Accueil ACTUALITÉ Zaki Hariz, président de la Fédération des consommateurs, au « Forum du Courrier...

Zaki Hariz, président de la Fédération des consommateurs, au « Forum du Courrier d’Algérie » : «La famille algérienne dépense jusqu’à 70 000 DA/semaine durant les vacances»

0

C’est en pleine haute saison estivale, dans le cœur même des vacances de l’été, qu’il est question, hier, au 13e Forum du Courrier d’Algérie, d’évoquer les contours, l’état des lieux, les perspectives, mais surtout les coûts des services touristiques aux Algériens en général, le consommateur moyen en particulier, durant cette période de l’année.

Était invitée pour animer la thématique, la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), par le biais de son président Zaki Hariz, son vice-président Mohamed Abidi, ainsi que Aïdli Noureddine, membre du bureau et néanmoins président de l’Association des consommateurs de la wilaya de Béjaïa.
«Prestations touristiques en Algérie, réalités et perspectives», telle était la question centrale abordée par Zaki Hariz, qui renvoie d’abord à la place du tourisme algérien dans le monde, riche de 1,3 milliards de touristes et en pleine évolution, avant de dresser l’état des lieux, les perspectives, ainsi que les propositions de la FAC visant à développer le marché algérien. Aujourd’hui, d’aucuns s’accordent sur le fait que ce secteur, pourtant pilier de la croissance économique hors-hydrocarbures, est encore au stade de lancement avec tous les manques que cela entend. Les potentialités existent pour un tourisme national gâté par la nature à travers sa diversité; de montagne, saharien, thermal, religieux etc. Et pourtant, l’Algérien lui-même déjà paie plus qu’il n’en faut. Or, l’évolution de la demande touristique entend normalement faire baisser les prix des prestations avec une amélioration continue de l’offre publique et privée.

«Réhabiliter la culture touristique chez les Algériens»
En 2014, quelque 2,5 millions de touristes locaux ont été recensés en Algérie alors que le chiffre a atteint entre 3 et 3,5 millions en 2017. «Une bouffé d’oxygène pour l’économie nationale, certes, mais il y’a des contraintes et des défis à relever», estime Zaki Hariz, qui déplore les manques en matière des prestations touristiques. Il en veut pour preuve, les prix élevés du transport aérien. L’exemple vient du billet d’avion qui coûte 800 euros pour un ressortissant algérien résident en France et désireux de passer ses vacances en Algérie. En cause, l’absence de la concurrence dont la FAC plaide l’ouverture de l’espace aérien à l’investissement. Ce qui serait synonyme à la fois de baisse des prix et de la promotion de la destination Algérie. À cela s’ajoute le manque d’un plan de transport permettant au touriste local de se déplacer à sa guise, en avion, ou même par taxi vers plusieurs destinations à l’intérieur du pays aussi vaste que l’Algérie. Aussi, le président de la FAC évoque un manque des infrastructures touristiques. Et si elles existent, les prix pratiqués restent hors de portée des familles à revenu faible et moyen sachant qu’une nuitée dans un hôtel modeste pour une seule personne coûte au minimum 5 000 DA alors que dans un appartement le prix revient en moyenne à 6 000 DA. Pas que ça, puisque les prestations, les moyens à disposition et l’offre touristique laissent à désirer. «Vous imaginez-vous le manque de toilettes publiques ? Et pourtant c’est le cas en Algérie», regrette le conférencier qui parle d’une situation qui repousse plus qu’elle n’attire les touristes locaux et étrangers. Et comme la liste est longue, il y’a aussi la perte de la culture touristique chez les Algériens alors qu’un retour sur deux à trois décennies en arrière rappellera un pays hospitalier par excellence qui était privilégié par les vacanciers étrangers. Aujourd’hui, l’incivisme et l’absence des bonnes mœurs l’emportent, malheureusement! Qu’en-est-il du rôle de l’Office national algérien du tourisme (ONAT) ? Selon la FAC, cet organisme public souffre d’une couverture totale du territoire national alors que le circuit touristique n’est pas mis à jour comme c’est le cas dans d’autres pays, pour ne citer que les plus immédiats, la Tunisie et le Maroc. Pour finir, l’insalubrité et l’absence de l’hygiène alimentaire complète le tableau, noir certes, mais rien n’est trop tard pour peu que les autorités s’intéressent plus à ce secteur susceptible, parmi d’autres, de pallier au recul de la rente pétrolière. D’autre part, les quelques 18 000 agences touristiques en activité «doivent promouvoir la destination Algérie alors que seulement 40 d’entre elles le font pendant que d’autres privilégient les pays étrangers», plaide la FAC.

