Exploiter son temps libre, continuer à s’exercer et entretenir un lien avec sa profession et son public font partie de l’essentiel du quotidien des musiciens professionnels en ces temps de confinement qui a vu les lumière s’éteindre sur les scènes musicales du monde entier.
Enregistrer des cover à partager sur les réseaux sociaux, composer des habillages sonores ou donner des cours sur Internet reste une alternative toute trouvée pour garder le contact avec ses amis et son public, à condition de maîtriser les outils technologiques disponibles. Bassiste professionnel, Redouane Nehar a déjà publié une centaine de cover, dont la moitié joués en groupe, afin de pouvoir « maintenir un rythme constant et s’exercer sans s’ennuyer ». Ce musicien qui fait partie des meilleurs bassistes algériens a mis en place un programme de travail sérieux dans lequel il implique d’autres amis musiciens. Dans son petit home studio, face à son ordinateur le musicien joue ses partitions, collecte les morceaux des autres musiciens, fais le montage vidéos et les arrangements son, une excellente manière de passer le temps, de « garder la forme » tout en s’amusant et en s’aérant l’esprit.
Pour sa part le guitariste professionnel Aboubakr Maatallah considère que « le passage de la scène au virtuel était naturel et souple pour ces musicien qui maîtrise les technologies et sont déjà actifs sur les réseaux sociaux depuis quelques années ». Les musiciens de cette génération « Y » est « équipée et sait au minimum faire une prise de son », a-t-il confié. Nous faisons un peu de la production sur les réseaux puisque notre travail est aussi un besoin naturel qui va bien au-delà de l’aspect professionnel et financier. Cette forme de « télétravail pour musicien » implique également des ingénieurs du son, des arrangeurs et des musiciens étrangers grâce aux outils technologiques existant, même si ces derniers pâtissent d’un débit de connexion internet trop bas pour ce genre de travaux.
Très actif sur les réseaux sociaux, le musicien de session Mehdi Djama a confié que cette transition a été « très fluide » vu qu’il dispose de tout l’équipement nécessaire à domicile et qu’il joue d’une multitude d’instruments. Sans oublier l’aspect dramatique de cette pandémie qui a chamboulé le monde entier, le musicien voit en cette période de confinement une occasion pour chaque artiste de se perfectionner et se documenter et rattraper le temps perdu.
Partager son temps et son savoir-faire
Pour beaucoup de musiciens, enregistrer des covers et travailler en groupe sur un morceau aide à casser la routine de l’exercice, le stress du confinement et à garder un minimum de contact avec les musiciens et le public. Passant ses journées à s’exercer au saxophone, à faire du sport et à se documenter, Mehdi Djama a trouvé le temps de travailler avec des chanteurs et des musiciens peu connus, dont des chanteurs châabi, qu’il souhaite faire découvrir au public très prochainement, a-t-il confié. Au moment où des millions de personnes consomment des volumes impressionnants en contenu culturel et ressources de formation, Aboubakr Maatallah, qui a été l’un des premiers musiciens algériens à diffuser des formations gratuites sur le net, propose des leçons de guitare en vidéos pour les débutants. Quelques chefs d’orchestres et formateurs continuent eux-aussi à dispenser leurs cours à distance et à partager sur le net les interprétations des élèves.