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PLFC-2020 : L’expert Chérif Belmihoub met en garde contre l’austérité

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Professeur d’économie et de gestion publique à l’École nationale d’administration et directeur de recherches associé au CREAD, Mohamed Cherif Belmihoub a disséqué les dispositions du projet de loi de Finances complémentaire 2020 dans son volet inhérent à l’économie et ses incidences sur le plan social.
À présent que le gouvernement commence à parler de l’après Covid-19, les conséquences économiques et budgétaires font l’objet d’une plus grande attention des autorités. L’économiste émérite, et celui qui est également directeur de l’Ecole nationale supérieure de management (ENSM), appelle le gouvernement à « ne pas anéantir l’économie nationale », en instaurant « des solutions d’austérité » dans le futur PLFC 2020. « Ma crainte aujourd’hui est qu’il yait le gouvernement adopter des solutions d’austérité. Quoi qu’il en soit des difficultés économiques dans l’avenir, il ne faut pas y avoir de politiques d’austérité dans le PLFC 2020, car cela va anéantir notre économie », a déclaré Mohamed Cherif Belmihoub sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, hier, à « l’invité de la rédaction ». « Imaginez qu’on se lance dans un projet de relance économique et que sur le terrain il n’y a pas de pouvoir d’achat solvable, à qui va-t-on vendre nos produits ? Donc les solutions d’austérité sont à éviter », a-t-il poursuivi. Pour le professeur Belmihoub, « l’augmentation du SNMG (Salaire national minimum garanti) et la suppression de l’IRG pour les revenus inférieurs à 30 000 DA sont deux éléments qui permettent de garder le pouvoir d’achat sur le marché », mais « ça ne suffit pas ». « Il faut prendre aussi des mesures en faveur des autres classes, la classe moyenne en particulier, parce que ce qui sera important au moment de la relance économique est de trouver des entreprises en activités et des revenus dans la société. Sans ces deux éléments, il ne pourra pas y avoir de relance parce que, alors, on se trouverait avec des stocks qui stagnent dans les dépôts des entreprises face à une population appauvrie et en chômage », a-t-il expliqué. Donnant son analyse des nouvelles dispositions contenues dans le PLFC 2020, l’expert Belmihoub a salué l’abrogation de la règle 51/49 et le droit de préemption, sauf dans des cas spécifiques. « L’abrogation de la règle 51/49 est une très bonne chose, même si l’environnement actuel n’est pas propice au retour des IDE », a-t-il assuré. L’économiste souligne aussi que « le droit de préemption a été un élément qui n’a pas servi vraiment à grand chose ». « Dans une économie ouverte, le droit de préemption est plutôt un facteur de blocage. Il faut que le capital bouge. Le capital ne peut pas survivre dans une rigidité. Donc il faut aller vers un marché financier où le capital peut bouger à travers des transactions dans la Bourse. C’est à ce moment-là qu’on pourra mieux contrôler et orienter les investissements », a-t-il diagnostiqué. Belmihoub a fustigé l’ancienne gestion « administrative » de l’économie, qu’il qualifiera de « gestion hydraulique » car « on ouvre et referme le robinet à chaque fois, et cette gestion est souvent porteuse de catastrophes », a-t-il regretté. Belmihoub a insisté aussi sur les moyens et outils pour financer la relance économique qui doit s’appuyer, selon lui, sur la réintégration de l’argent de l’informel sur le circuit bancaire. Il préconise ainsi deux façons d’y faire : lancer de nouvelles solutions bancaires comme la finance islamique, « mais cela va prendre beaucoup de temps », ou le changement des billets de banques, comme l’avait fait l’Inde, et « cela a très bien marché ». Belmihoub pense qu’il est temps pour les décideurs nationaux de réfléchir « à notre capacité de résilience » en cas de crises, estimant que les questions de la santé, l’alimentation et l’utilisation des high-tech sont « les questions les plus importantes aujourd’hui ».
« L’après Covid-19 sera construit sur ces questions. La gouvernance nouvelle doit intégrer ces éléments. Les facteurs de transparence, la compétence et l’évaluation sont aussi très importants. Il y a aussi toutes les formes de proximité et de solidarité qu’il faut intégrer dans nos institutions », a-t-il analysé. Face à la chute continue des cours du pétrole, Belmihoub plaide pour « une nouvelle façon de faire des réformes ». « Nous devons réfléchir sur une nouvelle façon de faire des réformes. Il faut avoir le courage et l’audace de changer le système économique, que ce soit sur le volet productif ou le volet financier. Deux volets qui doivent aller ensemble», a-t-il souligné, prévenant que « si l’on ne réforme pas tout, les réformes ne seront pas au rendez-vous ».
Hamid Mecheri

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