Alors qu’ils essayaient, hier, de se rassembler devant l’hôpital Mustapha Pacha à Alger, les étudiants en pharmacie et de chirurgie dentaire étaient violemment réprimés par les forces de sécurité.
Climat de tension hier, à l’hôpital Mustapha Pacha, où des centaines d’étudiants en pharmacie et de chirurgie dentaire ont été violement réprimés par les forces de sécurité. Pris d’assaut, les étudiants ont commencé à manifester, pour tenter d’entendre leur voix au gouvernement. Mais hélas, la situation a vite dégénéré. En effet, la tension est subitement montée d’un cran lorsque les forces de l’ordre ont commencé à arrêter des étudiants en les faisant monter dans des bus. Les policiers, perdant leur self-contrôle, ont alors chargé les manifestants. Des coups de poing, des coups fusaient de toutes parts. Plusieurs manifestants ont perdu conscience et étaient évacués vers les urgences de l’hôpital. Par ailleurs, pour disperser les étudiants, les forces de l’ordre n’ont trouvé mieux que des les faire rentrer dans l’établissement hospitalier. Les étudiants qui scandaient des slogans de halte à la hogra et la violence, se sont vite calmés à l’intérieur de l’hôpital, et ce, pour ne pas déranger les malades, nous ont-ils affirmés. Au niveau des urgences de l’hôpital universitaire, là encore c’est la pagaille. Les urgences de l’hôpital étaient envahies par des étudiants en pleurs. Sous le choc, certains d’entre eux tremblaient comme une feuille. D’autres souffraient des douleurs de coups qu’ils ont reçus.
Les agents de l’ordre avaient du mal à contrôler la foule importante qui s’est formée aux urgences. Se regroupant par petits groupes, à l’intérieur de l’hôpital, ils ont fini par se disperser quelques heures plus tard. Mais le dispositif sécuritaire a été mis en place tout au long de la journée aux alentours de l’hôpital Mustapha Pacha. Rencontré sur place, Amine Boussenane, représentant des étudiants a affirmé qu’une vingtaine d’arrestations ont été effectuées par les forces de sécurité, alors que le nombre de blessés était plus d’une cinquantaine. Tout en rappelant que ce n’est pas la première fois que les étudiants en pharmacie sont réprimés aussi brutalement, le représentant a fait part de la persuasion de ces derniers à aller au bout de leur mouvement. « Ce n’est pas ces intimidations qui vont nous dissuader. On ne va pas baisser les bras », nous a-t-il affirmés. Rappelons à cet effet, que mercredi dernier, un important dispositif sécuritaire a été mis en place au niveau du Palais du gouvernement, et ce, pour avorter des rassemblements que les étudiants ont tenté de tenir. « Le mouvement protestataire ne sera pas suspendu jusqu’à la mise en place des décisions prises en 2011 », a-t-il encore rajouté, avant de préciser que « sur papier les décisions de 2011 sont parfaites mais pas de changement sur le terrain depuis ».
Abordant l’audience avec le Premier ministre, le représentant a affirmé que la délégation de santé n’a même pas pris part à cette réunion. « Contrairement à ce qui a été annoncé, nos doléances n’ont pas été prises en charge par le gouvernement », a-t-il alerté, avant de rappeler que ce ne sont que des promesses. Pour rappel, les étudiants en pharmacie et en chirurgie dentaire ont été reçus le 5 février dernier par le Premier ministre. Abdelmalek Sellal avait même affirmé, via son compte Twitter, que les « principales préoccupations des étudiants en majorité sont prises en charge par les hautes autorités ». Les étudiants en pharmacie protestent depuis trois mois l’insuffisance de postes de résidanat et le manque de nouvelles spécialités. Ils exigent notamment une formation de meilleure qualité. Les étudiants rencontrés hier, ont appelé à l’instauration de règles de répartition de postes de résidanat. Pour eux, les postes de résidanat des spécialités biologiques sont «de plus en plus attribués à d’autres filières or le pharmacien le mieux formé en la matière». En sus, ils ont appelé à mettre en place «un cadre juridique régulant la coordination entre les universités et les acteurs industriels étatiques et privés concernant la formation pratique des étudiants en matière d’industrie pharmaceutique».
Lamia Boufassa