le port d’un autre drapeau autre que l’Emblème national, Sadat refuse de polémiquer en déclarant : «Le débat de l’article ne m’intéresse pas quand on sait que ce sont des décisions à caractère purement politique pour faire diversion et terroriser le peuple algérien qui s’est soulevé pour demander le départ de ce système». Pour elle, il «est stérile de dire est-ce qu’il y a un article ou pas qui interdise de porter d’autres drapeaux. Évidemment qu’il n’y a pas d’articles, mais ceci étant, lorsque le pouvoir en place décide, il obtient ce qu’il veut ». Plus loin, Me Sadat considère que cette affaire est une «autre illustration que la justice n’est pas indépendante ». Notons que plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal de Sidi M’hamed pour soutenir les mis en cause. Les forces de l’ordre ont bloqué les accès à la porte par laquelle les prisonniers arrivent. Un cordon de policiers anti émeutes empêchent les militants venus apporter leur soutien de s’approcher du portail.
Plusieurs partis politiques ont dénoncé ces arrestations, qui ont eu lieu, rappelons-le, en application de la décision du chef d’état-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a ordonné, mercredi dernier, à interdire dans les marches populaires tout autre emblème que le drapeau national.
Lamia Boufassa

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