À la réunion ministérielle, dans le cadre du lancement du processus de révision de la Politique européenne de voisinage (PEV), initiée par l’Union européenne (UE), et qu’abrite Barcelone, Espagne, l’Algérie est représentée par son ministre des Affaires étrangères, Ramatane Lamamra.
La rencontre s’inscrit dans le sillage de la demande, de procéder à un examen profond de la PEV, du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dès sa nomination à ce poste en novembre 2014.
La demande en question de Jean-Claude Junker, formulée au commissaire Hahn, chargé de la Politique de voisinage et des négociations d’élargissement, celui-ci est chargé de procéder à un réexamen profond de la PEV, pendant les premiers douze mois de son mandat. Les raisons à l’origine de cette directive sont nombreuses, si l’on se réfère aux débats et discussions sur la question, entre les responsables de l’UE, notamment au niveau de son Parlement. Lancée, en 2004, dans un contexte particulier pour des objectifs précis escomptés par les membres de l’UE, la Politique européenne de voisinage ne pouvait être, depuis, à l’abri de l’impact et des conséquences des derniers changements survenus sur la scène internationale. Qu’il s’agisse de la crise économico-financière, survenue en 2008 et toujours en cours, de l’émergence de nouvelles puissances économiques des pays du Brics, des évènements survenus ces dernières années sur la scène arabe, le dialogue des 5+1 et l’Iran, et aussi la montée de l’extrême droite dans l’espace européen. Si, depuis le lancement de la PEV, des pays de la rive sud de la Méditerranée s’y sont inscrits dans un dialogue avec leur homologues au regard de leurs préoccupations, besoins et attentes, d’autres ont opté pour le statut avancé dans leurs relations avec l’UE. C’est sur fond de l’ensemble des données précitées et d’autres questions également que les travaux de la réunion sur le lancement du processus de révision de la PEV se sont ouverts, hier, à Barcelone, Espagne. Les évènements survenus et mutations enregistrées et celles en cours sur les deux rives de la Méditerranée semblent dicter, notamment pour les membres de l’UE, la nécessité de revoir la feuille de route de la PEV. Du côté européen, la crise de l’Ukraine, l’ébranlement de l’économie des pays membres de l’UE, les difficultés économiques que connaissent d’autres pays de l’UE, dans la reprise de la croissance etc… Après le processus de Barcelone, lancé en 1995, prévoyant des perspectives prometteuses pour l’UE, lequel processus visait principalement l’instauration de la zone de libre-échange euro-méditerranéenne, compromise par de multiples défis et raisons, ouvrant la voie à la mise en place de la PEV en 2004. Plus de dix ans après, les participants au conclave de Barcelone sont invités à diagnostiquer les raisons qui sont à l’origine des limites auxquelles est confrontée la PEV. Dans le cadre du processus de révision de la politique européenne de voisinage, Alger exposera son approche sur la question, concernant les fondements et les composantes de cette Politique. Il sera question notamment, comme souligné dans le communiqué des AE, annonçant la participation de Ramtane Lamamra à la rencontre, de «la méthodologie correspond à la position de l’Algérie qui a toujours soutenu la nécessité d’une démarche concertée», est-il mentionné. Démarche «devant assurer une meilleure co-appropriation des actions de coopération de cette politique», précise-t-on. C’est sur ce que devra porter la Politique de voisinage, à la lumière des donnes précitées et les réalités nouvelles, survenues depuis 2004, nécessitant une convergence de vue sur la teneur à donner à la nouvelle PEV, convergence difficile à atteindre. Pour des raisons multiples, dont la plus importante des divergences, notamment fondamentale, subsistent sur bon nombre de sujets. Le dialogue demeure de mise entre les pays des deux rives de la Méditerranée, au regard des préoccupations communes, pour la préservation de la sécurité et la stabilité, pour le développement de la région. L’absence de volonté politique de promotion de la voie de dialogue dans les situations de tensions a plongé des pays dans un tourbillon de violence et d’affrontements, non sans impact sur d’autres. Les cas de l’Ukraine et de la Libye sont édifiants en ce sens que, dès l’avènement des crises dans ces deux pays, l’approche politique à ce propos, notamment des pays de l’UE, a été pour favoriser l’usage des armes, ce qui n’a pas été le cas pour le retour de la stabilité. Et ce qui a été à l’origine de la prise de décisions par les membres de l’UE, de cette nature, qui mettent en ébullition l’espace de voisinage. Après la rencontre de Barcelone, hier, sur la révision de la PEV, avec les voisins du sud de la Méditerranée, la question sera au menu le 22 mai, lors du sommet de Riga, en Lettonie, des pays de l’Est et l’UE.
Karima Bennour