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Smaïl Lalmas, président d’ACE : «malheureusement, on est toujours au même point de départ»

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Le Courrier d’Algérie : depuis le temps qu’on parle de la promotion des exportations hors hydrocarbures. Qu’en est-il à présent ?
Smaïl Lalmas : Malheureusement, on est toujours au même point de départ, l’économie nationale continue d’évoluer autour d’un centre de gravité : le pétrole, ressource non renouvelable, dont on ne maîtrise ni le prix ni les quantités. C’est un fait. Et cela n’a pas changé parce que le pays n’arrive pas à s’engager dans l’édification d’une véritable économie de substitution aux hydrocarbures. Les politiques économiques se ressemblent, aucune d’entre elles n’ayant réussi à donner de la consistance à la production nationale et aux exportations hors hydrocarbures. Il faut comprendre une fois pour toute que l’export représente un enjeu socioéconomique important pour l’Algérie ; d’une manière générale, l’exportation est une nécessité vitale pour l’entreprise et l’État, c’est un certificat de bonne santé, un vecteur de développement économique et un facteur de dynamisme pour les entreprises. Faisant des exportations hors hydrocarbures et donc du développement de la production nationale, le nouveau challenge de l’Algérie à relever, en se regroupant tous, autour d’une nouvelle équipe gouvernementale jeune, dynamique et compétente pour réussir ce défi vital pour la pérennité de notre nation.

Plusieurs mesures ont été annoncées ici et là pour booster le secteur. Qu’en est-il de l’application de ces mesures sur le terrain surtout celles annoncées à la dernière tripartite ?
Effectivement, les dispositions dans la loi de finances complémentaire 2015 prévoit d’assurer une meilleure régulation du commerce extérieur. Des facilitations seront accordées en faveur de l’investissement productif créateur de richesses et d’emplois, afin d’encourager et de stimuler la production nationale, et réduire ainsi, les importations massives de produits superflues à l’économie nationale. Il y a eu des mesures aussi prises dans ce sens pour booster les exportations hors hydrocarbures, lors des différentes tripartites, nous avions même eu droit la fin mars de cette année, à une conférence internationale sur le commerce extérieur, visant à mette en place une stratégie qui n’arrive toujours pas. Vous savez, nos différents gouvernements nous ont habitués à des mesures conjoncturelles dictées par les dysfonctionnements du moment, où il ne faut surtout pas s’attendre à des miracles. Vous prenez les mêmes personnes et les mêmes méthodes, vous aurez certainement les mêmes effets. Le commerce extérieur est une activité qui est considérée comme étant le cœur de tout développement économique d’un pays, une activité donc stratégique, qui n’a malheureusement, jamais eu l’attention souhaitée ni la place méritée dans le plan de développement économique de notre pays, c’est ce qui explique sa faillite.

Quelle stratégie faut-il adopter dans ce sens ?
C’est une question sur laquelle toute la problématique repose, mais en quelques lignes, je pourrai vous dire que partant du constat selon lequel les entreprises considèrent que le dispositif mis en place pour booster les exportations hors hydrocarbures est illisible, complexe, et qu’il n’y a pas d’interlocuteur unique capable d’orienter les PME et TPE, notre association Algerie Conseil Export a fait un certain nombre de propositions pour organiser l’activité dont la Création de ce fameux ministère du Commerce extérieur (qui tarde à voir le jour) avec trois missions essentielles, promouvoir les exportations hors hydrocarbures, réguler les importations, et développer un climat d’affaires et des conditions favorables pour attirer les investisseurs étrangers. Cette entité aura comme première action sur le volet export, de définir notre offre exportable après recensement détaillé de notre potentiel national avec l’apport et en coordination des différents secteurs. Ce ministère sera chargé de mettre en place les mesures propres à stimuler l’expansion économique hors de nos frontières, à assurer le développement des échanges extérieurs, à soutenir et accompagner le développement international des entreprises Algériennes. Démocratiser l’accès au financement export au bénéfice des PME via des banques spécialisées, anticiper le règlement des factures à l’export pour faire face à la lenteur que connait le transfert d’argent ce qui pénalise nos opérateurs.
Je tiens aussi à vous dire que la contre-performance des exportations hors hydrocarbures est imputée à la difficulté que rencontrent les PME pour grandir suffisamment ou s’organiser pour gagner en compétitivité à l’international, mais également à la culture entrepreneuriale des chefs d’entreprises qui ne conduit pas spontanément les PME à se projeter à l’international.

La diversification des exportations de l’Algérie hors hydrocarbures « exige une forte présence des entreprises algériennes sur les marchés extérieurs ». Qu’en pensez-vous ?
L’Algérie dispose de tous les atouts financier, humain et géopolitique pour le faire. Cependant elle ne dispose pas d’une stratégie bien articulée avec des objectifs clairs quantitatifs et qualitatifs inscrits dans des horizons temporels précis. La diversification des exportations et donc de notre économie doit découler de notre stratégie de développement national. Celle-ci doit être basée sur nos avantages comparatifs. Elle doit s’articuler autour de trois objectifs économiques : – privilégier l’atteinte et le maintien d’un haut niveau de vie, favoriser l’innovation et l’émergence de capacités entrepreneuriales et enfin harmoniser les résultats économiques avec la stabilité financière. Elle doit être basée sur le concept de développement durable, c’est-à-dire satisfaire les besoins de la génération actuelle sans compromettre les besoins des générations futures.
L’investissement étranger doit venir comme appoint et non comme l’élément fondamental pour amorcer la diversification et stimuler la croissance économique.
D’ailleurs, la loi 51/49% doit être modulée en fonction de nos intérêts et doit être appliquée en premier lieu dans les secteurs qui risquent de fragiliser la souveraineté nationale et la stabilité financière du pays.
Nous devons par ailleurs, déterminer nos facteurs-clés de succès sur lesquels il faudra bâtir notre avantage comparatif. Une nation ne peut être performante dans tous les domaines et donc tout faire. Pour résumer, il faut juste savoir ce que nous voulons faire de notre économie.
Entretien réalisé par I. B.

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