Accueil ACTUALITÉ PLAN DE RELANCE : Le Président libère l’économie nationale

PLAN DE RELANCE : Le Président libère l’économie nationale

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, défend bec et ongles l’idée d’une nouvelle économie affranchie de son caractère rentier. Et ceci passe par un changement des mentalités, la réhabilitation de la valeur du travail et l’amour de la patrie pour enfin se tourner résolument vers la nouvelle Algérie.
Devant un parterre de quelque 300 participants, à l’ouverture de la « Conférence nationale sur le Plan de relance pour une nouvelle économie », dont des membres du gouvernement à leur tête Abdelaziz Djerad, des partenaires sociaux et opérateurs économiques ainsi que des personnalités et experts indépendants en Algérie et à l’étrangers, le président Tebboune a été d’un discours improvisé qu’il a touché jusqu’au fond du détail derrière les maux d’une économie longtemps otage de la « issaba ».
Ainsi, à l’occasion de cette rencontre, tenue, hier, au Centre international des conférences (CIC) de Club des Pins, à Alger, le Président a indiqué d’emblée que cet événement « se tient dans une conjoncture particulière marquée par la chute des prix des hydrocarbures et la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), qui a fortement impacté les économies dans le monde », mais, a-t-il riposté en conséquence, l’Algérie est  sur le point de dépasser » cette crise sanitaire.
En effet, l’économie nationale étant impactée par les déséquilibres budgétaires et de la trésorerie, en raison d’un net recul des recettes fiscales dues à la chute des cours pétroliers, auquel facteur s’ajoute l’impact pandémie, l’Algérie se place graduellement dans l’après-pétrole en se focalisant sur la diversification de la production à travers, comme annoncé par Tebboune, l’encouragement des exportations hors-hydrocarbures par un soutien direct aux investisseurs locaux. Et ce ne sont pas là que de vains mots, puisque des décisions « clé en main » ont été prises comme réponse à ce que seront les préoccupations des investisseurs et des opérateurs économiques.

05 MILLIARDS USD d’exportations hors-hydrocarbures
Estimant que la dépendance quasi totale de l’économie nationale à la rente pétrolière « est fatale pour l’intelligence et l’esprit d’initiative », le président de la République a souligné l’impératif « d’augmenter les exportations hors hydrocarbures à 5 milliards USD d’ici fin 2021 », contre les 2 milliards USD engrangés actuellement. À ce propos, le Président a assuré que cet objectif, « est très faisable » d’autant, a-t-il ajouté que, « la volonté politique est forte et la vision claire ». À partir des deux prochaines années, la dépendance aux hydrocarbures devra être réduite d’au moins 80 %, a-t-il insisté. S’il a estimé que « la situation financière du pays est difficile mais pas fatale », le président de la République a jugé que l’État peut actuellement maîtriser la situation, en attendant les approvisionnements et investissements des opérateurs économiques pour relancer l’économie nationale. « On peut tenir encore », a-t-il lancé, précisant que les 57 milliards de dollars de réserves de change permettront à l’Algérie d’éviter d’aller à l’endettement extérieur et de concrétiser ses investissements de développement. Le chef de l’État a également promis de mettre un terme à la bureaucratie et la à politique de « deux poids, deux mesures », du fait du favoritisme et la discrimination entre les différents opérateurs économiques comme pratiques de l’ancien régime de Bouteflika. Pour illustrer ses propos, le chef de l’État, toujours égale à lui-même, a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ainsi, s’est-il remémoré un incident survenu en 2017 – à l’époque où il était Premier ministre – lorsqu’il avait, lors d’une visite à la Foire de la production nationale, remercié un opérateur qui a réussi à exporter ses bonbons et biscuiteries à un bon nombre de pays européens. Alors que Tebboune se voulait d’un message d’encouragement, l’opérateur, sans le vouloir, s’est attiré les foudres des centres de décision de l’époque, et a dû subir des provocations. Son seul tort ? Celui peut être d’être « un honnête » investisseur comme le voudrait le chef de l’État. À l’occasion, il a encensé les quelques exportateurs existants (producteurs de pneus, gâteaux, cosmétiques …) qui ont pu exporter leurs produits vers certains pays africains, européens et mêmes aux Etats-Unis, malgré les difficultés mises sur leur route.

1 900 MILLIARDS DE DA débloqués pour l’investissement
En guise d’incitations, le chef de l’État a annoncé avoir débloqué une enveloppe de 1 900 milliards DA pour relancer les investissements, et à mettre à la disposition des porteurs de projets et investisseurs à travers des crédits bancaires. En échange, les investisseurs s’engageront à investir dans des projets à forte valeur ajoutée pour l’économie nationale, destinés à l’exportation et à la concurrence internationale. Dans cet objectif, l’Etat misera sur « les PMI/PME, start-up et microentreprises », avec « l’intégration de l’université dans l’économie ». Il a argué ces priorités par les échecs prouvés par les projets de l’industrie lourde, notamment les usines de montage automobile et l’électroménager, qui se sont avérés des importations déguisées destinées à transférer l’argent à l’étranger et siphonner la trésorerie publique. Le chef de l’État estime que tout produit local dont le taux d’intégration dépasse les 60 % est considéré comme un produit national à soutenir et à encourager. Evoquant les mesures incitatives décidées au profit des exportateurs, le Président a cité la création de couloirs verts dédiés à certains produits, la cession d’une bonne partie des recettes en devises au profit des exportateurs et l’amélioration de la relation avec le ministère des Finances et l’administration fiscale. Le président de la République a mis en avant, dans ce contexte, la nécessité d’une forte contribution de la diplomatie algérienne pour favoriser le placement des produits algériens sur les marchés extérieurs.

Interdiction d’importation des carburants dès 2021
À ce titre, il a annoncé « l’interdiction totale d’importer du gasoil et de l’essence dès 2021 ». Le président de la République a affirmé que « quiconque veut servir le pays et le produit national sera protégé par le gouvernement ». Il va sans dire que derrière cette décision se cache un objectif d’atteindre un niveau d’autonomie totale en matière de consommation des carburans d’ici la prochaine année. Les capacités ne manquent pas à voir les quatre raffineries dont dispose notre pays. Notamment des infrastructures qui roulent à présent à plein régime, comme notamment celles de Sidi R’cine à Alger, Arzew, Skikda et Adrar.

Des banques et des compagnies aériennes privées
Mettant le cap sur les entreprises exportatrices, Tebboune a incité les opérateurs économiques à pénétrer les marchés africains et européens. Marquant sa désapprobation du fait qu’aucune banque algérienne n’est établie en Afrique pour faciliter les échanges avec les pays de ce continent, le président de la République a invité l’opérateur privé à créer des banques en partenariat avec des établissements publics et étrangers et en implanter des antennes en Afrique. Tebboune a appelé aussi le privé à créer des compagnies aériennes et de transport maritime pour transporter les passagers et les marchandises, signalant que le recours à des sociétés étrangères dans ce domaine (transport de passagers et logistique) coûte à l’Algérie annuellement 12,5 milliards de dollars.
Hamid Mecheri

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