En raison de la hausse incessante du nombre de contaminations au coronavirus et le non- respect des mesures de prévention contre l’épidémie du covid-19 par des commerçants et des citoyens, les jours suivant l’annonce par les Autorités publiques du retour de certaines activités commerciales, la décision de la re-fermeture de ces commerces a été bien accueillie par les citoyens et même des commerçants, soucieux et conscients que tout laxisme n’est pas permis en ces temps durs de la pandémie de ce virus.
Si dès le début de l’annonce des mesures de confinement, total et partiel, à travers les différentes wilayas du pays, la majorité des citoyens ont respecté les règles et les recommandations visant à briser la chaîne de contamination par le Covid-19 et à adopter les mesures barrières et multiplier les gestes d’hygiène, d’autres citoyens n’ont pas été des acteurs dans la lutte contre ce virus invisible et mortel. Alors que tout le monde suivaient et continuent de suivre quotidiennement le point de presse de Djamel Fourar, porte-parole du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus, ses compte-rendus, depuis vendredi dernier, sur le nombre de cas des contaminés, enregistrant une hausse en comparaison avec les jours précédant le premier jour du mois sacré, ont suscité des inquiétudes du citoyen lambda à celui portant une blouse blanche.
Pour Ami Ali, qui allait retirer sa retraite, devenu un parcours du combattant, avec la forte présence d’autres retraités et du non-respect des mesures barrières contre le Covid-19, principalement la distanciation sociale, « le risque de chopper le virus était important, alors que je ne cesse de faire attention depuis l’apparition du virus chez nous ». Vous savez, nous lance-t-il « nous sommes les plus fragiles à l’avoir et aussi à mourir à cause de ce virus ». Plus loin dans nos échanges, la première semaine du mois sacré a été une autre source d’inquiétudes pour Ami Ali, en plus de celles que suscitent, nous dit-il « les journées du 20 au 23 du mois, dates de versement de nos retraites ». Non loin du marché Atlas (ex-Nelson), à Bab-El-Oued, bien loin du brouhaha, de l’autre côté du marché, il nous raconte les raisons, non seulement ses inquiétudes mais aussi sa colère, contre les gens qui se regroupent devant les commerces et se bousculent même à l’intérieur, sous le regard des commerçants « qui ne disent mot pour exiger le respect des mesures barrières». Alors qu’il s’est habitué, en ces temps de confinement, à sortir avant midi pour faire son petit tour, histoire de se dégourdir les jambes et respirer de l’air, en attendant que la tempête du Covid-19 passe avec moins de dégâts possibles, pour renouer avec ses habitudes de la vie d’avant la pandémie, ce n’était plus aussi simple et pratique à faire, en cette première semaine du mois de jeûne. « Ma sortie ne me procure plus de déstresse comme auparavant, pour alléger le poids de la limitation au strict minimum, le rythme de notre vie », nous confie-t-il. Les jours passés, poursuit-il « j’étais étonné de voir plus de gens dans les rues, devant les commerces et dans les allées du marché, c’est de l’inconscience » et cette situation m’a mis dans une colère intérieure». Pour notre interlocuteur, « Le bon sens est que bien avant le mois sacré, il y a avait des gens qui ne respectaient pas les conditions et les règles du confinement, citoyens et commerçants » et delà poursuit-il «il ne fallait pas autoriser la réouverture d’autres commerces, d’autant plus ce qui est vital, c’est de freiner la propagation du virus pour éviter le pire, la mort des personnes vulnérables et la saturation des capacités d’accueil des hôpitaux, comme ça s’est produit dans d’autres pays ». Concluant avec soulagement, avant de rebrousser chemin vers sa maison, « heureusement que les autorités sont revenues sur leur décision d’autoriser la réouverture des commerces ».
