La bande de Ghaza continue de subir une offensive militaire israélienne d’une intensité dramatique. Quatre Palestiniens, dont trois membres d’une même famille, ont été martyrisés hier dans des frappes aériennes ciblant un quartier résidentiel de Rimal et le camp de réfugiés de Nusseïrat, selon des sources locales palestiniennes.
Depuis le début de l’offensive israélienne déclenchée le 7 octobre 2023, le ministère de la Santé de Ghaza dénombre 52 787 morts et 119 349 blessés. Rien que depuis la reprise des hostilités le 18 mars dernier, soit après l’échec du cessez-le-feu, 2 678 Palestiniens ont été tués et 7 308 autres blessés. Les hôpitaux de Ghaza ont reçu, au cours des dernières 24 heures, les corps de 27 victimes, dont certaines extraites des décombres, et 85 blessés supplémentaires, alors que de nombreuses personnes restent piégées sous les ruines, sans possibilité de secours en raison des bombardements incessants. Des tirs d’artillerie intense dans les quartiers Est de Chujaya et Zeïtoun, à Ghaza-Ville. L’armée israélienne a également ouvert le feu massivement sur les zones orientales de la ville. La situation humanitaire atteint un point critique. Le Programme alimentaire mondial a alerté récemment sur un risque imminent de pénurie totale de nourriture. Dans ce contexte, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a rejeté un projet israélien visant à démanteler le système d’aide existant à Ghaza, jugé vital pour la population. Hier jeudi, un groupe d’experts en droits humains de l’ONU a lancé une alerte sévère, affirmant que les atrocités perpétrées à Ghaza placent le monde devant « un carrefour moral ». Le communiqué appelle à « une action internationale urgente », avertissant que la poursuite de ce qu’ils qualifient de génocide aura des « conséquences catastrophiques sur notre humanité commune ». Des voix s’élèvent également en Europe. La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a affirmé que « la majorité des États membres reconnaissent l’insoutenabilité de la situation à Ghaza, qui se détériore rapidement ». La faim est devenue une réalité quotidienne, les services de santé sont à bout de souffle, et les infrastructures civiles ont été largement détruites. La population, prise au piège, est privée de toute assistance adéquate. L’ONG Médecins Sans Frontières a qualifié de « choquante » l’absence de reddition de comptes pour les actions israéliennes, tandis que le représentant du Comité international de la Croix-Rouge à Ghaza, Hicham Mehanna, a décrit la situation comme « un enfer sur terre ». Sur le plan diplomatique, des divergences commencent à apparaître entre Israël et les États-Unis. La chaîne israélienne Channel 12 rapporte que lors d’une rencontre avec les familles des otages, un haut responsable américain a exprimé son soutien à leur position selon laquelle la pression militaire met en danger la vie de leurs proches. Le quotidien Yediot Aharonot indique qu’une initiative américaine a été présentée au Conseil de sécurité des Nations unies : elle propose la création de quatre centres de distribution d’aide humanitaire pour environ 1,2 million de Palestiniens dans la bande de Ghaza. Cependant, l’ONU a fait savoir, par la voix de son porte-parole Farhan Haq, qu’elle ne participerait à aucune opération de distribution humanitaire si les normes de sécurité et de neutralité ne sont pas garanties. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a déclaré mercredi qu’Israël se défendra « seul, avec ou sans soutien américain ». Dans une vidéo diffusée sur ses réseaux sociaux, il a ajouté : « Si nos amis américains nous rejoignent, tant mieux. Sinon, nous continuerons à défendre notre pays seuls. » Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, connu pour ses positions extrémistes, a affirmé qu’Israël ne devrait pas accepter de livraisons d’aide humanitaire à Ghaza, qu’il considère comme contraires aux objectifs de guerre. Selon des sources diplomatiques relayées par El-Qods al-Arabi, l’émissaire américain Steve Wietckoff, a récemment présenté au Conseil de sécurité des propositions de coordination avec Israël pour la mise en place des centres de distribution d’aide. Toutefois, ces efforts semblent buter sur des désaccords de fond, aussi bien au sein de l’administration israélienne qu’entre Israël et ses alliés. Des rumeurs rapportées par des médias israéliens suggèrent même une frustration croissante de Donald Trump à l’égard de Netanyahou, avec l’intention de « prendre des initiatives régionales sans le consulter ». Alors que la bande de Ghaza est plongée dans une crise humanitaire sans précédent, les appels à une action internationale urgente se multiplient. Pourtant, le monde reste divisé. À mesure que le nombre de morts augmente, c’est la conscience collective de l’humanité qui semble mise à l’épreuve.
M. Seghilani