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Reconnu au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO : Le Raï, l’histoire d’une culture et identité typiquement algériennes

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-« Typiquement algérien », le Raï a été inscrit, jeudi, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation la science et la culture (UNESCO), en marge de la 17ème session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, organisée du 28 novembre au 3 décembre 2022, à Rabat au Maroc.

«Nouvelle inscription sur la Liste du Patrimoine Immatériel : Raï, chanson folklorique populaire d’Algérie », a annoncé dans un tweet l’agence culturelle de l’ONU. Voilà qui mettra une fois pour toutes un terme aux campagnes et mensonges marocains, quant à la « paternité légitime » de ce style musical et sa poésie ancestrale. « Le débat est clos. De grands artistes marocains reconnaissent eux-mêmes que le Raï est 100 % algérien», estime Nasreddine Touil, directeur artistique et cofondateur du festival de raï à Oran dans les années 1980. Un triomphe pour un genre apparu dans les années 1920, chez les maîtres et maîtresses du melhoun traditionnel de l’Ouest algérien, tels Cheïkh Khaldi, Cheikh Hamada ou Cheïkha Rimitti. Modernisé dans les années 1970, puis internationalisé depuis les années 1990, grâce à des artistes algériens comme Cheb Khaled, Cheb Hasni ou Cheb Mami, le Raï parle, par ces textes et sa musique, d’amour, de liberté, et de lutte contre les pressions sociales. Des textes crus, jadis accompagnés par la derbouka et le bendir, mais modernisés par le synthétiseur et les derniers outils technologiques, traversant les années sans qu’il puisse perdre de sa popularité et de son éclat. Selon le contexte socioculturel dans lequel elle a évolué, la musique Raï est devenue une marque de fabrique à laquelle s’identifient plusieurs générations de jeunes algériens, notamment ceux de la diaspora. Convergeant avec la sensibilité culturelle d’une société qui cherche à s’adapter à la modernité et au progrès, elle incarne l’ouverture au monde.

Un dossier et des arguments incontestables
Dans son dossier de candidature, l’Algérie a précisé que le Raï était pratiqué à l’origine « au milieu des populations paysannes et de pasteurs nomades des hautes plaines steppiques et de l’atlas saharien à l’ouest du pays. Il s’est ensuite épanoui après l’indépendance en 1962. Au cours de l’important exode rural vers les centres urbains qui a suivi, Oran en est devenue la capitale ». Il est utile de souligner dans le sillage qu’avant la guerre d’indépendance, dans les années 1950, bon nombre des premières chansons Raï parlaient de colons français qui avaient déraciné des agriculteurs et des paysans algériens et volé leurs terres. Par ailleurs, dans l’argumentaire présenté aux experts et représentants des pays membres, le Raï est présenté comme un chant populaire d’Algérie qui « respire et transmet une forte marque d’expression d’identité de la société qui lui a donné naissance et reconnaissance ». Depuis son berceau dans des villes de l’ouest algérien comme Oran, Aïn Temouchent, Sidi Bel Abbès et Saïda, ce « chant populaire traduit la réalité sociale et chante l’amour, la liberté, le désespoir, la contrainte sociale, sans tabou ni censure, explique l’argumentaire.
Le Centre national de recherche en préhistoire, en anthropologie et en histoire (CNRPAH ), lequel a élaboré le dossier de candidature au classement, rappelle que les maîtres (Chouyoukh) ont, deux siècles durant, chanté des textes de la poésie « melhoun » (poésie en langue arabe vernaculaire) interprétés avec un orchestre traditionnel constitué de « gallal» (tambourin tubulaire) et de « gasba » (flûte). L’argumentaire précise également que ce sont les femmes (cheïkhates) qui vont donner, au début du XXe siècle, une orientation moins soumise aux langages convenus en imposant des codes transgressifs. Le Raï, a, par la suite connu une plus grande diffusion géographique en Algérie vers le centre et l’est du pays, essentiellement grâce à l’avènement des supports d’enregistrement qui ont permis une large diffusion  puis à aller et s’imposer sur la scène  internationale.

« Un gain culturel mondial à juste titre »
Le ministère de la Culture et des Arts a estimé que ce classement est une réussite culturelle et internationale que l’Algérie a mérité d’atteindre. « L’Algérie a réalisé à juste titre un gain culturel mondial, après l’approbation du comité de l’UNESCO pour enregistrer la chanson Raï comme patrimoine culturel immatériel algérien pour l’humanité », a déclaré le ministère dans un communiqué. Et d’ajouter : « Avec ce classement, l’Algérie témoigne de façon décisive de la reconnaissance mondiale de ce genre musical culturel, et confirme son authenticité algérienne incontestée, et c’est, avec sa noblesse, sa poésie et sa diversité musicale, un message d’amour et de paix pour toute l’humanité ». Suite à cette victoire bien méritée pour l’Algérie avec une reconnaissance internationale pour l’originalité de cette musique, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a fait part quant à elle de cette « justice historique et méritée », affirmant que « l’Algérie, tout en s’engageant noblement dans les efforts de l’UNESCO pour préserver le patrimoine culturel humain, poursuivra sa lutte pour remporter plus de victoires culturelles à l’échelle nationale et internationale ». Notons, par ailleurs, que l’Algérie compte, avec le classement du genre Raï, 9 éléments inscrits sur la liste du patrimoine mondial, à savoir Ahellil du Gourara, le costume nuptial de Tlemcen (Chedda), la célébration du Mawlid Ennabaoui (S’boue) à Timimoun, Rakb Ouled Sidi Cheïkh, la cérémonie de la Sebeïba, en sus de trois éléments en commun avec des États limitrophes, « imzad », « couscous » et « calligraphie arabe ».
Hamid Si Ahmed

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