La nomination d’Abdelaziz Djerad, politologue, enseignant et chercheur universitaire en sciences politiques, au poste de Premier ministre par le président Tebboune a suscité la réaction de la classe politique et de la société civile.
Sofiane Djilali, président de Jil Jadid :
Selon le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, «il est évident que le nouveau Premier ministre a un profil diffèrent de ceux qui l’ont précédé dans ce poste», nous a-t-il déclaré, ajoutant que le nouveau chef de l’Exécutif «représente beaucoup d’atouts», eu égard aux positions de Djerad dans cette période de crise difficile que traverse le pays. «Il faut rappeler qu’il a pris position pour le Hirak dès le début et qu’il était dans l’opposition depuis longtemps contre le régime de Bouteflika», a estimé Djilali, considérant ceci comme des points « positifs » à mettre à l’actif du nouveau Premier ministre. Selon encore notre interlocuteur, le plus important c’est les « actes ». Autrement dit, «il faut attendre comment va être profilé le gouvernement, ceux qui vont être ses ministres», pour se fixer, s’interrogeant si ce Premier ministre fera un changement ou le pays restera dans la continuité. Enfin, le chef de Jil Jadid a souligné que ce gouvernement sera un gouvernement d’ «une étape, puisque il est attendu des réformes politiques profondes engagées par le Président lui-même et qui devront être couronnées par une élection législative afin qu’on pourra entrer dans une étape légitime».
Abderrahmane Saïdi, cadre du MSP :
L’ancien président du Conseil national et vice-président du MSP, Abderrahmane Saïdi, a qualifié la nomination d’Abdelaziz Djerad à la tête du gouvernement de décision « objective » prise par le Président. «Vu son parcours, issu du milieu universitaire, il a eu une carrière administrative, il n’a pas de lien avec le régime de Bouteflika», a-t-il avancé comme argument. Concernant la sortie de crise, Saïdi estime que la solution ne dépend pas seulement des compétences du Premier ministre mais qu’elle est liée aussi à «l’équipe gouvernementale et sa composition». «On ne va pas le juger avant de voir la composante du gouvernement, dont je souhaite voir des compétences nationales, qui répondront aux attentes du Hirak et à la situation actuelle», a-t-il suggéré.
Zoubida Assoul, présidente de l’UCP :
«Nous allons voir ce qu’il va apporter sur le terrain comme démarches à l’égard du Hirak. Sa désignation relève des prérogatives du président de la République. Cette personne est connue pour être un technocrate. Nous allons voir ce qu’il va apporter sur le terrain comme démarches et feuille de route mais, surtout, son comportement à l’égard du Hirak et les revendications du mouvement populaire. Bien que sa désignation s’inscrive dans la nature, elle-même, du régime, qui ne veut pas de ruptures réelles», souligne quant à elle la présidente de l’Union pour le changement et le progrès, Zoubida Assoul. Toutefois, cette figure politique de l’opposition tempère sa réaction, estimant qu’«il ne faut pas apporter de préjugés, nous allons attendre et voir les déclarations du Premier ministre, ses pratiques à l’égard des questions des libertés ».
Boualem Amoura, SG du SATEF :
Pour le SG du SATEF, Boualem Amoura, la désignation de Djerad représente « la continuité du système». Pour le syndicaliste, «on dirait que l’Algérie est stérile et qu’elle n’a pas enfanté des compétences autres que celles de l’ancien système», juge-t-il avant de conclure que «l’Algérie mérite mieux».
Lakhdar Benkhallef, cadre du FJD :
Le député du FJD, Lakhdar Benkhallef, a réagi à la nomination du Premier ministre, en estimant qu’«il est attendu de lui un gouvernement qui soit à la hauteur des défis actuels», car «le pays vit une étape particulière et une crise de confiance, et la première mission du président de la République ainsi que du Premier ministre est justement de faire revenir cette confiance pour sortir de la crise », suggère-t-il. Pour ce qui est du profil du nouveau PM, Benkhallef estime que ce cadre de l’État et diplomate «est l’une des victimes de la «bande» de l’ancien régime de Bouteflika».
Déclarations recueillies par Sarah Oubraham