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SIT-IN DE SYNDICALISTES CONTRE SIDI SAID DEVANT LA MAISON DU PEUPLE : «Libérez et rendez-nous l’UGTA !»

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Inamovible à la tête de l’Union générale des travailleurs algériens depuis qu’il ait succédé à Abdelhak Benhamouda,- mort assassiné le 28 janvier 1997 par des hordes terroristes-, Abdelmadjid Sidi Saïd fait face, désormais, à un sérieux front syndical, qui réclame sa tête dans un contexte marqué par des manifestations populaires des Algériens contre le pouvoir en place.
Jusque-là, disons-le, il aura survécu à toutes les tempêtes, y compris aux nombreuses campagnes de redressement menées par ses adversaires. Il n’y a même pas lieu de se poser la question sur le secret de son maintien en poste: Sidi Saïd a toujours joué sur sa proximité avec le sérail et a juré fidélité au président Bouteflika depuis que ce dernier occupait la tête de l’État.
Hier, en effet, une cinquantaine de syndicalistes issus de plusieurs sections et fédérations de l’UGTA ont organisé un rassemblement devant le siège de la Centrale syndicale pour appeler au départ de Sidi Saïd et à quitter ses fonctions de secrétaire général. La foule l’a bien signifié en scandant, à gorge déployée, le fameux slogan «Dégage !», comme on l’entendait de partout à travers le pays, depuis les marches historiques du 22 février dernier, dans lesquelles le peuple revendique le départ du système et la mise en place d’un État de droit.
Ainsi, les syndicalistes, visiblement adoubés par cette dynamique citoyenne sans précédent et en cours dans notre pays, ont commencé à se rassembler à 10 h du matin de la journée d’hier, en réponse à un appel lancé depuis quelques jours déjà. Observée à l’extérieur du siège de la Centrale syndicale, cette action de protestations a vu la présence d’un nombre important de policiers, postés à l’entrée de la Maison du Peuple et déployés tout au long de l’Avenue Aïssat Idir, dont le nom résonne dans toutes les oreilles et la figure renvoie à l’un des fondateurs symboles de l’UGTA historique.
Le décor est vite planté pour cette manifestation pacifique: hommes et femmes se tenant droit et face au siège de la Centrale syndicale, drapeau national hissé vers le ciel, des pancartes brocardées et d’autres brandies et des syndicalistes qui criaient des slogans revendiquant le départ de Sidi Said et de ses partisans de la direction de l’UGTA. «Libérez l’UGTA !», «Où sont les principes de Aissat Idir ?», «Sidi Said dégage !», «Non à la prédation des entreprises publiques !», comme slogans entonnés par les manifestants, d’apparence très remontés depuis le temps contre le patron de l’UGTA, alors que le mouvement populaire en cours en Algérie n’a fait qu’exacerber leur colère, comme ils l’ont laissé entendre après une prise de parole qui en a suivi ce sit-in.
«22 ans à l’UGTA barakat (Assez) !», lance un jeune syndicaliste, entrecoupant son compère qui venait de s’adresser à l’assistance. «On reviendra ici chaque samedi jusqu’à ce qu’ils partent (responsables de la direction de l’UGTA). La prochaine fois on sera un millier à manifester. Sidi Said va partir, il le sait, mais il va sortir par la petite porte !», tonnait un partisan de ce mouvement. Lequel syndicaliste, qui semblait être un vieux routier de la maison, réclame «un congrès extraordinaire consensuel», où il serait question d’élire un nouveau patron à la tête de la Centrale syndicale.
Et à lui de poursuivre que «normalement, tout travailleur algérien, aussi soit-il le poste qu’il occupe, doit toucher 10 millions par mois», avant d’être de nouveau interrompu par un autre, ayant gros sur le cœur, pour dire : «Les salaires n’ont pas évolué depuis 9 ans. Qu’est ce qu’on a fait de l’argent du Trésor ?», s’est-il posé la question. «Ils ont bradé les entreprises nationales, ils ont vendu et monnayé l’effort des travailleurs algériens», lui a répondu son collègue, alors qu’une femme syndicaliste invite le travailleur à se révolter, à demander ses droits, mais surtout «à briser le mur de la peur» maintenant que «le peuple a libéré tout le monde», s’est-elle indignée.
Par ailleurs, ces syndicalistes ont indiqué avoir saisi des magistrats algériens au sujet du dossier des parrainages récoltés par la direction de l’UGTA pour le compte du candidat Bouteflika. Et pour cause, ils ont émis des doutes sur une «usurpation» de l’identité des travailleurs affiliés à l’UGTA. «Il se peut qu’on ait signé à notre place !», s’interroge-t-on.
Farid Guellil

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