Parce qu’une école de qualité est la base de l’évolution de toute société, il est aujourd’hui plus qu’évident que le système éducatif en Algérie, ayant montré ses limites, doit être impérativement réformé. Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, conscient de l’importance de cette question, a fait part d’un plan qui placerait la qualité de l’enseignement au cœur du système éducatif.
Dans un message lu en son nom lundi par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, en marge des assises nationale sur l’économie de la connaissance, le Président Tebboune a déclaré que «notre programme repose sur l’élaboration d’un plan sur la qualité de l’enseignement », lançant à ce titre un appel pour encourager l’enseignement des matières scientifiques, techniques et technologiques, de manière à les adapter à l’environnement économique et social du pays. Abdelmadjid Tebboune a poursuivi, à ce propos, que l’Algérie est confrontée aujourd’hui à des défis majeurs, pour passer d’une économie rentière à une économie productrice de richesses. Selon lui, cela se fera en procédant au changement du modèle de développement économique, basé sur la «connaissance» qui doit reposer sur l’élément humain et les compétences scientifiques de haut niveau que compte notre pays. Et parce que c’est l’école qui forme le citoyen de demain, il est clair que le message du Président laisse comprendre que les efforts permettant l’édification d’une nouvelle Algérie doivent y être concentrés. En effet, avec tous les problèmes que connait l’école algérienne, aujourd’hui il est plus qu’impératif d’aller vers une refonte du système éducatif ayant montré ses limites à tous les niveaux. Celui-ci a été complètement mis à nu durant la conjoncture sanitaire que traverse le pays ayant dévoilé ce qui était jusque- là dissimulé. Défaillances, pédagogiques, manques d’équipements, infrastructures détériorés, classes surchargés, encadrement malformé, sont autant de dysfonctionnements et de problèmes qui menacent l’enseignement en Algérie.
Et comme suscité, l’avènement de la pandémie du Covid-19 n’a pas arrangé les choses, celle-ci a permis malheureusement de constater qu’on est encore loin de la maîtrise des moyens technologiques qui permettent d’assurer un enseignement de qualité à distance. D’ailleurs, les résultats des élèves du premier trimestre sont là pour le confirmer. Des informations font état, à ce propos, que seulement 30% des lycéens en 1re année auraient eu la moyenne de 10/20. Pour les terminales, ce taux ne dépasserait pas les 22%. Concernant le cycle moyen, les résultats des élèves en classe de 1re année seraient catastrophiques : 59% n’auraient pas obtenus la moyenne de 10/20, et qui faut il le rappeler, ont accédé au pallier moyen sans passer l’épreuve de 5ème année primaire. Toujours selon ses informations, la majorité de ces élèves auraient des moyennes de moins de 7/20.
Pour les syndicalistes du secteur, ce sont les décisions « unilatérales » du ministère de l’Éducation qui sont à l’origine de ces résultats catastrophiques. En raison de la pandémie, le ministère a en effet décidé de ne pas rattraper le troisième trimestre et de rabaisser les moyennes de passage des élèves en classes supérieures à la fin de l’année 2019/2020, ce qui a porté un coup fatal sur leur niveau. Il faut cependant relever que la gestion de la pandémie au niveau du ministère de l’Éducation n’est qu’un exemple de ce qui ce passe depuis des années dans le secteur.
Si beaucoup de pédagogues et d’experts appellent à l’urgence de la révision profonde du système éducatif c’est qu’il y a, réellement, péril en la demeure. Ahmed Tessa, qui est pédagogue praticien et ancien normalien, fait partie de ces nombreuses voix qui ne cessent de clamer l’amélioration de l’enseignement et de la formation à travers la refondation du système éducatif. Lors de l’une de ses interventions devant la presse en janvier 2020, il avait reproché au système éducatif en vigueur un fonctionnement inadapté; car privilégiant des paradigmes dépassés. Selon Tessa, le programme scolaire algérien «fonctionne avec le même paradigme que l’école coloniale du 19e et 20e siècle qui se résume à la transmission de connaissance et sa restitution.
Ania Nait Chalal