L’économiste Smaïl Lalmas a indiqué, hier, au Courrier d’Algérie, que le Hirak qui clôturera bientôt une année, a pu maintenir sa même cadence qu’au début. « Le Hirak reste impressionnant. Malgré la contre-révolution qu’il subit, il a pu se maintenir », affirme-t-il, tout en réitérant la légitimité de ses revendications demandant le changement radical du système.
«Il faut savoir que ce changement ne pourra pas se faire autour de la feuille de route du Président actuel », dit-il, critiquant le plan de travail de Tebboune et du gouvernement d’Abdelaziz Djerrad. Selon Lalmas la sortie de la crise actuelle nécessite une volonté de la part du pouvoir et des concessions réelles. «Il y a des paramètres pour réussir tout projet de développement. Parmi d’autres, nous citons la légitimité de l’équipe dirigeante. On ne peut pas construire un pays sans avoir une équipe légitime qui sort du peuple qui est sensée accompagner ce projet. Aussi on parle ici de la confiance, la mise en place d’une stratégie et d’une vision», dit-il, en indiquant que cette vision devra être débattue autour d’un dialogue sérieux ». Autrement dit, Lalmas fait savoir qu’il s’agit plus de négociations que d’un dialogue. Des négociations « où le peuple doit être impliqué à travers des représentants du Hirak », propose-t-il, alors que ces derniers auront la mission de présenter la feuille de route du peuple. « Mais avant ça, nulles négociations ne peuvent être faites sans des mesures d’apaisement, à l’instar de la libération de tous les détenus d’opinion et politiques», met-il comme préalable. Selon l’invité du Courrier d’Algérie, cette feuille de route que le Hirak conviendra à dégager, pour « sauver le pays », permettra d’aller à « des présidentielles anticipées dans moins d’une année et demi». Et une fois que le pouvoir exprime « sa volonté de négocier avec le peuple », « nous pouvons cependant aller vers la dissolution du Parlement dans trois mois, et organiser des élections législatives, pour ensuite débattre de la nouvelle Constitution ». Pour la suite de cette feuille de route que défend Lalmas, la formation d’«un nouveau gouvernement, après viendront les élections locales.» En poursuivant, l’activiste du Hirak explique que ce plan de sortie de crise sera couronné par « des élections présidentielles dans une période qui ne dépasse pas un an et demi ». Par ailleurs, l’ex-membre du Panel de la médiation et du dialogue, qui a fini par claquer la porte de l’instance dirigée par Karim Younès, a critiqué fort les consultations lancées par le président de la République avec des personnalités nationales et politiques, indiquant que ces dernières « n’aboutiront à rien ». Preuve en est, il refuse d’emblée toute invitation de la part du chef de l’État dans ce contexte. « Si le président de la République m’appelle pour des consultations, je ne réponds pas à l’invitation, car il n’y a pas un sujet autour duquel discuter. Je peux le rencontrer en tant que personne, mais pas comme Président. Et si on parle d’une rencontre, ça sera autour des négociations», a-t-il suggéré.
Sarah Oubraham