Engagé à l’instar du corps médical dans la bataille contre la pandémie de coronavirus, le personnel non soignant du CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou fait preuve de «conscience» et d’«abnégation» au travail pour mener à bien sa mission, dépassant ses craintes d’une contamination.
Parmi ce personnel, nombreux ont reconnu à l’APS vivre cette situation avec des «états d’âmes écartelées» entre leur devoir d’accomplir leur travail et leur crainte contenue par soucis, surtout, d’épargner leurs familles. «Je travaille dans un l’hôpital et c’est donc évident qu’une pareille situation puisse se présenter, j’en suis conscient. Je pense surtout à ma famille», soutient Malik Benmokhtar, brancardier au service des urgences du CHU Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou.
Pour lui, la situation était surtout difficile à vivre les premiers temps. Et, même si au niveau de son service toutes les mesures de précaution ont été renforcées, la peur continue de l’envahir. «Chaque patient admis aux urgences pour n’importe quelle raison, que ce soit malaise, accident ou autres, est un cas suspect», confi e-t-il.
Afin d’éviter tout risque de contamination, M. Benmokhtar accomplit son travail de brancardier, tout en nettoyant systématiquement les endroits susceptibles de contenir le virus, à savoir poignets, sols, chaises. «Je suis devenu comme obsédé. Dès que j’ai un moment, je m’applique à tout nettoyer.
C’est un travail supplémentaire mais nécessaire», a-t-il estimé. Pour éviter de contaminer sa femme enceinte, Malik Benmokhtar a fait le choix de l’envoyer chez ses beaux-parents et continue seul de s’occuper de son père vieux et malade.
Au delà de cette crainte, il affirme être surtout «affecté par la réaction des gens, qui ne prennent pas cette maladie au sérieux et ne mesurent pas la gravité de la situation en continuant à vivre comme si de rien n’était sans prendre aucune précaution». Mais aussi, poursuit-il, par le «regard» que certains portent sur lui. «Sachant que je travaille à l’hôpital, les gens me fuyaient comme si j’étais le responsable de cette pandémie et ne voulaient même pas écouter mes conseils.
Pendant un moment, je me suis senti comme un paria», a-t-on raconté visiblement encore peiné. Ce sentiment de crainte est vécu également par Abdennour Hamoudi, ambulancier au CHU Nedir Mohamed. Habitant avec avec ses parents vieux et malades, sa hantise est d’introduire ce virus chez lui. «Malgré toutes les mesures de protection qu’on prend, on vit constamment avec cette idée.
C’est plus fort que nous. Je pense plus au risque de contaminer mes parents que ma propre personne», a-t-il expliqué, assurant, toutefois, n’avoir «jamais penser» à prendre un congé ou quitter son travail à cause de la pandémie. «Malgré le risque, je ne peux pas abandonner le front», a-t-il soutenu. Pour tenir le coup, M. Hamoudi a affirmé «s’acharner au travail pour essayer d’oublier cette réalité», tout en veillant à «prendre le maximum de précautions». «Je me change jusqu’à 3 fois par jour et je ne lésine pas sur la désinfection de l’ambulance après chaque navette», a-t-il assuré, reconnaissant que «le respect et l’application des mesures de protection sont les seuls moyens d’y échapper». Agent d’entretien au service infectieux cumulant une ancienneté de plus de 25 ans, Rachid Bouazoun, prend quant à lui, les choses avec philosophie, faisant remarquer que «la peur est naturelle chez l’être humain» et admettant «avoir eu peur comme tout le monde, mais pas plus», malgré la nature de son travail qui le met aux prises direct avec cet ennemi invisible.
«Mis à part une petite insouciance au tout début de la pandémie, avant même qu’elle ne soit signalée en Algérie, toutes les mesures ont été prises et respectées à la lettre dès l’apparition du premier cas chez nous», a-t-il souligné.
Passée la panique naturelle des premiers jours, «nous avons appris à vivre avec le virus et à éviter d’être contaminés», a noté M. Bouazoun, poursuivant : «une fois le rituel des précautions d’usage adopté, le climat a commencé peu à peu à se détendre». «toute fois, tous les personnels demeurent en alerte et vigilants».