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MOHAMED BEKKAT BERKANI AU COURRIER D’ALGÉRIE : « On craint un effet rebond de la pandémie »

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Malgré la mise en œuvre du confinement partiel et l’annonce de sa prolongation jusqu’au 13 juin, un relâchement est constaté, depuis notamment la dernière semaine du mois de Ramadhan. Autrement, une baisse de garde dans l’application des gestes barrières. Ces comportements, jugés irresponsables dans ce contexte de crise sanitaire de coronavirus, alimentent les craintes d’un rebond de l’épidémie.

«Il appartient au citoyen de prendre conscience du danger que représente cette épidémie et de respecter, notamment les mesures barrières qui sont dans son intérêt et celui des autres », avait insisté, début du mois de mai dernier, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, interrogé sur les délais de déconfinement. Une observation inspirée de l’avis du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus et la majorité des professionnels de la Santé : sans un strict respect des gestes barrières et de la distanciation sociale, un rebond rapide de la pandémie est à craindre. Contacté hier par le Courrier d’Algérie, Mohamed Bekkat Berkani, président du conseil national de l’Ordre des médecins, s’est inquiété de la baisse de vigilance d’une partie de la population, de moins en moins encline à respecter l’ensemble des mesures d’hygiène. « Nous avons commencé à enregistrer de moins en moins de cas de Covid-19 diagnostiqués. Mais, si nous ne prenons pas nos dispositions, il y a le risque d’une augmentation de nouveaux cas, c’est-à-dire un effet rebond de la pandémie », s’alarme-t-il. Selon le comité scientifique, 9 267 cas de contaminations et 646 décès ont été officiellement recensés jusqu’à samedi passé. « Le gouvernement a décidé de prendre des décisions et dicter des mesures obligatoires, à condition qu’elles soient appliquées bien-sûr. Sinon on risque un regain d’afflux de patients du Covid-19 et une augmentation des contaminations », a-t-il expliqué. Depuis le début du mois sacré, tout le monde constate de visu une baisse de vigilance chez les Algériens : il y a de plus en plus de monde dans les rues ou sur les routes.
Pendant la journée d’hier, par exemple, marquant le début de la semaine, les routes de la capitale ont été pleines de voitures avec parfois même une dense circulation et aussi une présence démesurée de personnes dans les magasins et boutiques ouverts, donnant ainsi l’impression que le confinement est déjà terminé. Même si, certes, le confinement n’est que partiel (de 17h à 7h dans certaines wilayas et de 19h à 7h dans d’autres, alors que 4 wilayas sont sorties totalement du confinement), et que les Algériens ne sont tenus de rester chez eux que pendant les heures de nuit. « Sur le terrain, c’est autre chose et cela regarde les autorités chargées du contrôle et d’appliquer la loi (Police, gendarmerie, …).

Le citoyen et le masque font bon ménage
Il n’appartient pas au médecin ou au ministère de la Santé de faire appliquer la loi. Celle-ci est la mission des services concernés et aussi du ministère du Commerce », a souligné Bekkat Berkani. Concernant le respect de ce qu’il qualifie de « confinement domestique », Bekkat Berkani estime que ce sont les gestes barrières qui doivent être rigoureusement observés comme la distanciation sociale, restez toujours à plus d’un mètre les uns des autres, portez un masque quand la distance d’un mètre ne peut pas être respectée, restez toujours à plus d’un mètre les uns des autres notamment dans les files d’attente devant les magasins, l’exigence du port de masque pour rentrer dans les magasins et se lavez les mains très régulièrement et fréquemment (avec de l’eau et du savon, ou du gel hydro-alcoolique). En revanche, le port du masque et de la bavette de protection se généralise de plus en plus, rendu obligatoire depuis la semaine dernière et les contrevenants sont condamnés à de fortes amendes. « Je vois de plus en plus de gens portant des masques dans la rue, mais seulement, pour éviter la transmission du virus, il faut que se soit l’écrasante majorité de la population qui porte des masques », a-t-il noté. Cependant, « le port de masque en lui-même est essentiel, mais pas suffisant.
Le respect de la distanciation sociale et l’ensemble des gestes barrières sont très importants pour stopper la propagation du coronavirus. Bien entendu, en cas d’infection, il faut isoler le malade ou l’emmener à hôpital », a estimé Bekkat Berkani. Avant lui, Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), lui aussi, s’est inquiété de l’idée d’aller vers le déconfinement, en l’absence de toute anticipation et respect des gestes barrières. « On n’est pas encore dans une situation de stabilisation de l’épidémie. Tout peut arriver. Parler ainsi de déconfinement n’est guère le moment », a-t-il estimé. « Pour déconfiner, il faut qu’il y ait des indicateurs favorables, qui différent d’une wilaya à une autre et d’une commune à l’autre. Il faut aussi qu’il y ait des conditions ; comme l’obligation de porter des gants pour sortir de chez soi, respecter la distanciation sociale, se laver souvent les mains, l’intensification des tests et du protocole de dépistage pour permettre l’identification davantage des cas et zones contaminés », a-t-il expliqué.
Hamid Mecheri

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