« La transgression des règles de confinement et des mesures barrières permettront au virus de se répandre comme une trainée de poudre chez nous »
Abordée, en étant à un mètre d’elle, à sa sortie de la pharmacie, non loin de la placette de la Grande-Poste, une jeune femme nous répond sur la décision d’inviter certains commerces à baisser rideaux, à nouveau, « il était temps, heureusement, les gens se sont laissés emballer par la réouverture des magasins de chaussures et de vêtements en prévision de l’Aïd el-fitr, oubliant toute précaution ou mesure de prévention contre le Covid-19, alors que ça dure depuis des semaines ». Poursuivant, elle nous dira « c’est incompréhensible, au moment où nous avons mis en stand-by l’école, l’université, le travail, et même la prière dans les mosquées à cause du virus, les autorités annoncent l’autorisation de la reprise des activités de vente de pâtisseries, de Zlabya et Kelb-Ellouz, dès le premier jour de Ramdhane ». Suite à quoi, poursuit-elle « nous avons vu comment les gens se sont ruées sur ces produits et sans respecter les mesures barrières » en plus des commerces qui « n’ont pas été pour réunir les conditions de prévention » avant d’ajouter « j’en ai vu des superettes bondées de clients, sans que le commerçant réagisse, le souci du gain et du bénéfice prend le dessus sur la santé en ce temps de Covid-19, c’est malheureux ». Abondant dans ce sillage, cette jeune femme déplore de voir les commerçants se plaindre de l’impact des mesures de fermeture des magasins en raison de la pandémie du Covid-19, « certes important et difficile souvent à surmonter », ne faudrait-il pas, poursuit-elle « d’abord prendre conscience de la situation grave que nous risquons de subir, si le virus venait à se répandre comme une trainée de poudre chez nous, à cause d’achats de produits non vitaux. Je préfère ne pas y penser » lance-t-elle, priant que ça n’arrive pas, avant de nous quitter, pour rentrer chez-elle.
« Le non-respect des mesures barrières et des règles de confinement fera perdurer encore la crise sanitaire et alourdir davantage la liste des impacts sur notre vie et celle du pays »
Plus loin, du côté de la rue Larbi Ben M’hidi, une maman, femme au foyer, portant un couffin dans lequel elle a mis les quelques produits achetés, nous confie que même si le fait de rester à la maison durant ces semaines de confinement « est difficile à supporter pour tout le monde, y compris moi, habituée à faire mon marché au quotidien, très tôt le matin, je vous assure que je ne sors qu’au bout de deux à trois semaines, et mon mari se charge de faire les courses, chaque 4 à 5 jours », « les gens doivent comprendre que la situation est grave et très sérieuse ». « Là je suis sortie plus tôt, pour éviter les heures ou tout le monde s’agitent, pour n’importe quoi en ce mois sacré, c’est malheureux ». « Je vois dans les journaux télévisés et les échos qui me parviennent, que des citoyens jouent avec le feu, en ne se pliant pas aux règles des mesures barrières et de prévention contre le Covid-19».
Poursuivant elle nous dira que « même des commerçants refusent de jouer le jeu, en s’imposant de réunir les conditions nécessaires en cette situation sanitaire exceptionnelle, où tout le monde est impliqué et doit jouer son rôle, pour éviter le pire, Allah Yester ». Elle aussi n’a pas caché son étonnement après l’annonce par les autorités de l’autorisation de l’ouverture d’autres activités commerciales et d’exprimer son soulagement pour son annulation, en nous déclarant « ouf heureusement, il était prévisible qu’on allait droit vers le pire, d’autant plus que le nombre des cas contaminés n’a cessé d’enregistrer une hausse, depuis le premier jour du mois sacré, et c’était inquiétant ». En arrangeant avec un petit geste son masque, cette mère de famille nous dira pour conclure que « les gens ne comprennent pas que c’est par le non-respect des mesures barrières et des règles de confinement que cette situation perdurera encore et alourdira davantage la liste de ses impacts sur nous et sur la vie du pays ».
Karima Bennour