Les évènements tragiques suite au démantèlement violent, par les autorités coloniales marocaine, du camp Gdeïm Izik, édifiée, entre octobre et novembre 2010, par près de 20 000 sahraouis, à 12 km de la ville saharouie, sous occupation marocaine, pour dénoncer pacifiquement la politique du système colonial marocain, se sont inscrit dans la mémoire du combat du peuple sahraoui ainsi que de leurs soutiens à travers le monde.
Aujourd’hui, le peuple sahraoui, des territoires occupés des camps de réfugiés et ceux vivant à l’étranger célèbrent avec leurs amis et soutiens d’Afrique, d’Europe, d’Amérique latine et ailleurs, le 10e anniversaire du camp de Gdeïm Izik, pour que nul n’oublie les pratiques barbares de l’occupant marocain dans les territoires occupés du Sahara-occidental et pour en appeler à l’application du Droit international pour en finir avec la dernière question de décolonisation sur notre continent africain. C’est par des représailles similaires à celles rapportées, dans les millions de pages de l’Histoire des systèmes coloniaux qu’ont subi des peuples des années et des siècles durant, (dont des africains), que les autorités d’occupation marocaines se sont acharnés, en ce jour du 10 novembre de l’année 2010, à l’aube, contre près de 20 000 sahraouis regroupés, dans le camp de Gdeïm Izik, pour marquer pacifiquement leur refus d’être des sujets du joug colonial marocain. Usant des forces de police, des auxiliaires, des éléments de gendarmerie, de l’armée marocaine, Rabat a déployé les gros moyens, dont des hélicoptères des services de sécurités et militaires pour opérer l’assaut sur des civils, enfants, femmes, hommes, vieux et moins vieux, qui, dans la majorité, dormaient, puisque le coup de sifflet de cette attaque barbare fut donné à l’aube. Ce qu’ont vécu les rescapés du déploiement massive des moyens répressifs des autorités coloniales marocaines pour faire taire la voix des sahraouis, criant à main nu à la liberté et l’indépendance et les images-vidéo qui ont fait le tour du monde, archivaient à jamais, comme ce fut le cas, des massacres et des représailles des ex-colonisateurs du siècle passé des manifestants exprimant pacifiquement leur refus de vivre sous le joug colonial. Des hélicoptères survolant à basse altitude, Gdeïm Izik où des enfants apeurés, pleuraient et courraient dans tous les sens, les mères terrifiées, non pas de peur de perdre la vie, mais de ne plus pouvoir porter leurs gamins ou perdre un frère, un mari, un oncle ou un ami, à cause de la machine répressive marocaine qui s’est déclenchée durant des heures, depuis l’aube en ce jour du 10 novembre 2010. Pour des observateurs, les témoignages des rescapés de cette matinée tragique et aussi des récits du groupe des prisonniers de Gdeïm Izik, détenus dans les geôles de l’occupant marocain, depuis novembre de l’année 2010 à ce jour, après «des procès irréguliers et de non-respect du droit à la défense » comme l’affirme l’avocate française, Ingrid Metton, qui ne cesse de dénoncer un « système judiciaire défaillant» d’une justice, au service du système politique coloniale marocain au Sahara occidental. Il faut rappeler que le blocus médiatique imposé par Rabat dans les territoires occupés a été l’autre arme auquel a eu recours, Rabat pour cacher le massacre du camp pacifique Gdeïm Izik. Les autorités marocaines ont empêché les journalistes étrangers de se déplacer à Laâyoune, pour notamment recueillir les témoignages des sahraouis, des rescapés et des familles des détenus, et nombreux ont été expulsés par les autorités marocaines. Plusieurs observateurs internationaux et parlementaires européens ont subi également le même sort, tels le parlementaire espagnol Willy Meyer, du parti politique Gauche unie, et le député français Jean-Paul Lecoq, du Parti communiste français (PCF).
De Zemla en 1970 à Gdeim Izik en 2010, ou encore El-Guerguerat en 2020, la voix d’un peuple pour la liberté et l’indépendance
L’entêtement du royaume chérifien à tourner le dos à la légalité internationale, pour le règlement pacifique du conflit qui l’oppose au Front Polisario, seule et unique représentant légitime du peuple sahraoui, fait perdurer certes les souffrances des sahraouis subissant les affres du colonialisme marocain, depuis 1975, mais ne gagnera pas à s’éterniser, au Sahara occidental, combien même il compte sur ses soutiens, dont la France, au Conseil de sécurité qui, le siècle passé, a vu son Empire colonial s’écrouler, avec l’Indépendance de l’Algérie, fruit de la Révolution du peuple algérien contre le système colonial français érigé, depuis 1830, en Algérie. Aujourd’hui des activités, des rencontres et des conférences rythmeront la célébration du 10eme anniversaire de Gdeim Izik, par le peuple sahraoui, des territoires occupés, des camps des réfugiés, des territoires libérés et de la diaspora sahraouie, avec l’ensemble des réseaux de soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, à travers le monde. Une célébration qui intervient dans un contexte particulier, non seulement celui de la pandémie du Covid-19 imposant le respect des règles de prévention et de lutte contre ce virus, mais au lendemain de multiples appels, d’Associations et de responsables politiques, dont des occidentaux, pour ne citer que le chef de la diplomatie allemande, appelant pour l’application du droit international, au Sahara occidental, dernière question de décolonisation en Afrique, inscrite aux Nations unies. Le ministre d’État allemand chargé de l’Europe, Michael Roth, a exprimé, la semaine passée, le regret de son gouvernement quant au statu quo dans lequel se trouve le conflit au Sahara occidental, précisant que Berlin insiste régulièrement, lors des discussions avec ses partenaires au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, « sur la nécessité de nommer, dans les plus brefs délais, un nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental ». Rappelant que son pays « œuvre en vue d’étendre le mandat de la MINURSO à un an », le ministre d’État allemand chargé de l’Europe, Michael Roth, souligne que le renouvèlement du Mandat de la mission onusienne au Sahara occidental est « pour lui permettre de mener à bien sa mission qui est celle de préparer le référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui » a-t-il tenu à préciser. Et pour revenir sur l’évènement de Gdeïm Izik, si cette étape s’inscrit comme tant d’autres évènements du combat libérateur du peuple sahraoui, pour ne citer, que les évènements de Zemla, contre l’occupant espagnole, en 1970, ou celles des batailles menées par les combattants de l’armée de libération populaire sahraouie (ALPS) contre l’armée marocaine, de 1975 à 1991, date du cessez-le-feu sous les auspices onusiens, en prévision de la tenue du référendum, d’autres étapes et batailles, dont l’édification des institutions de la république arabe sahraoui démocratique se sont joints. Aujourd’hui, la région sahraouie El-Guerguerat marque, elle aussi, une étape dans la lutte sahraouie contre l’occupant marocain. Par son caractère pacifique, avec la mobilisation, ces dernières semaines, de sahraouis des territoires libérés et des camps de réfugiés sahraouis, dans la localité d’El Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental, protestant pacifiquement, contre la brèche illégale opéré par le Maroc, dans le mur de la honte, séparant les territoires sahraouis occupés des territoires libérés du Sahara occidental, est un avertissement à l’occupant marocain et une alerte à la communauté internationale. Laquelle est appelé à accélérer non seulement la désignation de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara occidental, mais de tenir et d’assumer ses engagements pris, en 1991, par l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.
Karima Benour