Le Front des forces socialistes (FFS), plus ancienne formation politique de l’opposition, a annoncé, vendredi dans un communiqué, qu’il ne présentera pas de candidat aux élections présidentielles prévues le 18 avril prochain. Plus encore, il a appelé les électeurs à bouder l’opération de vote.
Dans une résolution de son Conseil national, le FFS a justifié cette option du fait que «les conditions d’une élection démocratique, libre, honnête et transparente, à trois mois de la tenue du prochain scrutin présidentiel, ne sont pas réunies». «De ce fait, ajoute le même communiqué, le FFS ne présentera pas de candidat et ne soutiendra aucun candidat dont la participation ne servirait qu’à donner une façade faussement démocratique à un scrutin fermé d’avance au profit du candidat du régime».
«Le FFS appelle la population- qui sait déjà que son vote ne comptera pour rien dans les résultats du scrutin et que les résultats officiels ne refléteront en rien le niveau réel de participation- à boycotter activement, massivement et pacifiquement un scrutin qui ne viserait qu’à pérenniser le régime autoritaire et liberticide», relève le même communiqué. Le FFS, qui avait également boudé la présidentielle de 2014, sans pour autant se positionner à l’affirmative pour ou contre cette échéance, dit aujourd’hui qu’il «continuera son combat pour la reconstruction d’un consensus national et populaire autour de l’élection d’une Assemblée nationale Constituante et l’avènement d’une deuxième République fondée sur un État de droit et les principes universels de la démocratie, seul à même de réconcilier les citoyens avec leurs institutions».
La décision de boycotter le prochain scrutin, motivée par un «constat de la faillite du régime sur les plans : politique, économique, et social», a été prise après une session tumultueuse et agitée du Conseil national du parti, selon des indiscrétions au sein du siège du FFS. Dans sa longue plaidoirie, le parti fondé par son charismatique leader, feu Hocine Aït Ahmed, appelle «à la mobilisation de la population, longtemps humiliée et exclue, pour le boycott du scrutin, et à sa vigilance pour faire barrage aux desseins politiques inavoués du régime». «Pour un jugement objectif, du fait que le développement d’un pays se mesure au bien-être de sa population, il vous suffit en fin de compte de répondre par oui et par non à la question suivante: êtes-vous heureux dans votre pays? C’est une évidence que de répondre NON, sans se tromper», a fustigé le FFS dans sa résolution politique.
Soulignant le phénomène de l’expatriation des élites et universitaires algériens et aussi la «harga», le nombre croissant des suicides comme la prolifération des drogues dans la société, le FFS a pointé du doigt un «régime qui n’a pas changé de nature (…)», notant que «le pays ne connaît ni libertés, ni sécurité, ni espérance d’un avenir meilleur». Évoquant surtout la récente crise du Parlement suite au «départ forcé du président élu de l’APN au mépris de la légalité constitutionnelle et du règlement intérieur de cette institution» et le report de l’installation du Sénat «au-delà des délais réglementaires, sans justification» ; ce qui reflète «la déliquescence avancée des institutions et leur illégitimité», le FFS a lancé un sévère réquisitoire contre cet état de fait en présence.
Enfin, le FFS s’adresse à la population en indiquant que «le changement de cette situation dépend de vous et de vous seuls. C’est l’avenir du pays, son indépendance, sa souveraineté chèrement recouvrées grâce au sacrifice de vos parents qu’il faudra préserver», suggère le parti, avant de souligner que «c’est l’État de droit démocratique et social qu’ils voulaient voir s’établir qu’il vous faudra réaliser grâce à l’élection d’une Assemblée Constituante et l’avènement de la deuxième République ».
Hamid Mecheri