A-t-on réellement besoin d’une opposition aux tenants du pouvoir, lorsque celle-ci est presque invisible, et peine à se faire entendre parmi la population, hormis ses affidés ?
Les tenants du pouvoir actuel croient dur comme fer qu’ils sont sur le bon chemin, et ne veulent entendre aucun autre son de cloche, leur discours est le seul et l’unique qui prévaut. Entre temps, les partis politiques de l’opposition, ou ce qui en reste, essayent de faire de la surenchère en multipliant les déclarations et autres sorties médiatiques, mais, comme ils font du surplace, cela n’attire pas, et passe presque dans l’indifférence totale des uns et des autres. Toutefois, et à l’approche des élections législatives prochaines, la scène politique a connu un certain soubresaut, sous la forme de déclarations de certains chefs de partis et autres organisations, qui sont proches du pouvoir, ont fustigé carrément l’opposition, l’accusant presque de tous les maux à même de nuire à la stabilité du pays.
Ces proclamations des uns et des autres n’ont fait qu’attiser les hostilités, et désormais entre l’opposition et le pouvoir, c’est un grand fleuve plein de rancœurs et d’amertumes qui gambade entre eux, et du coup le fragile consensus auquel veut arriver le FFS pour la tenue d’une conférence nationale de consensus est vouée à l’échec, puisque c’est en fait un grand malentendu qui persiste depuis toujours entre le pouvoir et l’opposition, depuis l’instauration du multipartisme voilà plus de 20 ans et bien avant. Mais dans l’absolu, la question reste quand même posée, pourquoi ce déni réciproque des uns et des autres, alors qu’il est notoirement admis que, dans les pays qui fonctionnent normalement, l’opposition reste un contre-pouvoir, et dans sa cohésion et sa force, elle peut influer sur les décisions majeures prises par le gouvernement qui engagent l’avenir du pays et des Algériens. Alors, faut-il déduire que nous avons une opposition faible, incapable de sortir la tête de l’eau, et ne fait que gesticuler au gré des événements, ou alors nous avons un pouvoir fort qui s’en passe de toutes velléités d’expressions contraire à sa politique? En tout état de cause, il est admis que trop de partis politiques tuent la politique, mais le plus étrange c’est que certains partis dit d’opposition ont fait un revirement spectaculaire en faisant allégeance aux tenants du pouvoir. À la fin de quelle opposition peut-on parler aujourd’hui ?
Car force est d’admettre malheureusement que même les anciennes formations politiques nées dans la foulée des évènements d’Octobre-1988 renferment en leur sein un personnel politique «usé» et leurs leaders sont toujours à leur place, et haranguant les citoyens avec les mêmes discours qui à la longue deviennent lassants et répulsifs et sans grande emprise sur le vécu des Algériens. Que faut-il donc retenir? Nous sommes encore très loin d’avoir fait l’apprentissage démocratique qui aurait permis de renouer avec une tradition pluraliste et des programmes alternatifs et consistants. Mais comme l’on n’avance pas, on recule, et il est devenu par conséquent difficile, aujourd’hui, d’intéresser les gens à la politique à telle enseigne que les partis politiques sont à court d’arguments.
Or il n’y a pas de solution miracle, l’apprentissage de la démocratie se fait par la démocratie et les égarements persisteront tant que le champ d’expression politique est verrouillé à double tour et cela pendant de longues années. Reste que dans cette effervescence partisane, les partis dits d’opposition ne baissent pas les bras, et se préparent aux prochaines joutes électorales des législatives de 2017, où la prospection d’alliance est de mise pour certains partis politiques en mal de suffrage, sauf qu’entre le pouvoir et l’opposition la rupture est consommée et pour longtemps, tant qu’un dialogue sérieux n’est pas instauré pour vaincre les méfiances et les craintes des uns et des autres?
Mâalem Abdelyakine