Après La Reine des Neiges en 2014, la maison aux grandes oreilles a encore un temps d’avance. Dimanche soir, elle remporte une seconde statuette consécutive pour sa dernière création Les Nouveaux Héros. Surprenant? Pas vraiment. C’est ce qu’on appelle un retour en force. Alors qu’on attendait naturellement Disney au tournant après le succès planétaire de La Reine des Neiges, doublement oscarisé l’an dernier, Mickey a dansé toute la nuit: dimanche soir, l’Académie a sacré Les Nouveaux Héros meilleur long métrage d’animation. Un Oscar peu anodin, puisqu’en plus de représenter un doublé pour les studios, c’est aussi la preuve qu’ils savent briller à Hollywood. La statuette salue également la première création issue du rachat de Marvel par Disney, en 2009. Les Nouveaux Héros, marquant une rencontre créative épique entre deux univers, laissait peu de chance à la concurrence dans le monde de l’animation, laquelle se plie de plus en plus à la suprématie de Disney. Il était une fois, une grande famille qui, entre ses châteaux de princesses et ses vilaines belles-mères, savait mieux que quiconque gérer ses affaires. Depuis la création de l’Oscar du meilleur film d’animation, en 2002, Pixar a le monopole de la statuette. Cette société américaine de production de films en images de synthèse reçoit deux récompenses consécutives des mains de l’usine à rêves: la première en 2004 pour Le Monde de Nemo (coiffant le Frère des Ours de Disney) et la deuxième l’année suivante pour Les Indestructibles. Ils succèdent au couronnement de Shrek (DreamWorks) et du très culte Voyage de Chihiro (Studios Ghibli) d’ Hayao Miyazaki. En quatre ans de compétition, les studios Disney – lorsqu’ils sont nommés – rentrent systématiquement bredouilles de la cérémonie hollywoodienne. Sans compter qu’entre 2001 et 2004, les chiffres de la maison se fragilisent. L’échec de Lilo et Stitch et de La Planète au trésor n’arrangent rien: le succès public et critique du Roi Lion est loin.
Le parcours sans-faute de Pixar aux Oscars
C’est alors qu’après une première association fructueuse ayant donné naissance à la franchise Toy Story, Disney frappe juste en rachetant les studios auteurs de Monstres&Cie au début de l’année 2006. Après cette fusion, les créations de Pixar, véritables aimants à récompenses, doivent porter le nom de «Disney•Pixar». Mickey ne s’y trompe pas. Entre 2008 et 2011, Pixar effectue un sans-faute à l’Oscar du meilleur film d’animation: Ratatouille, Wall-E, Là-haut et Toy Story 3 sont sacrés les uns après les autres à Hollywood. Même chose en 2013, où Rebelle rafle la statuette. En 2014, enfin, Disney a droit à son propre quart d’heure de gloire: les studios remportent enfin le gros lot (et sans l’aide de Pixar) pour La Reine des Neiges, puis à nouveau en 2015 grâce aux Nouveaux Héros, une réalisation touchante inspirée d’un comic book de Marvel. La consécration est d’autant plus grande pour les studios d’animation si l’on sait que les films de super-héros, même s’ils ont le vent en poupe depuis les années 2000 avec X-Men de Brian Singer, n’ont jamais encore pu monter sur l’estrade du Dolby Theatre. Il aura donc fallu attendre que Disney tende la main à l’univers de Stan Lee (Avengers, Captain America, etc.) pour changer la donne. Les Nouveaux Héros a coupé l’herbe sous le pied au Conte de la princesse Kaguya, réalisé par Isao Takahata, bras droit de Miyazaki et cofondateur du studio Ghibli, mais aussi au film Les Boxtrolls, ainsi qu’au Chant de la Mer et à Dragon 2. Un excellent début pour cette année 2015, durant laquelle Disney présentera deux nouvelles créations des studios Pixar: Vice-Versa, qui sortira le 17 juin, et The Good Dinosaur, attendu pour le 5 décembre en salle… Ainsi qu’en février 2016 aux Oscars?