Une pépinière pilote de production de plantes dunaires, nécessaires pour la stabilisation de la côte, est en cours d’aménagement à Sidi-Khelifa, dans la daïra d’Azeffoun, a-t-on appris du chef de l’antenne locale du Commissariat national du littoral (CNL), Kaméla Haliche.
Ce projet, premier du genre au niveau national, a pour objectif de produire des plantes qui formeront le cordon dunaire en amont de la plage pour préserver l’espace naturel de l’érosion marine d’une part et l’ensablement de l’autre, a-t-elle expliqué. Lors d’une sortie pédagogique organisée au profit des collégiens du CEM de Sidi-Khelifa sur la plage éponyme, à l’occasion de la journée méditerranéenne de la côte célébrée le 25 septembre de chaque année, la représentante du CNL a déploré une « disparition quasi-totale » des cordons dunaires à travers les plages de la wilaya de Tizi-Ouzou et une dégradation menaçante de toutes les plantes qui forment ce barrage naturel séparant la plage du milieu naturel avoisinant, notamment les terres agricoles et les forêts. Dans la perspective de préserver ces plantes et contribuer à leur régénération, le Commissariat national du littoral lancera prochainement la pépinière pilote de production des plantes dunaires aménagée sur une parcelle de 20 hectares à côté du cordon dunaire, Sidi-Khelifa, le seul qui subsiste encore dans la wilaya de Tizi-Ouzou, a tenu à préciser la représentante du Commissariat. Un site que les porteurs du projet comptent réaménager et protéger à travers un travail de plantation, d’aménagement de sentiers aux estivants pour éviter de dégrader les plantes et sensibiliser sur l’importance écologique du site envers tous les usagers des lieux, a observé Haliche. La première espèce qui sera semée dans cet espace est l’Oyat, qui est classée comme une plante de premier degré en matière de fixation des dunes, a-t-elle annoncé, signalant que les graines de semence sont disponibles dans les wilayas d’Aïn-Témouchent, Oran et Boumerdès, ce qui contribuera à la réduction du coût du projet dont l’aménagement a valu 3,9 millions de dinars. Dans la pépinière pilote qui constituera une première étape d’un processus de remise en état des cordons naturels séparant les plages de l’arrière-pays, le CNL compte produire une moyenne de 3000 plants par an dans chacune des espèces ciblées, a-t-on encore fait savoir.
Sur les traces du cordon dunaire de Sidi-Khelifa
A la plage de Sidi-Khelifa, des traces de ce cordon naturel qu’on ne trouve désormais plus sur d’autres plages de la wilaya de Tizi-Ouzou et duquel on entend très rarement parler, résistent encore aux aléas de l’homme et de la nature, a-t-on constaté. La balade effectuée sur le site en compagnie des trois représentants du CNL, de la directrice de l’environnement, en plus des élèves et des enseignants concernés par la sortie, a révélé l’ampleur du désastre. Sur place, Melle Haliche a retracé théoriquement le périmètre du cordon qui devait se répartir en trois zones, n’est-ce la dégradation. La toute première zone est la dune embryonnaire qui débute juste à la fin de la plage. Elle est formée de sable fixé par certaines espèces végétales comme le chiendent du littoral (Elythrigia atherica), a-t-elle souligné. La seconde zone est la dune blanche ou vive, connue pour son aspect mouvant et formée d’autres arbustes spécifiques à l’instar de l’Oyat (Ammophila arenaria) de la famille des roseaux de sable. En dernier lieu, se trouve la dune grise qui marque la fin du cordon et qui renferme d’autres types de plantes principalement l’Immortelle des dunes ou Helichrisum stoechas. De ce cordon naturel qui a maintenu l’équilibre naturel entre la mer et son voisinage pendant des siècles, il ne reste plus que la dernière zone ou la dune grise couverte de quelques végétations, tel que l’Oyat et une autre plante épineuse de la famille de panicaut de mer (eryngium maritimum), au moment où une troisième espèce connue pour sa toxicité entamait à peine son processus de régénération après le départ des estivants, a-t-on encore constaté.
Le comportement humain à l’origine de la dégradation
La pollution, le piétinement et la destruction des plantes par les vacanciers durant l’été, les pâturages, l’extraction illicite du sable des plages sont, entre autres, les facteurs dégradants de ce cordon, favorisant ainsi l’avancée des eaux de mer vers le rivage, l’ensablement et la salinisation des terres agricoles avoisinantes, a relevé Mlle Haliche. « La disparition du cordon dunaire est à l’origine d’un rétrécissement des plages dû à l’avancée des eaux de mer vers la côte. Nous assistons également à un phénomène d’ensablement et d’augmentation de la salinité des terres agricoles avoisinantes, d’où la nécessité de contribuer à la réinstallation de ces sites et à les protéger des agressions destructives », a-t-elle expliqué devant les collégiens présents en force à la plage de Sidi-Khelifa, tous curieux de découvrir un phénomène naturel dont ils disent n’avoir jamais entendu parler. Malgré la chaleur, le bruit des vagues et la fatigue après une longue marche, les collégiens tenaient à avoir des réponses et la chef du CNL de Tigzirt, également spécialiste en écologie et environnement, a dû faire le tour du sujet et s’étaler sur d’autres aspects en vue d’apporter des explications aux questionnements qui taraudaient l’esprit des ces jeunes curieux. Sur le chemin du retour, ces derniers continuaient à profiter de l’aubaine qui leur est offerte pour enrichir leurs connaissances sur la préservation de l’écosystème, la protection de l’environnement, l’impact de la pollution sur le milieu naturel et la durée de vie des différents déchets dans la nature, d’autant plus que la plage de Sidi-Khelifa, à l’instar de toutes les plages de la wilaya, est jonchée de tous types d’ordures, a-t-on constaté. Pour y remédier, la direction de l’environnement, en collaboration avec les services de la daïra, le CNL, certaines directions de l’exécutif et le mouvement associatif, a initié un grand volontariat de nettoyage de toutes les plages d’Azeffoun, prévu ce vendredi, a-t-on appris de la directrice locale de secteur, Djoher Haddadou.