L’Espagne, par le biais du chef du gouvernement Pedro Sanchez, a, contre toute attente, pris la décision abrupte de s’aligner sur les thèses marocaines au Sahara occidental et leur plan d’autonomie. Ce revirement de Madrid sur le dossier de la dernière colonie en Afrique tranche ainsi, brusquement, avec une tradition qui remonte à 1975 et perçue comme étant consensuelle dans le royaume espagnol. Alors que les deux pays étaient sous tensions depuis la crise migratoire de mai 2021, lorsque le Maroc avait trouvé le moyen d’exercer du chantage sur L’Espagne à travers l’enclave de Ceuta et Melilla où elle avait ouvert une brèche pour des milliers de migrants, moins d’une année après Madrid a agité le drapeau blanc et il s’est soumis à la volonté de Rabat. Alors qu’elle s’est imposée, jusqu’avant ce vendredi 18 mars qui marquera une volteface historique dans une position qui va à l’encontre de la légalité internationale consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes , une attitude de fuite en avant face à ses responsabilités historiques d’ancienne puissance administrante du Sahara occidental, dans une position ambiguë qui laisse la voie libre à l’expansionnisme marocain, Madrid a franchi une nouvelle étape, aussi dangereuse et aventureuse, pour tout ce qu’elle participe d’un appui franc au promoteur de la dernière colonie en Afrique. En effet, dans un communiqué publié par le cabinet du palais royal marocain, il a été rapporté que le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a assuré, dans un message au roi marocain Mohammed VI, que « l’Espagne considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend ». Peu de temps après, et comme pour confirmer cet acte de soumission de Madrid à « sa majesté » dans ses prétentions sur la marocanité du Sahara occidental, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a confirmé ce revirement de situation dans le dossier. Autant dire que Madrid, par cette position qui n’honore pas le peuple espagnol dont des pans entiers soutiennent le peuple sahraoui en quête du référendum pour l’autodétermination, a cédé au chantage du Royaume marocain qui, après l’illusion reconnaissance de sa prétendue marocanité du Sahara occidental dans la foulée des accords d’Abraham, a cherché à faire rallier l’Espagne à ses thèses colonialistes.
L’ALGÉRIE PROTESTE FERMEMENT
L’Algérie, qui a fait de la question sahraouie tout comme toutes les causes des peuples à l’autodétermination un principe inflexible de sa politique étrangère, a protesté énergiquement par voie diplomatique, après le revirement dans la position espagnole sur ce dossier. Alger a ainsi décidé de rappeler, avec effet immédiat, de son ambassadeur à Madrid pour consultations, suite aux déclarations des plus hautes autorités espagnoles constituant un « brusque revirement » de position concernant le dossier du Sahara occidental. C’est ce qu’a indiqué hier dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. « Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat », souligne le communiqué.
Farid Guellil
