Alors que le dessalement de l’eau de mer contribue à pallier à la baisse de la pluviométrie ayant impliqué d’emblée une baisse du taux de remplissage des barrages, aujourd’hui cette opération semble ne pas répondre à la demande nationale. Selon des spécialistes, cet état de fait devrait pousser les autorités à produire plus de 2,5 milliards de m3 par an à partir des différentes stations dédiées à cette opération.
Si tout le monde s’accorde à ce que la rationalisation de la consommation de cette ressource vitale est primordiale au moment où l’Algérie fait face à un stress hydrique, il est toutefois certain que les autorités doivent trouver d’autres moyens d’y faire face sans pour autant pénaliser les consommateurs des jours durant. Pour arriver donc à une alimentation régulière de la population en eau, le Professeur Ahmed Kettab, consultant et expert international dans le domaine hydraulique, qui intervenait, la semaine dernière lors d’un séminaire organisé par le (Cnese), recommande la production de plus de 2,5 milliards de m3 par an à partir des stations de dessalement d’eau de mer pouvant permettre de répondre aux besoins nationaux. Il a relevé à cet effet que les quantités d’eaux dessalées, évaluées à 800 millions de m3/an, demeurent insuffisantes pour faire face à une demande nationale sans cesse en augmentation, soulignant que la situation des barrages, dont le taux de remplissage avoisine les 44% à l’échelle nationale, ne fait que confirmer ces difficultés. Selon le même intervenant, ces statistiques qui classent l’Algérie à la 29e place mondiale parmi les pays les plus exposés au stress hydrique, doivent pousser les autorités à engager une véritable stratégie fondée sur plusieurs éléments. Celle-ci doit se traduire notamment par la poursuite de la construction des barrages en plus des 80 unités déjà existantes de sorte à mobiliser toutes les eaux qui proviennent des pluies, a-t-il estimé, suggérant, dans le même contexte le traitement et la réutilisation des eaux usées dans l’irrigation agricole. Kettab note, en outre, l’importance de l’exploitation des eaux profondes des régions du Nord et du Sud, évoquant l’impératif travail de sensibilisation et d’information sur le mode de consommation du citoyen. Enfin, l’expert note l’importance de revoir la charte et la loi sur l’eau ainsi que ses textes d’application et propose la promulgation d’une loi-programme sur 5 ans avec des objectifs précis et des budgets adéquats. Il est à noter, par ailleurs, que ces propositions intervenaient au moment où des perturbations importantes en alimentations en eau potable étaient enregistrées dans plusieurs villes du pays notamment dans la capitale. Une situation qui a suscité colère et indignations chez les citoyens qui se retrouvent pénalisés durant plusieurs jours sans être informés au préalable. Suite à cela, les directeurs de la distribution et de la production de la Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger (SEAAL) ont été limogé vendredi dernier par le ministre des Ressources en eau, Kamel Mihoubi, qui a chargé le directeur des ressources en eau de la wilaya d’Alger d’assurer la gestion sous l’autorité du wali.
Ania Nait Chalal