Le financement du terrorisme sera la question principale qu’aborderont les participants à la Conférence internationale de haut niveau qu’abritera, Alger, au courant de l’année prochaine. Rendez-vous qui permettra aux présents de se concerter sur la nécessité de «négocier» un protocole additionnel à la Convention des Nations unies sur le financement du terrorisme. L’organisation et le choix du lieu de la tenue de cette Conférence ont été décidés, septembre dernier, à Naïrobi, au terme des travaux du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). La Convention des Nations unies, relative au financement du terrorisme outre qu’elle permette sur le plan international la convergence des efforts en matière de lutte contre le terrorisme, l’élaboration d’un protocole additionnel à cette convention, qui devra porter notamment sur le paiement des rançons, s’impose. Sur le financement du terrorisme, l’Onu affirme dans sa Convention qu’elle «considère» que le financement du terrorisme «est un sujet qui préoccupe gravement la communauté internationale», et qu’elle «note que le nombre et la gravité des actes de terrorisme international sont fonction des ressources financières que les terroristes peuvent obtenir», est-il indiqué. Elle reconnaît, en revanche dans ledit document, que «les instruments juridiques multilatéraux existants ne traitent pas expressément du financement du terrorisme», lit-on. Des lacunes favorisent, faut-il le souligner, les réseaux des terroristes, lesquels demeurent dans l’ombre et non inquiétés, du fait de l’absence de textes juridiques bien définis en matière de lutte contre le financement du terrorisme. Le souci et le besoin de doter la Convention de l’Onu d’un texte juridique additionnel s’avèrent plus que nécessaires sur le plan international, mais une urgence, au regard de l’apport considérable à l’activité terroriste que génère, notamment, le trafic de drogue et le paiement des rançons. Ce qui sera certainement abordé amplement lors des travaux de la Conférence d’Alger, annoncée au courant de l’année prochaine. Le rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a estimé à 1 600 milliards de dollars le blanchiment de l’argent sale, dans le monde en 2009, soit 2,7% du PIB mondial. Données alarmantes, voire inquiétantes qui devraient éclairer certains acteurs sur la scène internationale pour adopter une position plus ferme et intransigeante, en direction de ceux qui lésinent en matière de lutte contre la culture, l’exportation et le trafic de drogue et aussi sur le paiement de rançons. Position, si elle venait à se manifester, effectivement, auprès des acteurs, dont des responsables politiques, permettra la construction d’un consensus international pour l’élaboration d’un protocole additionnel à la convention de l’Onu, en la matière. La Conférence d’Alger sera une opportunité pour les participants de débattre de cette question, notamment à la lumière des interventions d’experts et de juristes avérés et des représentants de Centres spécialisés, dont ceux du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT). C’est le ministre délégué en charge des Affaires maghrébines et africaines, abdelkader Messahel qui a annoncé la tenue de cette Conférence d’Alger, au cours de la conférence de presse qu’il a animée, mardi, au siège de l’agence RIA Novosti, en Russie. La visite de Messahel à Moscou intervient dans le cadre des consultations politiques régulières entre l’Algérie et la Fédération de Russie. Pour revenir à la conférence sur le financement du terrorisme, il est à rappeler que L’Onu le définit comme suit : «Commet une infraction au sens de la présente Convention, toute personne qui, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, illicitement et délibérément, fournit ou réunit des fonds dans l’intention de les voir utilisés ou en sachant qu’ils seront utilisés, en tout ou partie, en vue de commettre » en citant ce qui suit. « Un acte qui constitue une infraction au regard et selon la définition de l’un des traités énumérés en annexe», lit-on. Et aussi «Tout autre acte destiné à tuer ou blesser grièvement un civil, ou toute autre personne qui ne participe pas directement aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, par sa nature ou son contexte, cet acte vise à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque». Si dans le discours politique sur le plan mondial, il est souvent question de l’importance de l’assèchement des sources de financement des réseaux terroristes, ce discours doit s’accompagner par des efforts à consentir en matière de renforcement du dispositif juridique, lequel doit évoluer et s’adapter «aux pratiques évolutives» des soutiens financiers aux terroristes. Bon nombre d’experts n’ont cessé de pointer du doigt l’apport considérable du trafic de drogue, une des principales sources financières du terrorisme. La lutte contre ce type de financement, soulignent bon nombre d’experts en la matière, passe aussi impérativement par la lutte contre la culture et la production de cette drogue. Nombreux sont les rapports sur cette question, dont ceux émis par l’Onu, plaçant le Maroc au premier rang et l’Afghanistan en second. Aussi, le paiement des rançons, pour la libération des otages, a fortement fait grossir les capacités financières des groupes terroristes, dont font état bon nombre de rapports de Centre et d’Organismes internationaux. Cette question dont Alger n’a cessé de batailler pour qu’elle soit traitée amplement et de manière responsable par la Communauté internationale voit sa position renforcée par l’intérêt qui lui est porté de nos jours sur la scène internationale. Autant d’avancées en faveur de la lutte contre le financement du terrorisme qui pour être plus pertinente et porteuse de résultats tangibles, nécessite un renforcement voire l’élaboration de mécanismes juridiques en la matière.
Karima Bennour