Le Courrier d’Algérie : -Les prochaines augmentations des salaires entrant dans le cadre de la suppression de l’article 87 bis du Code du travail font couler beaucoup d’encre, et constituent le sujet dominant dans les rues, malgré la gravité de la baisse des cours du pétrole. Les entreprises économiques privées restent peu communicantes à ce sujet. Selon l’UGTA, l’augmentation des salaires pour les entreprises publiques s’effectuera au plus tard dans un mois. Qu’en est-il pour les entreprises économiques privées ?
Mohand-Saïd Naït Abdelaziz : -Nous savons bien que c’est une mesure qui va toucher toutes les entreprises économiques, qu’elles soient publiques ou privées. Pour les entreprises privées, les choses sont un peu compliquées. Il faut attendre la nouvelle grille des salaires, et encore il y a un travail d’évaluation pour ce qui est des critères d’application au sein des entreprises privées. La première étape concernera en premier lieu les entreprises publiques. Le secteur économique sera donc touché, ça va de soi. Mais pour le privé, ça viendra un peu plus tard. Il faut arriver à un consensus avec l’UGTA dans ce sens concernant la référence de la nouvelle grille des salaires. Le ministère du Travail finalise le mécanisme concernant les primes, les indemnités pour arriver à un salaire de base. Le principe est acquis, mais je pense que les entreprises privées ne pourront appliquer les augmentations qu’à partir du deuxième trimestre de cette année, avec effet rétroactif, bien sûr. Il faut savoir également que l’enveloppe financière, engagée pour la mise en œuvre de ces augmentations, est estimée à 20 milliards de dollars.
-Vous vous êtes réunis, au côté de plusieurs organisations patronales, le 6 janvier dernier, avec le FCE. Est-ce que ce sujet a été abordé lors de cette rencontre ?
-Non. Cette réunion a été conviviale, une initiative louable de la part du FCE qui a réuni les partenaires sociaux autour d’une seule table. Le président du FCE a saisi cette occasion pour appeler au dialogue inter-patronal qui devient indispensable dans la conjoncture actuelle, qui nécessite l’union de toutes les parties afin de faire face aux retombées de la baisse des cours du pétrole. On a demandé à ce qu’on soit associé à la sortie de cette crise.
-Qu’attendez-vous du gouvernement ?
Nous attendons à ce qu’il y ait des réunions périodiques, car il faut gérer la situation et d’arriver, ensemble, à faire appliquer les engagements du gouvernement, déterminer les priorités à exécuter et chercher un consensus, aussi bien politique qu’économique, pour essayer de faire en sorte que les répercussions de cette baisse des prix du pétrole ne soient pas dramatiques, aussi bien sur le plan économique que sur le plan social. Il est temps de se remettre au travail et d’identifier les actions qu’il faut engager pour relancer l’appareil productif et réduire les importations. Le seul moyen qui nous semble efficace étant de se mobiliser et d’engager un véritable plan “Marshall” pour relever le défi. On a appelé également à cette occasion de créer un comité de veille au niveau de chaque organisation patronale pour préparer un référendum qui va nous servir de feuille de route pour engager le dialogue permanent avec le gouvernement.
Entretien réalisé par I. B.