Les nouvelles taxes contenues dans la loi de finances pour l’exercice 2020 suscitent l’ire des travailleurs exerçant des professions libérales. En effet, après les avocats, c’est le tour des dentistes privés d’exprimer leur attention de monter au créneau.
Ces derniers commencent à s’organiser en vue de lancer une action de protestation nationale. Certains dentistes privés ont même fait part de l’intention de la corporation à élire des représentants de wilayas en vue d’organiser une réunion pour désigner une direction nationale au cours des prochains jours. Une fois élue, la direction du collectif des dentistes privés prendra attache avec les pouvoirs publics pour leur demander d’annuler cette disposition fiscale et de décider des actions de protestation à entreprendre. « La loi de finances 2020 sera catastrophique pour nous les dentistes. Avec un calcul très simple entre les impôts, les cotisations Cnas et Casnos, on est presque à 50% du bénéfice chose qui est totalement inadmissible, vu le contexte global dans lequel travaille le dentiste algérien en plus du désagrément de devoir déclarer chaque mois », nous a affirmé un dentiste privé, qui n’a pas hésité à appeler ses confrères à « ne pas payer ces impôts jusqu’à révision de cette loi, ou du moins, la révision des taux appliqués ». « Le nouveau président élu n’a qu’à recourir à une loi de finances complémentaire, ou à un décret exécutif. On n’a pas à encaisser la mauvaise gestion et l’incompétence des anciens décideurs », a déclaré le dentiste. Cette vague de contestation intervient à peine une vingtaine de jours après la publication de la loi de finances 2020 au Journal officiel. Cette loi a pourtant été adoptée comme une lettre à la poste par les deux chambres du Parlement, et ce, peu de temps avant les élections présidentielles du 12 décembre dernier.
En effet, le texte est passé sans grandes, difficultés à l’exception des avocats qui se sont contentés de dénoncer ces taxes. Il est à noter que la loi de finances 2020 a prévu des taxes de 19% pour la TVA, 26% pour IRG, 2% de TAP, et 15% Casnos. Également, les contribuables exerçant des professions libérales sont exclus, depuis le 1er janvier dernier, de l’impôt forfaitaire sur le revenu (IFU). Ils relèveront obligatoirement du régime d’imposition d’après le bénéfice réel. Sont concernés par cette mesure, les professions libérales (notamment médecins, dentistes, avocats, notaires, qui ont un cabinet) , les écrivains ou compositeurs, qui réalisent des recettes au titre des droits d’auteur, les inventeurs au titre de leurs produits, les importateurs dans la revente en état non constitués en personnes morales, les concessionnaires, les cliniques et établissements privés de santé ainsi que les laboratoires d’analyses médicales, les restaurants, les hôtels, les affineurs et les recycleurs de métaux précieux, les marchands d’ouvrage d’or et de platine, les activités du BTPH, quel que soit le chiffre d’affaires généré par ces activités ou par cette catégorie de contribuables. Les contribuables non assujettis à l’IFU ne peuvent plus bénéficier des avantages fiscaux dont ils bénéficiaient. En effet, ces derniers n’étaient pas soumis à des impôts comme la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la taxe sur l’activité professionnelle (TAP). Rappelons que les avocats ont observé, mercredi dernier, des rassemblements pour exprimer leur opposition à ces nouvelles taxes. En conséquence, l’activité des Cours de justice et les séances judiciaires programmées ont été partiellement paralysées à cause du boycott observé par la corporation des avocats. L’effet boule de neige n’est pas à écarter, surtout que de nombreuses corporation exerçant des professions libérales ont déjà exprimé leur désarroi quant à ce nouveau régime fiscal.
Lamia Boufassa