Dans un entretien, accordé dimanche à Radio Algérie Internationale, le représentant du Front Polisario auprès de la Suisse, des Nations unies et des organisations internationales à Genève, l’ambassadeur Oubi Bouchraya Bachir a affirmé que «les déplacements forcés des Sahraouis participent de la politique de colonisation et d’exploitation illégale des ressources du peuple sahraoui perpétuées par l’occupant marocain ».
Oubi Bouchraya Bachir a précisé que « les régions concernées par les opérations de déplacement présentent un fort potentiel en matière d’énergie éolienne que le Makhzen veut exploiter dans sa course effrénée pour l’exportation d’énergies renouvelables vers l’Union européenne ». Cette façon d’agir de l’occupant marocain est en totale contradiction avec l’esprit des arrêts de la Cour de justice européenne qui a déclaré caducs les contrats signés par des pays membres de l’Union européenne avec le Maroc et englobant des territoires sahraouis occupés. Curieusement, cette politique de déplacements massifs des sahraouis a pris de l’ampleur depuis les accords de normalisation avec l’entité sioniste. Israël y recours pour installer des kibboutz et construire des colonies pour installer les juifs notamment ashkénazes venus principalement de l’Europe de l’Est.
Oubi a par ailleurs affirmé que le peuple sahraoui est arrivé à la même conviction que le peuple palestinien, à savoir que le recouvrement des droits légitimes et l’établissement de l’Etat indépendant ne sauraient se réaliser en misant uniquement sur la communauté internationale, l’ONU et les principes de la légalité internationale, mais passent aussi par la résistance sur le terrain, une option qui se déploie depuis des mois dans les territoires sahraouis occupés. Le Maroc et l’entité sioniste passent outre le droit international grâce au soutien de certaines capitales occidentales qui leur fournissent un soutien militaire et politique dans leur négation des droits des peuples opprimés, Sahraoui et Palestinien.
Dans son analyse de la situation, le diplomate sahraoui n’a pas manqué de fustiger les » concessions successives» du Premier ministre espagnol au profit du régime marocain « au détriment des droits historiques du peuple sahraoui », les jugeant « en contradiction avec les résolutions onusiennes».
Plus explicite, Oubi a indiqué qu’il s’agit purement et simplement, « d’une renonciation claire de l’ancienne puissance coloniale à ses responsabilités juridiques, historiques et politiques vis-à-vis du peuple sahraoui, depuis son retrait non-organisé dans les années 1970 ».
À propos des informations indiquant que l’Espagne de Pedro Sanchez a cédé au Maroc le contrôle de l’espace aérien des parties occupées du Sahara occidental, Oubi a estimé que « ces informations ne sont pas officiellement confirmées, mais le Gouvernement espagnol actuel est impliqué dans ce processus depuis mars 2022 après s’être dérobé à sa responsabilité historique envers le peuple sahraoui « .
Le représentant du Front Polisario auprès de la Suisse, des Nations unies et des organisations internationales à Genève a affirmé que la soumission de l’Espagne au chantage marocain se poursuit. Il n’y a pas de fumée sans feu, d’autant que le Maroc accorde un intérêt crucial à la question du contrôle de l’espace aérien, qu’il voit comme un moyen de conforter sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental et qu’il cherche à troquer contre son accord à l’ouverture de la douane de l’enclave espagnole de Ceuta », a-t-il expliqué.
Oubi a, par ailleurs, affirmé que » le Gouvernement espagnol sera poursuivi devant les juridictions internationales, dont la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), car (l’Espagne) ne se contente pas de soutenir politiquement les ambitions expansionnistes du Maroc, mais va jusqu’à lui fournir les outils juridiques pour légitimer son occupation du Sahara occidental « , a-t-il souligné. Il faut préciser par ailleurs que Pedro Sanchez, qui a pu se maintenir au pouvoir grâce au soutien d’une coalition hétéroclite, est victime, selon plusieurs sources médiatiques espagnoles, d’un vil chantage orchestré par le Maroc. Le scandale de l’affaire Koldo qui a ébranlé sa formation politique, le parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), est piloté depuis le Maroc par des officiers proches du Makhzen qui ont soudoyé l’ancien ministre des Transports José Luis Ábalos, qui avait négocié et conclu un marché pour l’achat de masques chinois durant la période COVID-19, avant de déballer les dessous de cette affaire aux partis de l’opposition pour mieux soumettre Pedro Sanchez et en faire un jouet prêt à répondre à la moindre impulsion de la télé- commande.
Slimane B.