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Théâtre : Il y a trente ans, disparaissait Mustapha Kateb

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Mustapha Kateb, disparu le 28 octobre 1989, aura passé plus de 50 ans de sa vie au service de l’action théâtrale en Algérie.

Sa longue carrière était soutenue par le souci permanent de donner à la pratique du 4e art une assise académique, celle-là même qui continue d’animer l’enseignement du théâtre dans les nombreux instituts nationaux spécialisés dont il est à l’origine, ainsi que dans les écoles et les universités.
Mustapha Kateb, marque ses débuts dans le théâtre en 1936, d’abord à la radio, puis en créant la troupe, «Alif, Ba» avec entre autres, Allal El Mohib, Abdellah Nekli et Sid Ali Fernandel, avant de rejoindre l’ensemble «El Motribiya», dirigée par le doyen du Théâtre national algérien, Mahieddine Bachtarzi. Le comédien Kateb récidive une dizaine d’années plus tard, en constituant la troupe, «El Masrah», bien après «El Masrah El Djazaïri», distinguée à plusieurs festivals internationaux durant les années 1950, l’ex. Union soviétique et quelques pays de l’Europe de l’Est, notamment. Active jusqu’en 1954, «El Masrah El Djazaïri» aura servi de base à la formation des jeunes et de tremplin aux plus doués d’entre eux, comme Sid Ali Kouiret, Ahmed Debbah, ou encore Yahia Ben Mebrouk. En 1948, Mustapha Kateb rejoint la «Troupe du théâtre arabe» (TTA) dirigée alors, par Mahieddine Bachtarzi, metteur en scène. Avec ce dernier, dont il sera plusieurs fois l’assistant, il donnera, tous les vendredis, jusqu’en 1956, deux représentations en langue arabe. Il quittera l’Algérie en guerre, pour aller en France, où il se consacrera au théâtre engagé entre 1956 et 1958, année où il rejoindra Tunis pour présider la troupe artistique du FLN. Plusieurs travaux montés par cette troupe et mis en scène par Mustapha Kateb étaient destinés à porter dans le monde la voix du peuple algérien en lutte pour son indépendance.

Pour un théâtre académique, aux normes
Premier directeur à être nommé en 1963 au Théâtre national algérien (TNA), Mustapha Kateb mettra son expérience au service des jeunes artistes. Aux côtés des pièces qu’il mettra en scène «El Hayatou Holm», «El Ghoula», «Le cadavre encerclé» et «L’homme aux sandales de caoutchouc» de Kateb Yacine, il adaptera des œuvres de grands dramaturges comme William Shakespeare, Berthold Brecht, Nazim Hikmet et autre Tewfik El Hakim. Qualifié par ses pairs de «visionnaire-pédagogue», il propagera davantage son action qu’il consignera dans, «El Halqa» et «Révolution et Culture», deux revues culturelles, dédiées au théâtre et aux débats d’idées. Inauguré trois ans après l’indépendance, l’Institut national d’art dramatique et chorégraphique de Bordj El-Kiffan (d’Alger), devenu en 2004, Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l’Audiovisuel d’Alger, est également à inscrire à son actif. Nommé en 1973 au poste de conseiller au ministre de l’Enseignement supérieur, il s’attèlera à la promotion du théâtre universitaire, à travers l’élaboration d’un programme académique et la création d’ateliers, organisés entre 1975 et 1984, au profit des étudiants intéressés par la pratique du 4ème art. Il mettra à profit son passage au Conseil populaire de la ville d’Alger (1985-1988), à l’ouverture du Conservatoire de la ville d’Alger et donnera également le coup d’envoi à la construction de cinq complexes culturels dans plusieurs quartiers de la ville. Vouant sa vie au service de la culture en Algérie, Mustapha Kateb, a fait partie de la deuxième génération d’hommes de théâtre, après celle de Mahieddine Bachtarzi, Ali Sellali (dit Allalou), Rachid Ksentini et Mohamed Touri.
Au-delà du théâtre, Mustapha Kateb a été distribué dans plusieurs films algériens, avant de revenir en 1988 à la direction du TNA. Il décèdera le jour même de la disparition d’un autre grand nom de la culture algérienne, son cousin, le romancier et dramaturge Kateb Yacine.

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