Huit personnes ont été tuées mercredi dans une frappe de drone sur un village du sud du Soudan après avoir fui la capitale régionale Kadougli, ont indiqué des témoins.
L’attaque a touché le village de Kurkal, situé à une quinzaine de kilomètres au nord de Kadougli, capitale du Kordofan-Sud encerclée depuis 18 mois par les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre depuis plus de deux ans contre l’armée qui conserve le contrôle de la ville. « Un drone a bombardé des déplacés de Kadougli à leur arrivée au village de Kurkal » après qu’ils ont fui la ville, a indiqué une personne qui avait quitté Kadougli avec eux. Lui et un autre témoin, cités par des médias, ont dit avoir ensuite vu huit cadavres de femmes. Depuis la prise du dernier bastion de l’armée dans la région du Darfour, dans l’ouest du pays, les FSR ont recentré leurs opérations sur celle du Kordofan. Cette zone fait la jonction entre les territoires tenus par l’armée dans le nord, l’est et le centre, et le Darfour. Le réseau de communication est coupé à Kadougli et l’accès internet y est limité.
Plusieurs villes privées de courant
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, étaient plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi, après des frappes de drones ayant visé une importante centrale électrique dans le sud du pays, et attribuées aux FSR, rapportent des médias. La compagnie d’électricité du Soudan a déclaré, dans un communiqué relayé par les médias, que des coupures de courant avaient été enregistrées dans plusieurs Etats du Soudan après des frappes directes contre des transformateurs d’alimentation électrique. « Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu’ils tentaient d’éteindre l’incendie provoqué par la première », a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux FSR. Des témoins cités par des médias ont également rapporté avoir vu des flammes et de la fumée s’élever de la ville d’Atbara, dans l’Etat du Nil, dans l’est du pays.
Plus de 1000 civils tués en avril
Plus de 1.000 civils ont été tués en avril dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le Darfour-Nord au Soudan, lors d’une attaque menée les FSR, a indiqué le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, rappelant l’urgence d’agir rapidement pour mettre fin à ce cycle d’atrocités et de violence. Dans un rapport publié jeudi à Genève, le Haut-commissariat fait état de « massacres, viols, actes de torture et enlèvements » perpétrés lors de cette offensive menée contre le camp de Zamzam du 11 au 13 avril dernier par les FSR, affirmant qu’ « au moins 1.013 civils ont été tués » dans l’attaque. Parmi les victimes, « 319 ont été sommairement exécutées, soit dans le camp, soit alors qu’elles tentaient de fuir. Certaines ont été tuées chez elles lors de perquisitions menées par les FSR, d’autres sur le marché principal, dans des écoles, des centres de santé et des mosquées », a ajouté le Haut-Commissariat, rappelant qu’environ 400.000 civils avaient fui le camp après l’offensive. Selon la même source, au moins 104 personnes, dont 75 femmes, 26 filles et 3 garçons ont aussi « subi d’atroces violences, notamment des viols » tant pendant l’attaque du camp que sur les voies de fuite entre le 11 avril et le 20 mai. Des violences apparemment conduites « pour semer la terreur au sein de la communauté », souligne le rapport, qui indique aussi que dans les mois ayant précédé l’attaque, les FSR avaient « bloqué l’acheminement de toute nourriture, eau, carburant et autres biens essentiels à la survie de la population » du camp. L’organisation onusienne qualifie ces actes de « violations graves et systématiques du droit international humanitaire et d’atteintes flagrantes au droit international des droits de l’homme ». Ce rapport rappelle « une fois de plus l’urgence d’agir rapidement pour mettre fin à ce cycle d’atrocités et de violence, et pour garantir que les responsables rendent des comptes et que les victimes obtiennent réparation », a déclaré le Haut-Commissariat aux droits de l’homme Volker Türk, cité dans un communiqué. Zamzam fait partie des trois grands camps situés en périphérie d’El-Fasher, capitale du Darfour-Nord prise fin octobre par les FSR. Il abritait jusqu’à un million de personnes avant cet assaut des FSR.
Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par un conflit opposant les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR), qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
R. I.












