«Le ministre du Tourisme doit être compétent, expérimenté et doté de larges prérogatives»
À ce titre, la FAC a, à maintes fois émis, des propositions aux pouvoirs publics même si elle déplore un manque de prise en considération. «D’abord, il faudrait qu’il y’ait une volonté politique réelle pour faire décoller ce secteur, la mise en place d’une stratégie touristique suivie d’objectifs réalistes», propose Zaki Hariz. Au plan ressource humaine, le profil du ministre du secteur doit, estime-t-il, répondre aux critères de compétences et d’expérience dans ce domaine alors qu’il doit jouir de toutes les prérogatives lui permettant de mener à bien sa mission. Au plan infrastructurel, la FAC propose de privilégier la formule des campings de vacances au lieu de s’appuyer sur les infrastructures hôtelières, pour prendre l’exemple de ce qui se fait en Tunisie et au Maroc. Sur ce, les pouvoirs publics sont invités à «démocratiser l’acte touristique par l’octroi d’autorisations pour les promoteurs de structures de vacances légères, moins couteuses et à la portée des petites et moyennes bourses.» également, la gestion et l’organisation des infrastructures touristiques doivent répondre aux normes et standards internationaux du domaine, avec en prime la classification des établissements hôteliers et la formation continue des effectifs. Des propositions en somme qui pourraient faire décoller le tourisme national et de là parler d’une véritable industrie touristique génératrice de revenus pour l’économie. Et comme l’apport de tous les autres secteurs est nécessaire pour promouvoir le tourisme, la FAC appelle à l’application stricte de la loi à l’encontre des pratiques d’incivilité, si non assurer l’ordre public.

«La moitié des dépenses des vacanciers algériens va vers l’étranger»
En ces temps de récession économique, caractérisée par la baisse du pouvoir d’achat du citoyen à cause de la dévaluation du dinar, il y’a lieu de s’interroger sur le coût moyen des vacances pour les familles algériennes ? À cette question, c’est le vice-président de la FAC, Mohamed Abidi, qui tient une réponse. «Au total, les Algériens dépensent quelque 220 milliards DA/an durant les vacances de l’été, de l’automne et de l’hiver. La moitié de ce montant est dépensée à l’étranger (Tunisie, France, Turquie, Espagne, Maroc, Egypte, Malaisie…alors que l’autre moitié est dépensée dans le pays», fait savoir le néanmoins président de l’Association des consommateurs de la wilaya de Laghouat. Plus précisément, une famille de 5 membres débourse entre 60 000 et 70 000 DA pendant une semaine pour passer ses vacances dans un appartement de location en Algérie. Du coup, et au risque de se tromper, les Algériens ont tendance à convoiter les pays méditerranéens pour passer les vacances. Au plan potentiel touristique, la Turquie a recensé 37 millions de touristes, le Maroc (11 millions) et la Tunisie (7 millions). En Algérie, ce sont seulement 2,5 millions qui ont été enregistrés. Un chiffre bien en deçà des attentes pour une population qui dépasse les 40 millions d’habitants, estime Abidi. Un chiffre tout aussi faible par rapport aux potentialités algériennes (8e au classement mondial des préférences touristiques) dans le domaine qui n’ont rien à envier aux autres pays voisins, si ce n’est une vision touristique qui lui fait défaut.

La FAC «refuse toute politique de révision des subventions»
Pour pallier à ces difficultés, Abidi propose un soutien de l’État au pouvoir d’achat du citoyen sachant que 10% seulement des transferts sociaux sont consacrés au tourisme sur un budget de quelque 1 700 milliards DA.
D’ailleurs, abordant cette question sensible, il dit «refuser toute révision de la politique actuelle des subventions de l’État». Au volet Hadj aussi, le conférencier estime que le coût de revient, qui est de 525 000 0DA, est trop cher alors qu’il était de 490 000 DA. Même si cela ne relève pas forcément de l’Algérie puisque c’est l’Arabie saoudite qui en a imposé une taxe de 5 %, le responsable de la FAC décrie cette hausse. Quant à l’opération du tirage au sort, qui a fait que de nombreux hadjis n’ont pas pu bénéficier d’un passeport pour accomplir le pèlerinage, le même responsable propose de mener la procédure une année à l’avance. D’autre part, il préconise de réduire la période du hadj à 20 jours alors qu’il appelle au respect du régime alimentaire des pèlerins algériens durant cette période sensible de l’année.
Farid Guellil

Article précédentLe président de la FAC contredit le ministre du Tourisme : Le rapport « qualité / prix » dans les hôtels n’est pas raisonnable !
Article suivantSituation sécuritaire : Le terroriste «Abou Kacem el Barbari» se rend aux autorités militaires